Ce sont les anglo-saxons qui ont inventé le terme de fake news, alias “infox” en français, expressions qui ont remplacé nos bons vieux bobards. Bobardier d’élite, Colin Powell demeure le détenteur envié jusqu’à ce jour de la plus belle fausse nouvelle du XXIème siècle ou de la plus épouvantable, au choix.
5 février 2003
Retour en arrière de 18 ans. Saddam Hussein est encore au pouvoir, les États-Unis sous la présidence du républicain néo-conservateur de George W. Bush veulent envahir l’Irak qu’ils accusent de préparer une guerre mondiale ou tout du moins d’en avoir les moyens. Le dictateur sunnite disposerait d’armes de destruction massives susceptibles de toucher « le monde libre », dont les États-Unis. Ces armes biologiques, virus, anthrax peuvent toucher leurs cibles grâce à de nombreux missiles intercontinentaux. Tous ces préparatifs guerriers ont été menés dans le plus grand secret mais la CIA veille : les usines qui fabriquent les armes neurotoxiques sont repérées, oncle Sam peut agir pour défendre la démocratie et la liberté.
Colin Powell, alors à la tête de la diplomatie du gouvernement Bush, monte à la tribune des Nations-Unies, d’un air grave. Il s’appuie sur la résolution 1444 du 8 novembre de l’année 2002 qui accusait l’Irak de détenir des armes de destruction massive et lui donnait un délai pour les désarmer au travers d’inspections internationales. Powell présente des cartes : usines de missiles, centres de fabrication de virus sous couvert de pharmacie industrielle. Il brandit une fiole contenant de l’anthrax, un agent biologique virulent, le monde est en danger.
Le mensonge du siècle et ses conséquences
Le mois suivant les américains envahissent l’Irak, l’armée irakienne est défaite rapidement, Saddam Hussein sera fait prisonnier et exécuté en 2006, on compte plusieurs centaines de milliers de morts directs ou indirects de l’invasion, les déplacés sont des millions, 18 ans plus tard le pays n’est toujours pas stabilisé.
De missiles nulle trace, d’agents neurotoxiques nulle trace. Tout était inventé. Powell avait pourtant affirmé « Chacune des déclarations que je fais aujourd’hui s’appuie sur des sources, des sources solides ».
Il a déclaré ensuite qu’il avait été trompé par la CIA en même temps que George W. Bush. On peut les croire mais on peut aussi penser qu’ils ont menti volontairement pour justifier l’invasion.
Si cette invasion fût un succès militaire, on pourrait penser qu’elle fût un échec politique. Tout dépend des objectifs de l’invasion. Si les objectifs étaient par exemple la destruction d’un des rares régimes laïcs de la région pouvant constituer une menace pour Israël, ou bien d’utiliser massivement l’arsenal de guerre américain pour le remplacer au bénéfice de l’État profond militaro-industriel ou encore d’affaiblir un état pétrolier indocile, on peut considérer que l’opération fût plutôt un succès. Un succès bâti sur le mensonge, la manipulation de l’opinion mondiale et la complicité des médias de grand chemin.