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Mondadori racheté par Reworld, de la casse sociale et éditoriale

8 septembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
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Mondadori racheté par Reworld, de la casse sociale et éditoriale

Temps de lecture : 3 minutes

En dehors des spécialistes peu connaissent les contenus de Mondadori et de Reworld en France. Le second vient de racheter les magazines du premier. Avec un modèle qui permet pratiquement de se passer de journalistes.

Berlusconi lâche Mondadori France

Mon­dadori, pro­priété de la hold­ing de Sil­vio Berlus­coni, est le pre­mier édi­teur en Ital­ie avec 40 mar­ques de mag­a­zines et de sites, 600 librairies, pas loin de 3000 col­lab­o­ra­teurs et un peu moins de 900M€ de chiffre d’affaires en 2018. Un grand nom en Ital­ie, incon­tourn­able sur le plan éditorial.

Le nom de Mon­dadori est moins célèbre en France mais celui des quelques trente titres con­trôlés est con­nu de tous : Clos­er, Télé poche, Télé star, L’Auto jour­nal, Auto plus, Biba, Grazia, Nous deux, Le Chas­seur français, Dia­pa­son, Pho­to, Sci­ences et vie etc. C’est l’ensemble de ce pôle qui est en phase finale de vente à Reworld.

Reworld Media, des journaux sans journalistes

Au print­emps 2018 nous évo­quions la vente pos­si­ble des titres Mon­dadori à Reworld. Mais qui est ce groupe ?

Groupe français lancé début 2013 et dirigé par Pas­cal Cheva­lier, Reworld Media s’est spé­cial­isé dans le rachat de mag­a­zines en dif­fi­culté qu’il dig­i­talise en dévelop­pant autour d’eux du e‑commerce. Ain­si, il a racheté au fil des années Marie-France (2013) pour un euro sym­bol­ique, des titres d’Axel Springer à l’été 2013 (Télé Mag­a­zine, Gour­mand, Vie pra­tique), de Lagardère en avril 2014 (Be, Auto Moto, Mai­son & Travaux, Pariscope, Le Jour­nal de la Mai­son, Cam­pagne Déco­ra­tion, Mon Jardin Ma Mai­son, Union  en con­sor­tium avec le groupe belge Rossel ain­si que le site de For­mule 1 F1i.fr adossé main­tenant à Auto Moto. Détail piquant, c’est Lagardère qui a ver­sé en 2014 plusieurs mil­lions aux acquéreurs pour ses titres presque tous déficitaires

En 2017 le groupe réal­i­sait 8 mil­lions d’€ d’excédent brut d’exploitation (+7% en un an) pour 186 mil­lions d’€ de chiffres d’affaires dont les trois quarts faits dans le dig­i­tal – il est cepen­dant au-dessous de ses prévi­sions faites en 2014, il visait alors 300 mil­lions d’euros de CA en 2017. L’acquisition de Mon­dadori France lui per­me­t­trait de plus que dou­bler de vol­ume en fonc­tion des titres rachetés ou abandonnés.

Le mod­èle est sim­ple : pas ou peu de jour­nal­istes, le con­tenu est sous-traité à des agences externes. Cer­tains con­tenus dig­i­taux sont rédigés par des « chargés de con­tenus » et le pub­li-reportage (payé par un client) est une norme accep­tée voire recommandée.

Les syndicats vent debout et de nombreux départs

Les syn­di­cats des titres de Mon­dadori France se sont déjà élevés con­tre ce pro­jet qu’ils jugent « inad­mis­si­ble ». Pour les organ­i­sa­tions syn­di­cales, « ces dernières années, la reprise de titres de presse mag­a­zine par Reworld Media s’est traduite tant par une bru­tale dégra­da­tion de leur qual­ité édi­to­ri­ale que par d’énormes dégâts soci­aux […] la qua­si-total­ité des salariés, toutes caté­gories con­fon­dues, des titres cédés par Lagardère en 2014 y ont per­du leur emploi ».

Ce mau­vais exem­ple sera sans doute suivi pour Mon­dadori. Le Figaro du 4 sep­tem­bre 2019 annonce le départ de la patronne d’un des pôles, et celui de la qua­si-total­ité des directeurs de rédac­tion et de cer­tains rédac­teurs en chef. Tous pren­nent la clause de con­science et une cen­taine de per­son­nes sur 400 pour­raient suiv­re. En atten­dant les licen­ciements ou la trans­for­ma­tion de jour­nal­istes en « chargés de con­tenu ». Sic tran­sit glo­ria mun­di.

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