L’histoire repasse les plats pour les trois quotidiens Paris Normandie, Le Havre libre-Le Havre presse et Le Progrès de Fécamp.
Leurs société éditrice, la Société normande d’information et de communication devrait être placée en redressement judiciaire le 1er avril par le tribunal de commerce de Rouen. Il y a exactement quatre ans, Paris Normandie, détenu à l’époque par le Groupe Hersant Média, avait déjà déposé son bilan. Le groupe avait été repris par un tandem composé de Xavier Ellie et Denis Huertas. Seul à bord après le désengagement de son associé en 2014, le PDG Xavier Ellie est contraint de repasser au tribunal.
Même s’il a largement réduit son déficit, Paris Normandie connaît à nouveau une situation financière critique. Le titre peine en premier lieu à financer un plan de sauvegarde de l’emploi de quarante salariés au total, entre la rédaction, la régie et les services administratifs. Mis en œuvre en 2015, ce dernier n’est toujours pas réellement mis en œuvre faute de moyens. Or, le retour à une exploitation rentable passe par cette diminution des effectifs d’environ 25%. L’investissement consenti pour moderniser sa rotative l’année dernière pèse également lourd dans les comptes. Surtout que les pouvoirs publics, qui devaient en subventionner une partie dans le cadre des aides à la presse, abonderont finalement moins que prévu. Dans un contexte de baisse de sa diffusion (-6%) et de ses recettes publicitaires, classique dans la presse régionale, Paris Normandie — l’un des dernier groupe encore indépendant — est pris dans un effet de ciseau. Son besoin en fond de roulement s’élèverait à trois millions d’euros. Un montant difficile à trouver en pleine crise de la presse. D’où le recours à la protection du tribunal de commerce.
L’indépendance de la société normande, de plus en plus intenable économiquement, pourrait justement être mise à profit par plusieurs mastodontes voisins. Le groupe breton Ouest France, qui a lancé une édition à Rouen, en plein fief de Paris Normandie, serait en embuscade. L’éditeur belge de La Voix du Nord, Rossel, regardait aussi vers la Manche. Sa zone de diffusion, grâce à sa filiale Le Courrier picard, jouxte celle de Paris Normandie.
D’ici l’été, les cartes pourraient donc bien être rebattues, probablement sous forme de cession de Paris Normandie plus que de continuation avec les mêmes actionnaires à la barre.