Le diffuseur public de télévision et de radio turc, TRT, l’équivalent de France Télévisions, Türkiye Radio ve Televizyon Kurumu, s’est installé en Allemagne en mi-janvier 2020.
C’est une plateforme d’information en langue allemande dont le but est de fournir des analyses de l’actualité « sous différents angles, en mettant sur la table des sujets alternatifs peu remarqués dans les médias allemands traditionnels », indiquait un communiqué de presse du diffuseur daté du 13 janvier 2020. Un média communautariste, en somme. Précisions du communiqué : le but est de s’imposer comme « une source fiable d’informations » et de présenter des « faits documentés, des entretiens intéressants, des reportages passionnants et des vidéos venues du monde entier ». L’ouverture apparente est souvent la face visible de l’iceberg communautaire.
Dans un premier temps, TRT-Deutsch n’émet pas en continu mais au cours d’une période de test. Parallèlement, les émissions et informations déjà disponibles sont diffusées sur les réseaux sociaux, Facebook, Youtube, Instagram ou Twitter. Basée à Berlin, la rédaction est dirigée par Kaan Elbir.
Un positionnement très clair
La plateforme d’informations annonce clairement la couleur : elle veut agir « contre le radicalisme de droite et l’islamophobie, en même temps que contre toutes les formes de discrimination ». Elle promeut « une société pluraliste, libérale et démocratique ». Sa vocation est d’étendre sa diffusion à l’ensemble de l’Allemagne, et même dans toute l’Europe, selon Serdar Karagöz, son directeur des programmes, pour qui doivent être dénoncés par ce biais les faits anti-musulmans.
Pour l’heure, le média balbutiant propose peu de rubriques : Allemagne, Europe, Monde et Turquie. Elles relaient des informations mais aussi des opinions. Un exemple avec la publication du texte du politologue autrichien Farid Hafez qui critique les partis politiques de l’UE discutant de l’interdiction du foulard islamique, ce qui reviendrait à vouloir réglementer la vie intime des personnes selon des critères qui seraient ceux d’une « position de domination blanche » considérant la femme musulmane comme « inférieure ». Hafez prétend mener des recherches sur les courants démocrates des Frères musulmans et a voulu créer une « identité austro-islamique », en tant que membre des jeunes musulmans d’Autriche, organisme de recherche d’anthropologie sociale et d’études culturelles dans les écoles de Vienne.
Taqyyia or not taqyyia ? Un début de réponse rapide en Allemagne, en Autriche et qui sait en France.
NB : La taqyya parfois écrite taqîya ou takia est une pratique au sein de l’Islam, consistant à dissimuler sa foi pour échapper aux persécutions. Depuis les années 1990, la taqyyia prend un second sens et devient un moyen stratégique de dissimulation de sa foi dans un contexte de conquête.