Le placement en redressement judiciaire de la société France Antilles Martinique (FAM) le 30 septembre, suscite au moins deux questions qui ne manqueront pas d’interpeller les juges du tribunal de commerce de Fort de France.
FAM, qui édite le quotidien éponyme, et France Guyane à Cayenne, a cédé en février sa filiale d’affichage Samsag au groupe antillais de distribution alimentaire et de pièces détachées Ho Hio Hen. Fin janvier, la société avait déjà vendu sa station de radio Trace FM. Selon plusieurs sources, le montant de la seule transaction sur Samsag se serait élevé à cinq ou six millions d’euros pour cette société qui, comme tous les actifs du groupe Hersant médias, ne publie aucun compte. Or, ce montant, qui aurait pu servir à renflouer la trésorerie de France Antilles Martinique, n’apparaît nulle part. GHM avait indiqué à l’époque que la somme récupérée servirait à renflouer les caisses de Nice matin, en plus grande difficulté encore (six millions d’euros de pertes en 2012). Côté PACA, les syndicats affirment n’avoir jamais vu la couleur de cet argent. La seconde interrogation concerne les comptes 2012 de FAM. À l’époque, l’expert-comptable du comité d’entreprise aurait demandé la restitution par GHM de trois millions d’euros de Management fees dans les caisses de sa filiale martiniquaise. Faute de réponse concrète, les états comptables n’avaient pas été validés de son côté. Environ neuf millions d’euros feraient donc défaut à l’éditeur des deux quotidiens. Ce dernier aurait plusieurs mois d’arriérés de charges sociales, ce qui aurait précipité le placement en redressement.
Avec une diffusion en baisse de 5% en 2013 (35 000 exemplaires pour le quotidien de Fort de France et huit mille exemplaires pour celui de Cayenne), et un recul de 7% de ses recettes publicitaires, France Antilles Martinique aurait perdu entre deux et quatre millions d’euros. Le manque d’investissement de GHM, notamment industriel, est venu encore amplifier un marché de la presse baissier dans les DOM TOM comme en métropole. Le groupe devrait rapidement proposer un plan de continuation, lourd socialement. Près de 25% des postes (200 salariés) pourraient être supprimés. GHM, qui vendra son dernier actif métropolitain, Nice matin, le 13 octobre, n’aurait pas pour l’instant l’intention de se séparer de France Antilles Martinique. Il avait ainsi refusé en 2013 une offre de 10 millions d’euros. Allégée, FAM sera viable économiquement. Surtout, la société fait partie d’un ensemble avec France Antilles Guadeloupe, qui représente au total 57 millions de CA (en 2012). La société éditrice du quotidien de Pointe-à-Pitre est, elle, en bonne santé financière. En 2015, le titre fêtera ses 50 ans et reverra l’offre éditoriale de son supplément TV mag qui lui aura un demi-siècle.