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Mimi Marchand, reine de la presse people et proche du couple Macron, mise en examen

14 juin 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Mimi Marchand, reine de la presse people et proche du couple Macron, mise en examen

Temps de lecture : 6 minutes

Michèle Marchand, dit « Mimi Marchand », a été mise en examen le 5 juin 2021 dans l’affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Elle est accusée avec quatre autres personnes de « subornation de témoin » et d’« association de malfaiteurs ».

Un étrange voyage au Liban pour une étrange rétractation

La mise en exa­m­en con­cerne l’étrange rétrac­ta­tion lors d’une inter­view en novem­bre 2020 de Ziad Takied­dine, l’un des prin­ci­paux accusa­teurs de l’ancien prési­dent de la République dans cette pos­si­ble affaire de finance­ment occulte libyen. Cet entre­tien don­né au Liban à François de Labarre, jour­nal­iste de Paris Match, et Sébastien Valiela, un pho­tographe de Bes­tim­age[1] (l’agence pho­tographique de « Mimi Marc­hand » ) retrans­mis sur BFM n’était pas passé inaperçu à l’époque puisque cet inter­mé­di­aire libanais, réfugié dans son pays natal après avoir fui la France, avait mul­ti­plié les déc­la­ra­tions à l’encontre de Nico­las Sarkozy depuis 2012 dans ce dossier haute­ment explosif.

Un arrangement Bestimage/Accor ?

Cette mise en exa­m­en n’est pas un hasard, car selon des infor­ma­tions du site Medi­a­part, « les juges dis­posent (…) d’écoutes télé­phoniques lais­sant appa­raître que Mimi Marc­hand aurait ren­con­tré Nico­las Sarkozy sur ce dossier et que lancien prési­dent aurait fait espér­er un con­trat » à l’agence pho­tographique Bes­tim­age, « par le biais du groupe hôtelier Accor, dont Nico­las Sarkozy est lun des admin­is­tra­teurs.[2]»

La jus­tice soupçonne donc Michèle Marc­hand d’être à la tête de cette opéra­tion[3] avec l’aide de qua­tre com­plices pré­sumés[4] afin de faire pres­sion sur Ziad Takied­dine pour qu’il fasse volte-face dans cette affaire et qu’il dédouane Nico­las Sarkozy. Inter­rogé deux mois après cet inter­view par les juges d’in­struc­tion chargés de ce dossier de finance­ment occulte, l’intermédiaire a pré­ten­du que ses pro­pos avaient été « défor­més » par Paris Match qui « appar­tient à un ami de Sarkozy. » Mimi Marc­hand est elle aus­si une intime de l’ancien Prési­dent de la République, puisqu’elle a pos­sédé la carte de grand dona­teur de son par­ti poli­tique, l’UMP et qu’elle a été assise au pre­mier rang de cer­tains de ses meet­ings jusqu’à la pri­maire de 2016.

Paris Match et le JDD sur la sellette

Out­re cette mise en exa­m­en, cette intime du cou­ple Macron a l’interdiction de ren­con­tr­er Nico­las Sarkozy, son avo­cat, Me Thier­ry Her­zog, ain­si que le directeur de Paris Match et du Jour­nal du dimanche, Hervé Gat­teg­no. Cette dernière mesure ne devrait pas nuire à la rela­tion entre Bes­tim­age et Paris Match, tant les liens sont anciens et nom­breux. Car Michèle Marc­hand est depuis de nom­breuses années, l’entremetteuse[5] entre la presse peo­ple et la classe poli­tique française dont elle con­naît les secrets les plus intimes grâce à son réseau de paparazzi. Et comme agent d’influence ou de désta­bil­i­sa­tion (Bes­tim­age four­nit env­i­ron 50 % des pho­tos de la presse peo­ple) Mimi Marc­hand se sert de Paris Match pour faire pass­er ses mes­sages les plus con­sen­suels auprès de l’opinion publique[6]. En retour, Arnaud Lagardère le pro­prié­taire d’Europe 1, Paris Match et du Jour­nal du Dimanche, peut compter sur Michèle Marc­hand pour le cas échéant encenser des amis ou dézinguer d’éventuels gêneurs poli­tiques ou médi­a­tiques pour son « frère [7]» Nico­las Sarkozy par exem­ple ou pour d’autres…

