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La rédaction de Marianne décimée par une vague de départs volontaires

27 février 2025

Temps de lecture : 4 minutes
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La rédaction de Marianne décimée par une vague de départs volontaires

Temps de lecture : 4 minutes

C’est l’hécatombe : dix-huit journalistes ont récemment claqué la porte de Marianne en faisant jouer leur clause de conscience.

Désaccord sur la nouvelle ligne éditoriale de CMI

Il y a par­mi eux des incon­tourn­ables du titre : dix-huit salariés de l’hebdomadaire Mar­i­anne ont fait jouer leur clause de con­science et annon­cé en interne quit­ter la rédac­tion. C’est le prési­dent de CMI France, pro­priété de Daniel Křetín­ský, qui a invité les jour­nal­istes en désac­cord avec la nou­velle ligne édi­to­ri­ale du jour­nal à opter pour ce départ aux con­di­tions plutôt avan­tageuses. Si l’on en croit La Let­tre, le CSE de Mar­i­anne aurait affir­mé avoir « eu écho de pres­sions visant [à] pouss­er cer­tains salariés à pren­dre leur clause de con­science », dans un mail du 10 févri­er dernier. Après le rejet de l’offre d’achat du mag­a­zine par Jean-Claude Del­gènes, la propo­si­tion de clause de con­science n’a pas expiré ; les jour­nal­istes pour­ront l’employer jusqu’à la fin de l’année et même béné­fici­er d’un bonus (moins avan­tageux que pour la précé­dente) d’ici à la fin mars.

Des anciens qui se font la malle

Les arrivées de Frédéric Tad­deï (prévue pour le début du mois de mars) et d’Ève Szef­tel, anci­enne du quo­ti­di­en Libéra­tion, ont-elles été à l’origine du désac­cord des salariés ? Avec ce départ mas­sif, Mar­i­anne perdrait en effet près d’un tiers de sa rédac­tion, dont des per­son­nal­ités implan­tées de longue date dans le jour­nal. Par­mi eux, Gérald Andrieu, qui fut rédac­teur en chef et grand reporter au sein de l’hebdomadaire, est retenu par Ève Szef­tel qui souhaite le con­serv­er dans l’équipe. Il fau­dra que la nou­velle direc­trice de la rédac­tion pro­pose un poste plus alléchant que celui que le jour­nal­iste est en train de négoci­er auprès de Midi Libre, en tant que con­seiller édi­to­r­i­al. Il fal­lait sans doute y penser, avant de sup­primer le poste de directeur adjoint de la direc­tion du prin­ci­pal intéressé…

Un autre his­torique de la rédac­tion, Péri­co Légasse, qui écrivait depuis la créa­tion du jour­nal dans les colonnes de Mar­i­anne et par ailleurs époux de Nat­acha Polony, a égale­ment annon­cé qu’il ferait jouer sa clause de conscience.

Saignée aux services investigation et international

Par­mi les plumes sur le départ, on compte égale­ment le jour­nal­iste Marc Endeweld, qui n’est pas à l’abri de revenir dans quelques années puisqu’il aurait déjà quit­té la rédac­tion de Mar­i­anne à l’automne 2018 lorsque le titre fut racheté par Daniel Křetín­ský et que Nat­acha Polony avait pris la tête de la rédac­tion… avant de revenir en 2024. Sa con­soeur Vanes­sa Ratig­nier, con­nue pour son tra­vail sur l’affaire Clearstream aux côtés de Pierre Péan, aurait égale­ment annon­cé son départ. Sans doute quit­tent ils le navire face à la réduc­tion de place accordée aux enquêtes depuis la reprise en main du con­tenu édi­to­r­i­al par CMI France en décem­bre dernier.

Même inquié­tude du côté du ser­vice inter­na­tion­al de l’hebdomadaire, qui voit par­tir ses jour­nal­istes Stéphane Aubouard, Quentin Müller et Alain Léau­thi­er. Le dernier des Mohi­cans du ser­vice monde, Anne Das­takian, devrait quant à elle quit­ter le navire à la fin de l’année.

La « reprise en main éditoriale » de CMI France, cause de la vague de départ ?

Si l’on en croit la tri­bune pub­liée le 13 févri­er 2025 dans Le Monde par un ensem­ble de salariés de l’hebdomadaire qui soute­naient la propo­si­tion de rachat du cab­i­net Tech­nolo­gia, c’est surtout la reprise en main édi­to­ri­ale de CMI qui appa­raît con­testable. « Il nous faudrait être moins cri­tiques avec « les pou­voirs », plus sou­ples sur les sujets européens et « transat­lan­tiques », mais aus­si plus « probusi­ness », déplo­raient-ils alors. « En clair, le pro­jet de CMI con­siste en une ges­tion peu ent­hou­si­as­mante de notre fin de vie. La courbe des ventes chute, chu­tons avec elle… » À ce pro­jet, les jour­nal­istes préféraient un rachat qui leur aurait, selon eux, garan­ti une cer­taine indépen­dance. Le lende­main, le prési­dent de CMI France leur répondait, si l’on en croit La Let­tre, que « Mar­i­anne se serait pas ven­du » et que « cha­cun doit main­tenant en tir­er les con­séquences en conscience ».

Rodolphe Cha­la­mel

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