Journaliste à Mediapart et chroniqueur à Marianne, Laurent Mauduit n’y est pas allé avec le dos de la cuillère au Forum de Marianne « Ethique et argent » qui s’est tenu à Nice jeudi 14 février 2013.
Selon lui les médias, rachetés par des grands groupes financiers, sont devenus entièrement soumis à eux. Ils n’invitent ainsi que des économistes, « acteurs et commentateurs de la crise » qui délivrent un message unique consistant à répéter sur tous les tons que notre système économique est encore le meilleur qui se puisse imaginer et que de toute façon, il n’y a pas d’alternative (le fameux TINA de Margaret Thatcher, credo des libéraux : « There is no alternative »).
Selon lui toujours, les journalistes ne se risquent plus à attaquer les puissants, comme Bernard Arnault car « investiguer sur ce type de personnes est la certitude pour le média de connaître de graves problèmes comme la suspension des publicités ».
Le journaliste accuse en outre ses confrères d’être « corrompus ». Activement : « dîner privilégié avec les grands acteurs économiques et politique, versements d’argent, coffrets cadeaux, voyages… » Ou passivement : « le simple désir d’appartenir à ce monde qu’ils côtoient finit par les corrompre. » Le résultat est qu’ils finissent par écrire des articles qui ressemblent plus à des « publireportages » qu’à des enquêtes d’investigation.
Pour Laurent Mauduit, 12 fois mis en examen en 2012, ce qui, pour un journaliste, devrait être un titre de gloire, la presse a été abimée par cette soumission aux puissances de l’argent.
Si la charge est salutaire, on peut se demander pourquoi Mediapart et Laurent Mauduit n’ont jamais rendu compte du livre d’investigation de Benjamin Dormann qui décrypte précisément ces rapports malsains entre les médias et l’argent (Ils ont acheté la presse, éditions Jean Picollec, 2012). Serait-ce parce que l’auteur montre que Mediapart n’est pas exempt de tout reproche en la matière ?