Traditionnellement, l’élection présidentielle « reine des batailles » est favorable aux médias : plus d’écoutes, plus de journaux vendus, plus d’audiences des débats. Ce tableau est toutefois à nuancer avec le débat présidentiel du deuxième tour en 2022.
Un débat présidentiel mollasson et peu suivi
« Deux heures et demie et plus d’ennui », « absence de vision », tels sont les termes qui reviennent chez les principaux commentateurs. Il est vrai que l’animation du débat par le couple Gilles Bouleau/Léa Salamé n’aidait pas à prendre de la hauteur. Saucissonner les questions sur des thèmes purement techniques souvent incompréhensibles, c’est faire de la non-politique ou de l’anti-politique alors que les électeurs ne se déterminent pas sur un programme mais sur une perception de personnalités.
Voir aussi : Léa Salamé, portrait
Les deux concurrents ne sont que peu sortis des questions techniques, moins dangereuses, moins riches en petites phrases objets de possibles dérapages, mais moins riches en signifiant politique. Quoi qu’il en soit les audiences sont en pleine décrépitude, annonçant une abstention sans doute significative et un affadissement de la démocratie dite participative pouvant laisser présager un quatrième tour social et politique agité à la rentrée après les législatives. Crise économique et sociale ou crise de légitimité politique ?
Audiences des débats de deuxième tour
ANNÉE | CANDIDATS | AUDIENCES EN M DE SPECTATEURS |
1981 | GISCARD/MITTERRAND | 30 |
1988 | MITTERRAND/CHIRAC | 30 |
1995 | CHIRAC/JOSPIN | 16,8 |
2002 | CHIRAC/LE PEN (Jean-Marie) | PAS DE DÉBAT, REFUSÉ PAR CHIRAC |
2007 | SARKOZY/ROYAL | 20,5 |
2012 | HOLLANDE/SARKOZY | 17,8 |
2017 | MACRON/LE PEN (Marine) | 16,5 |
2022 | MACRON/LE PEN (Marine) | 15,6 |
Comme le note Patrick Buisson dans Le Point du 21 avril 2022,
« Penser que l’électeur est si peu habité par l’idée du bien commun et de l’intérêt général qu’il faille renoncer à s’adresser à ce qui tire les individus au-delà d’eux-mêmes revient à réduire le vote à une simple transaction d’intérêts, dépourvue de la moindre transcendance collective ».
Les deux présentateurs ont invoqué le suivi sur les réseaux sociaux qui compenserait en partie l’écoute directe. On se console comme on peut.
Voir aussi : Gilles Bouleau, portrait