Vendredi 26 février 2020, Franceinfo proposait son rendez-vous matinal quotidien consacré à la situation économique en général : « le décryptage éco ». Ce jour-là, l’ambiance était guillerette dans le studio puisqu’il s’agissait de démontrer que la baisse de la natalité française annoncerait des lendemains migratoires qui chantent.
Moins de natalité
L’émission du 26 février, présentée par Emmanuel Cugny, portait sur le thème suivant : « La natalité française a chuté en janvier ». L’idée ?
« Certains imaginaient que le confinement pourrait avoir un impact positif sur les naissances avec des couples augmentant la fréquence de leurs rapports. Non, le baby-boom post-confinement que certains attendaient n’a pas eu lieu. L’Insee note que les 53 900 bébés nés en janvier ont bien été conçus pendant le premier confinement instauré à la mi-mars 2020, mais le principe de réalité a pris le dessus : le contexte de crise sanitaire et de forte incertitude a visiblement découragé les couples de procréer… à moins que les projets de parentalité ne soient reportés. »
Pas de quoi s’inquiéter quant à la façon, pour Franceinfo, de constater l’inexistence de la France, a priori. Et pourtant. Le fait est que « La natalité en France est en baisse constante depuis six ans, mais la chute observée le mois dernier est sans commune mesure avec les replis qui ont été observés dans le passé. Il faut remonter à la fin du baby-boom en 1975 pour observer un phénomène d’une telle ampleur. Et si on regarde l’ensemble de 2020 : avec 740 000 bébés qui ont vu le jour, le nombre de naissances en France a atteint son plus bas depuis la fin de la guerre en 1945. »
De quoi effrayer une majorité d’auditeurs, d’autant que la radio financée par les fonds publics revendique régulièrement son statut de première radio d’information en continue, en audience, sans jamais préciser que, puisqu’elle dispose des moyens de l’Etat, ses émissions sont les seules à être diffusées aisément sur tous les points du territoire français. Donc, aussi des auditeurs peut-être effrayés à l’idée que la natalité soit à ce point en chute libre, que les analystes se soient encore trompés (ils prévoyaient un baby-boom lié au confinement), et, surtout, que jamais depuis 1945 ce taux de natalité n’a été aussi bas, depuis la guerre. Il est vrai que depuis le printemps 2020, « nous sommes en guerre », le chef de l’État l’ayant répété à six reprises lors de l’allocution annonçant le premier confinement.
En filigrane, nous n’aurons pas le choix : l’immigration est nécessaire
Pourtant, ce n’est pas cela qui devrait inquiéter les auditeurs, surtout s’ils sont férus d’histoire contemporaine et qu’ils font le lien avec la suite de l’émission, une suite que nous allons évoquer. Mais d’abord : quelle est la véritable inquiétude sous-jacente à une telle information ? La répétition probable d’un phénomène : si la France connaît une telle chute de son taux de natalité, chute digne des lendemains de la pire des guerres que l’humanité a connue, alors ce que tous les enfants de France apprennent à l’école devra bien avoir lieu une fois de plus. Il faudra sauver, relever le pays. Trouver des forces vives, des forces auxquelles la France ne donne pas naissance. Où ses forces vives se trouvent-elles ? En Afrique, sans doute. Et en sus, ce sera de nouveau « une bonne action » du « camp du Bien ». Franceinfo ne fait rien de moins que préparer les consciences aux futures vagues migratoires massives que connaitront la France et le continent européen dans les années qui viennent.
« Pas le choix »
D’autant que, d’après Franceinfo, nous n’aurons pas le choix, même si l’émission n’évoque évidemment pas directement le sujet de l’immigration, sinon au détour d’une phrase rapide. Nous n’aurons pas le choix car sinon : les retraites ne seront plus financées, le PIB sera plus faible, entraînant une chute de la consommation, de la production et donc de la croissance économique. Un cercle vicieux conduisant à une baisse du niveau de vie. C’est l’analyse proposée par Emmanuel Cugny, lequel n’évoque à aucun moment la faisabilité d’une politique familiale volontariste remédiant à cette problématique.
Au bout du compte ? Aucun gouvernement ne peut faire face, ni à l’échelle de la France ni à l’échelle de l’Union Européenne. C’est ce que la voix de son Maître, Franceinfo, instille tranquillement dans notre temps de cerveau disponible.