Samedi dernier sur le plateau d’« On n’est pas couché », une vive polémique a éclaté entre Aymeric Caron, chroniqueur de Laurent Ruquier, et Caroline Fourest, qui était invitée pour son livre « Éloge du blasphème ».
Parmi les divers sujets d’accrochage, Aymeric Caron a rappelé à son interlocutrice qu’elle avait été condamnée pour diffamation en 2013 après avoir laissé entendre, sur France Culture, que l’agression de la jeune femme voilée Rabia Bentot, à Argenteuil, pouvait être « bidonnée », ce qui avait entraîné une plainte de l’intéressée.
Pourtant, ce soir-là sur France 2, Fourest a assuré avoir « gagné (s)on procès ». Non pas en première instance, où elle a perdu, mais « en appel ». Face au scepticisme de Caron, celle-ci a annoncé que son avocat ferait un communiqué le lendemain. Communiqué qui n’est jamais arrivé.
Car le lendemain, c’est Fourest elle-même qui, sur son blog, s’expliquait à ce sujet… en changeant de version. Cette fois, la journaliste n’a pas affirmé avoir gagné en appel mais elle a prétendu que l’avocat adverse avait « délibérément laissé filer le délai de prescription pour que cet appel n’ait pas lieu, et abandonné les poursuites ». Ainsi, la militante féministe s’est considérée « affranchie de cette plainte ridicule ».
Manque de chance, Hosni Maati, l’avocat de Rabia Bentot, s’est empressé de démentir cette affirmation sur son compte Facebook, assurant que l’affaire était « toujours en cours ». Contacté par @rrêt sur images, qui a voulu en savoir plus, l’avocat a réitéré ses propos : « L’affaire n’est pas close et j’ai eu pour consigne de ma cliente d’aller jusqu’au bout. »
Concernant le prétendu « délai de prescription » qui n’aurait pas été respecté, l’autre avocate de la plaignante, Me Christine Aubert-Maguéro a rappelé qu’il n’y en avait pas, tout simplement parce que ce ne sont pas les avocats de la jeune femme qui ont fait appel.
De son côté, l’avocat de Caroline Fourest, Me Richard Malka, est resté silencieux avant de communiquer enfin sur le site Buzzfeed (curieux choix), expliquant à son tour que « la partie adverse n’ayant pas interrompu le délai de prescription comme il se doit, ce délai de prescription est donc passé ». Me Malka méconnaît-il son droit ?
La question se pose, surtout après que son avocat postulant (qui le représente au procès), Me Frédéric Buret, a expliqué que la procédure était bien en cours. « J’attends les dates d’audience », a‑t-il ajouté.
En clair, Caroline Fourest aurait-elle menti pour protéger son image publique un soir de grande audience ? Une stratégie « ridicule et suicidaire » pour Daniel Schneidermann. Dans L’Obs, le fondateur d’@rrêt sur images souligne que dans cette situation de « mensonge cynique », de mensonge « à la Cahuzac », « le menteur ne peut pas ignorer qu’il va être démasqué un jour ». C’est pourtant la voie choisie par Fourest ce soir-là.
« Vérification faite, auprès de toutes les parties, oui, elle a menti », assure-t-il avant de conclure : « Si le mensonge de Fourest est un problème, c’est d’ailleurs d’abord pour la cause qu’elle prétend servir, celle de la laïcité et du droit au blasphème, cause qui mérite d’être défendue dans le débat public, défendue vigoureusement, à la loyale, et qu’elle torpille. »
Difficile de prédire désormais comment Fourest parviendra à se sortir d’une situation délicate qu’elle a elle-même créée…
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Crédit photo : partisocialiste via Flickr (cc)