Grâce à Consortium News chacun peut suivre (en anglais) les audiences du procès Assange. Nous avons publié un résumé des six premières audiences que vous trouverez ici et un autre pour les six audiences suivantes. Avec un décalage, la suite ci-dessous avec les résumés des audiences 13 à 17.
Jour 13. Un témoin de l’accusation et deux pour la défense
Le psychiatre anglais Nigel Blackwood témoigne pour l’accusation. Il estime que l’état d’Assange ne permet pas de conclure à un risque de suicide. L’avocat de la défense souligne que le rapport de Blackwood est incomplet et que les risques de suicide seraient augmentés en cas d’incarcération en isolement aux États-Unis, 50% des cas de suicide se situant dans des conditions d’isolement. Blackwood maintient son jugement se basant sur les dires de l’assistant du procureur américain Kromberg qui assure qu’il n’y a pas de cellules d’isolement à la prison de Virginie où Assange serait incarcéré.
Le Dr Sondra Crosby spécialiste américaine de médecine interne témoigne pour la défense. Elle a rendu visite cinq fois à Assange entre 2017 et 2020, constatant une détérioration de son état. Enfin John Young, opérateur de Cryptome.org, déclare qu’il avait publié les câbles diplomatiques non expurgés un jour avant la publication par WikiLeaks. Il constate que ces fichiers sont toujours accessibles sur son site et qu’aucune autorité ne lui a demandé de les retirer.
Jour 14. Quatre semaines à la défense pour préparer son plaidoyer
La défense a demandé un mois pour préparer sa plaidoirie finale et de toutes façons après l’élection présidentielle américaine du 4 novembre. La juge Baraitser fixe la date du 16 novembre pour les plaidoiries finales. Elle a déclaré que le jugement ne serait pas rendu avant le début de 2021.
Faute de temps la juge refuse d’entendre deux témoins contredisant les propos de l’adjoint du procureur Kromberg sur les conditions de détention dans la prison spéciale ADX Florence du Colorado.
L’informaticien Patrick Eller s’oppose au procureur Lewis sur une question technique complexe : Chelsea Manning avait il besoin d’un mot de passe pour accéder à des documents classifiés.
Jour 15. Discussions sur les prisons de haute sécurité américaines
L’audience tourne du centre de détention d’Alexandria, bloc X (ADX) où les prisonniers sont détenus en isolement 22 heures par jour et sans possibilité de parler à d’autres détenus. L’avocat Yancey Ellis témoigne des conditions qu’il a vues avec ses clients. Il constate l’absence de médecin, la grande difficulté pour simplement parler à ses clients à travers la fente ouverte pour le plateau de nourriture. Ces conditions seraient aggravées par les Mesures Administratives Spéciales (MAS). Un autre témoin Joel Sickler confirme ces dires de manière confuse et est malmené par l’accusation. Un des procureurs décrit les conditions de la prison ADX comme tellement excellentes que les prisonniers ne veulent pas la quitter (sic).
Jour 16. La CIA a‑t-elle voulu enlever puis éliminer Assange ?
Un témoin de la défense explique que le centre spécial ADX est soumis à des conditions drastiques : une seule sortie par jour dans une pièce adjacente, présence d’agents du FBI lors d’un appel téléphonique mensuel, courrier mettant des mois pour arriver et censuré etc.
La juge accepte ensuite le témoignage anonyme de deux membres de la société de sécurité espagnole UC Global. Cette société était employée officiellement par l’ambassade d’Équateur et travaillait en sous-main – selon les témoins – pour la CIA. Ils envoyaient des images d’Assange 24h/24 à la CIA et enregistraient ses conversations avec ses avocats. Le procureur a déclaré qu’il ne ferait aucun commentaire sur ces témoignages en raison de la séparation absolue entre le ministère de la Justice américain et la CIA. La défense a interprété cette déclaration comme une manière de se défausser.
Jour 17. Poursuite des débats, la CIA aurait voulu assassiner Assange
L’avocat de la défense Mark Summers lit les témoignages des deux témoins anonymes. Le premier témoin, employé de la société de protection espagnole UC Global détaille les relations de son patron David Morales avec les services de renseignements américain. Pour un contrat de 200K€ par mois, Morales envoyait les enregistrements vidéos de l’ambassade d’Équateur à la CIA (NDR la société UC Global était officiellement chargée de protéger l’ambassade équatorienne à Londres par les autorités de l’Équateur). Ces vidéos comprenaient les échanges d’Assange avec ses avocats. Le deuxième témoin anonyme précise que plus tard un système de streaming permettait d’envoyer directement les enregistrements en temps réel à la CIA. Il ajoute que des plans comprenant l’enlèvement et/ou l’empoisonnement d’Assange ont été évoqués. Les deux employés ont quitté la société et David Morales est l’objet de poursuites en Espagne.