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Face à la sidération liée à l’IA, Google tente de se réorganiser

30 avril 2023

Temps de lecture : 5 minutes
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Face à la sidération liée à l’IA, Google tente de se réorganiser

Temps de lecture : 5 minutes

Apparue dans le New York Times le 16 avril 2023, puis dans la majorité des quotidiens et magazines généralistes américains, la nouvelle est tombée en France autour du 21 avril du même mois : Google met en place une riposte aux avances technologiques de l’Intelligence Artificielle, dont le symbole le plus connu est ChatGPT.

Silence de la grande presse

En France, le 23 avril, seule la presse spé­cial­isée, elle-même sur inter­net, se pen­chait sur le prob­lème — comme si une telle infor­ma­tion n’était pas de nature à chang­er la vie quo­ti­di­enne de mil­lions de Français. Tout se passe comme si les jour­nal­istes demeu­raient sidérés devant le choc représen­té par les mod­èles de lan­gage et sin­gulière­ment par Chat­G­PT, tan­dis que ceux-ci con­tin­u­ent à avancer leurs pio­ns. Cela ressem­ble à une retraite de Russie, avant même l’offensive.

La réaction de Google ?

Elle était sans doute néces­saire. Le géant de la tech­nolo­gie est passé du statut d’incontournable à celui de per­son­nage sec­ondaire en l’espace d’un tour de cartes. Une fois Chat­G­PT lancé, Google devient le per­son­nage sec­ondaire d’une his­toire qui lui échappe. Et la multi­na­tionale n’était pas prête pour un tel séisme. C’est pourquoi elle se pré­cip­ite (lit­térale­ment) en avril, à la fois pour pro­téger son activ­ité prin­ci­pale (les fameux petits liens bleus qui nous parais­sent déjà si désuets et surtout la pub­lic­ité qu’ils génèrent), penser un nom­bre impor­tant de pro­jets, à com­mencer par une éventuelle mise à niveau de son moteur de recherche, la page la plus con­sultée au monde jusqu’à l’advenue de Chat­G­PT, et des prospec­tions en vue de pro­jets nou­veaux. Le choc à l’origine de cette réac­tion n’est pas seule­ment la mise en œuvre de Chat­G­PT (faite dès novem­bre 2022 aux États-Unis) mais le fait que l’un des très impor­tants clients de la multi­na­tionale, Sam­sung, ait décidé de vir­er sa cuti en se tour­nant vers Bing de Microsoft, afin de prof­iter de la présence de l’Intelligence Artificielle.

Alerte rouge chez Google

Un monde nou­veau appa­rais­sait de nou­veau devant des pio­nniers mais Google n’était pas sur le navire. D’après le New York Times, dont la répu­ta­tion de fouineur n’est plus à faire, qui a eu accès à des cen­taines de mes­sages internes échangés entre employés de Google, la réac­tion a été une « panique ». Cela s’appelle un « code rouge » chez Google.

Sam­sung, c’est, pour Google, un chiffre d’affaires estimé à 3 mil­liards de dol­lars. Pour Apple, con­trat à renou­vel­er aus­si cette année, l’on par­le de 20 mil­liards de dol­lars… Panique ? Il y a de quoi pour des employés qui peu­vent légitime­ment se deman­der si Google exis­tera encore dans quelques mois ou années. L’impossible devenu réal­ité ? Pourquoi pas ?

Une fois la panique contrôlée, que fait Google ?

Le pro­jet se nomme « Magi ». On ne se refait pas. Design­ers, con­cep­teurs, ingénieurs sont mis au tra­vail dans des salles dites de « sprint », avec comme objec­tif pre­mier d’améliorer sen­si­ble­ment le Google que le monde entier utilise — ou util­i­sait. La prin­ci­pale idée serait d’anticiper ce que souhaite le con­som­ma­teur. L’objectif de base étant d’y arriv­er le plus vite pos­si­ble. Dans ce cadre, Google met l’Intelligence Arti­fi­cielle à contribution.

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Par ailleurs, le New York Times indique que Google développe très forte­ment son pro­pre lab­o­ra­toire d’Intelligence Arti­fi­cielle, de sources offi­cieuses, lesquelles ne sont pas autorisées à en par­ler ouverte­ment. Le but est de met­tre, le plus vite pos­si­ble, sur le marché des pro­duits liés à l’Intelligence Arti­fi­cielle. Cela pour­rait d’ailleurs com­mencer par le moteur de recherche, util­isé chaque jour par des mil­liards d’individus, un moteur qui pour­rait inté­gr­er de nou­velles tech­nolo­gies d’IA et ain­si éviter que les util­isa­teurs se tour­nent vers des out­ils tels que Chat­G­PT. La pre­mière serait l’Intelligence Arti­fi­cielle généra­tive de pub­lic­ités, per­me­t­tant aux clients de Google de génér­er eux-mêmes leurs pub­lic­ités sur les pages du moteur de recherche. En quelques clics.

Deepmind à l’œuvre

Il est à not­er que Google fait des recherch­es sur l’Intelligence Arti­fi­cielle depuis des années, avec un bud­get de l’ordre de plusieurs mil­liards de dol­lars annuels attribués à son lab­o­ra­toire Deep­Mind à Lon­dres et à Google Brain en Cal­i­fornie. Quelle est la réal­ité de ce bud­get, out­re le fait qu’il s’exprime en mil­liards ? Qui sait ? Reste que ces lab­o­ra­toires étaient en con­cur­rence en interne. Pour accélér­er les recherch­es, les deux lab­o­ra­toires sont main­tenant appelés à tra­vailler de con­cert. Des rumeurs lais­sent enten­dre que les deux struc­tures dev­enues une, réu­nis sous la direc­tion de l’ancien directeur de Deep­mind, celui de Google Brain étant réduit au rôle de directeur sci­en­tifique, tra­vailleraient d’ores et déjà sur un mod­èle de lan­gage con­cur­ren­tiel de Chat­G­PT, appelé « Gemini ».

Il va y avoir du sang à OK Cor­ral IA. C’est cer­tain. La ques­tion est de savoir le sang de qui ? Au vu de la course engagée, l’éthique paraît être claire­ment dev­enue le cadet des soucis de Google en ce qui con­cerne l’Intelligence Artificielle.

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