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Chloé Woitier : élections et désert médiatique aux États-Unis

8 novembre 2018

Temps de lecture : 3 minutes
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Chloé Woitier : élections et désert médiatique aux États-Unis

Temps de lecture : 3 minutes

Il existe d’excellents journalistes observateurs de l’actualité des médias. Si toute la presse parle des élections de mi-mandat de novembre 2018 (dont nous ne connaissons pas les résultats à l’heure où cet article est écrit), peu s’intéressent à l’écosystème des médias aux États-Unis. Un remarquable article de Chloé Woitier du Figaro du 5 novembre s’y consacre, nous en extrayons quelques passages particulièrement intéressants.

Qualité éditoriale en berne

La jour­nal­iste prend l’exemple d’un cer­tain nom­bre de titres du groupe de presse Gan­nett. Gan­nett pro­prié­taire du pre­mier quo­ti­di­en nation­al USA Today, pos­sède une cen­taine de jour­naux régionaux aux États-Unis. Le groupe est égale­ment présent en Angleterre et en Écosse. Les lecteurs de la presse régionale améri­caine con­trôlée par Gan­nett qui ouvriront leur jour­nal le mer­cre­di 7 novem­bre 2018 au matin ne trou­veront que très par­tielle­ment les résul­tats des élec­tions de la veille. Ain­si les lecteurs des Reno Gazette-Jour­nal, Ari­zona Repub­lic, Indi­anapo­lis Star et bien d’autres seront privés d’information. Pourquoi ? Le groupe Gan­nett a annon­cé à l’ensemble de ses rédac­tions que « Le dernier arti­cle pour­ra être envoyé au max­i­mum 45 min­utes après la clô­ture du scrutin », bien trop tôt pour des com­men­taires réfléchis et dans cer­tains cas trop tôt pour annon­cer les noms des élus locaux.

La rai­son de cette célérité ? Offi­cielle­ment pouss­er les lecteur âgés à con­sul­ter le résul­tats sur le site inter­net de leur jour­nal, gra­tu­it pour l’occasion. En réal­ité boucler le jour­nal après minu­it et aug­menter la pag­i­na­tion représen­tent un sur­coût que Gan­nett ne veut pas sup­port­er. D’autant que la société est égale­ment pro­prié­taire d’une bonne ving­taine de chaines locales de télévi­sion qui peu­vent voir aug­menter leur audience.

Déserts médiatiques et journaux fantômes

Une étude récente (octo­bre 2018) de l’université de Car­o­line du Nord nous apprend que « Sur les 3143 comtés des États-Unis, près de 200 n’ont pas de jour­nal local, quelle que soit sa péri­od­ic­ité. 1500 comtés n’ont qu’un seul titre, bien sou­vent un heb­do­madaire. Et plus de 2000 n’ont aucun quo­ti­di­en local…Ces déserts médi­a­tiques touchent les citoyens les plus vul­nérables. Ils sont sou­vent plus pau­vres, plus âgés et moins éduqués que l’Améri­cain moyen.» Sont ain­si con­cernées les loin­taines ban­lieues (1.300 fer­me­tures de jour­naux depuis 2004) mais aus­si les zones rurales (500 fer­me­tures) » (cité par l’auteur de l’article ).

Presque pire, l’étude « dévoile aus­si le phénomène des «jour­naux fan­tômes», ces pub­li­ca­tions locales qui, au fil des années, sont dev­enues des car­cass­es vidées de leur sub­stance jour­nal­is­tique. Ces médias, qui ont dû licenci­er en masse ces quinze dernières années, ont été trans­for­més en d’i­nof­fen­sives pub­li­ca­tions lifestyle ou en de sim­ples sup­ports pub­lic­i­taires. » Une grande par­tie des améri­cains vont ain­si vot­er sans dis­pos­er dans leur jour­nal local d’informations sur les véri­ta­bles enjeux de la con­sul­ta­tion élec­torale. Sans que l’on sache vrai­ment à quel camp cette lacune peut profiter.

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