Des couples très en vue

François Hol­lande, alors prési­dent de la République, en sait quelque chose puisque c’est un pho­tographe de l’agence de Michèle Marc­hand, Sébastien Valiela, qui a immor­tal­isé son ren­dez-vous secret avec sa maîtresse et actrice, Julie Gayet, en 2014. D’après Valeurs actuelles, « c’est le même Valiela qui pub­lie dans Paris Match les pre­mières images du cou­ple Macron mis en scène sur une plage de Biar­ritz, en août 2016 » avant que « le paparazzi se mue en pho­tographe de cam­pagne, au ser­vice du can­di­dat » Emmanuel Macron. Et c’est tou­jours Sébastien Valiela qui inter­view Ziad Takied­dine à Bey­routh en novem­bre dernier. Les nom­breuses cou­ver­tures dithyra­m­biques[8] du cou­ple Macron dans Paris Match sont le fait des pho­tographes de l’agence Bes­tim­age. Le can­di­dat François Fil­lon, a con­nu quant à lui durant la cam­pagne prési­den­tielle de 2017 la face som­bre de Michèle Marc­hand et de ses réseaux, celle des sous-enten­dus sur sa vie privée dans Clos­er.

Avec un tel car­net d’adresse et une telle puis­sance de feu médi­a­tique, Michèle Marc­hand, mal­gré ses énièmes ennuis judi­ci­aires, demeure une per­son­nal­ité cen­trale dans le gotha politi­co-médi­a­tique français, surtout à l’approche des prochaines élec­tions prési­den­tielles. Pour con­naître le prochain prési­dent de la République, cer­tains dis­ent en souri­ant qu’il suf­fi­ra de regarder à qui Mimi Marc­hand et Paris Match apporteront leur sou­tien actif.

Notes

  1. Chouet’Press est la société mère de Bes­tim­age, fondée en 2010 par Michèle Marc­hand à par­tir de l’a­gence du paparazzi Daniel Angeli. Son gérant est son mari depuis 2015, Jean-François Ablon­di, ancien fonc­tion­naire du min­istère de l’Intérieur, com­man­dant de police aujourd’hui à la retraite.
  2. « Rétrac­ta­tion de Takied­dine : Sarkozy et Her­zog sont cités dans l’enquête » (Médi­a­part, 07/06/2021)
  3. Michèle Marc­hand « a recon­nu au cours de sa garde à vue qu’elle se trou­vait en fait à Bey­routh, elle aus­si, au moment de l’en­tre­tien avec M. Takied­dine. »
  4. « Arnaud de la Villes­brunne, pub­lic­i­taire et ancien directeur de l’agence Publics, Noël Dubus, un escroc déjà con­damné ain­si que l’homme d’affaires Pierre Reynaud. »
  5. « Lev­ée à l’aube, sur le pont dix-huit heures par jour, la soix­an­taine tonique, cette anci­enne col­lab­o­ra­trice de Voici et grande prêtresse du méti­er a, depuis plus de trente ans, l’œil partout. Dis­posant d’un car­net d’adress­es iné­galé dans la pro­fes­sion, « Mimi », comme on la surnomme, est aujour­d’hui la source majeure d’un grand nom­bre de mag­a­zines [peo­ple] » (LeVif.be)
  6. « La ligne édi­to­ri­ale de Paris Match est aujourd’hui de mon­tr­er « les grands de ce monde dans leur intim­ité ». Il faut racon­ter et dévoil­er quelque chose de l’ordre de l’intime ou une vision du poli­tique proche des lecteurs. Les stars et les poli­tiques sont des gens comme les autres. Racon­ter l’intim­ité per­met de créer une iden­ti­fi­ca­tion du lecteur avec les per­son­nages côtoy­ant les som­mets du pou­voir. » (mrozenblat.wordpress.com)
  7. « La séquence se déroule un soir d’avril 2005. Nico­las Sarkozy est l’in­vité d’hon­neur d’un sémi­naire du groupe Lagardère. Il se fend alors d’une petite phrase qui ne passe pas inaperçue : “Arnaud Lagardère est plus qu’un ami, c’est un frère.” », liberation.fr
  8. Selon les auteurs d’un livre con­sacré à Michèle Marc­hand : dans Paris Match, il y a eu en deux ans (2016–2018) «en tout, “vingt-neuf unes pour les Macron con­tre seize pour Fil­lon et onze pour Le Pen” , (…) pour qui “les Macron, avec l’aide de Bes­tim­age, par­ticipent à un sys­tème qui fait pass­er des pub­lire­portages dévoilant leur intim­ité pour des pho­tos volées et qui maquille la com­mu­ni­ca­tion en infor­ma­tion”. valeursactuelles.com

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