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Coups de projecteur sur la participation citoyenne aux États Généraux de l’Information (2)

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21 avril 2024

Temps de lecture : 9 minutes
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Coups de projecteur sur la participation citoyenne aux États Généraux de l’Information (2)

Temps de lecture : 9 minutes

Dans le cadre du dossier qu’il consacre aux États généraux de l’information (EGI), l’OJIM a décidé de rendre compte de la participation citoyenne à cet évènement en présentant une recension des grands enseignements tirés par le CESE des contributions postées sur la plateforme de débat en ligne, pour permettre à ses lecteurs de disposer d’un coup de projecteur sur les éléments d’enseignement généraux, ainsi que sur le contenu des contributions sur chaque question de la consultation[1] et sur les sujets de débat.

Nouveau focus sur les réponses

Faisant suite à un pre­mier arti­cle présen­tant les car­ac­téris­tiques de la méthodolo­gie retenue pour la con­duite du débat en ligne ain­si que pour l’exploitation des con­tri­bu­tions citoyennes, tout en pro­posant un pre­mier focus sur les grands enseigne­ments sta­tis­tiques tirés par les auteurs du rap­port du CESE, ce deux­ième arti­cle pro­pose un nou­veau focus por­tant sur les con­tenus des répons­es apportées par les par­tic­i­pants à la con­sul­ta­tion aux 7 pre­mières ques­tions fermées.

Les prob­lé­ma­tiques abor­dées par ces pre­mières ques­tions fer­mées ont trait suc­ces­sive­ment à la con­fi­ance dans l’information pro­duite par les médias, aux pri­or­ités à envis­ager pour amélior­er l’information, aux solu­tions cen­sées per­me­t­tre d’améliorer l’indépendance des médias, à celles cen­sées per­me­t­tre d’améliorer la pro­tec­tion des jour­nal­istes et de leurs sources, aux critères à établir dans l’hypothèse d’une con­di­tion­nal­ité des aides à la presse, aux solu­tions cen­sées per­me­t­tre d’améliorer la pro­tec­tion des jour­nal­istes et de leurs sources, à celles cen­sées per­me­t­tre à celles cen­sées favoris­er une diver­sité d’avis et d’opinions ; ain­si qu’ aux solu­tions cen­sées lim­iter l’infobésité et les con­tenus sensationnalistes.

Un troisième arti­cle pour­suit ce focus en se con­cen­trant sur les 6 dernières ques­tions fer­mées qui ont trait suc­ces­sive­ment aux con­tenus préférés par les par­tic­i­pants, aux solu­tions cen­sées être les plus per­ti­nentes pour amen­er les médias à traiter des sujets qui intéressent davan­tage les citoyens, à celles cen­sées per­me­t­tre de lut­ter con­tre les manip­u­la­tions de l’information (y com­pris par des puis­sances étrangères), à celles cen­sées être les plus per­ti­nentes pour for­mer dès le plus jeune âge les citoyens de demain pour une « infor­ma­tion éclairée », et, enfin, aux solu­tions cen­sées être les plus per­ti­nentes pour lut­ter con­tre les « fake news » et la dés­in­for­ma­tion ; tous les solu­tions abor­dées ici étant elles préétablies par les organ­isa­teurs de cette consultation.

Verbatims

Le rap­port établi par le CESE offre une par­faite lis­i­bil­ité des résul­tats, et pro­pose pour chaque ques­tion un mémo syn­théti­sant les prin­ci­paux résul­tats que nous repro­duisons ici de manière abrupte, en men­tion­nant en bas de page les ver­ba­tims retenus par les rédac­teurs dudit rapport.

L’é­val­u­a­tion de la con­fi­ance dans l’in­for­ma­tion pro­duite par les médias révèle un faible niveau de con­fi­ance. En effet, un peu plus de la moitié des par­tic­i­pants (52%) déclar­ent avoir peu ou pas du tout con­fi­ance dans les médias. A con­trario, 43% expri­ment avoir assez con­fi­ance et seule­ment 5% ont une con­fi­ance totale.

Aucun ver­ba­tim ne sem­ble avoir été for­mulé pour cette pre­mière ques­tion fermée.

La pro­tec­tion des jour­nal­istes et leurs sources (56%) est suiv­ie de très près par l’urgence de met­tre en place des mesures effi­caces pour con­tr­er manip­u­la­tions d’informations (55%). Les sujets d’éducation aux médias (47%), la diver­sité des avis et opin­ions (45%) ain­si que la sta­bil­ité économique des médias (44%) arrivent en sec­onde posi­tion. La demande de con­tenus qual­i­tat­ifs et fiables, adap­tés aux attentes du pub­lic, obtient un sou­tien de 35%, soulig­nant une attente de qual­ité dans la dif­fu­sion de l’information.

Aucun ver­ba­tim ne sem­ble avoir été for­mulé pour cette pre­mière ques­tion fermée.

Les par­tic­i­pants ayant répon­du à la ques­tion rel­a­tive à l’indépendance des médias plébisci­tent très large­ment les solu­tions liées au finance­ment et au con­trôle des médias par leur action­nar­i­at. En effet, les deux solu­tions qui arrivent large­ment en tête avec 84% et 76% des répon­dants con­cer­nent l’indépendance des rédac­tions vis-à-vis des action­naires et le fait d’empêcher la déten­tion des médias par un action­naire unique. Deux autres solu­tions liées au finance­ment des médias recueil­lent égale­ment le sou­tien des par­tic­i­pants : l’augmentation des moyens de l’audiovisuel pub­lic (41%) et la réduc­tion de la dépen­dance aux recettes pub­lic­i­taires via le développe­ment d’autres types de recettes (39%).

Par­mi les ver­ba­tims for­mulés par les par­tic­i­pants à l’égard de cette ques­tion, le rap­port relève ceux-ci :

  • « Créer un ser­vice pub­lic de la presse assur­ant son finance­ment indépendant »
  • « Pro­mou­voir de nou­velles formes juridiques et de gou­ver­nance pour les médias de type société de média à but non lucratif, déten­tion du cap­i­tal par une asso­ci­a­tion à but non lucratif (mod­èle Ouest-France), coopéra­tive de salariés et de jour­nal­istes à 100% du cap­i­tal, etc. » 
  • « Que les citoyens puis­sent devenir action­naires ou faire par­tie de la gou­ver­nance des médias » 
  • « Rétablir la taxe sur l’au­dio­vi­suel public » 
  • « Meilleure for­ma­tion des jour­nal­istes sur “l’im­par­tial­ité” et la “neu­tral­ité” de l’in­for­ma­tion, aujour­d’hui on dirait que les jour­nal­istes cherchent à “con­va­in­cre” plutôt que “com­pren­dre ” » • « Créer des Ordres pro­fes­sion­nal­isés des journalistes ».

L’idée d’engagement et d’éthique se retrou­ve large­ment dans les critères de con­di­tion­nal­ité des aides à la presse plébisc­ités par les par­tic­i­pants. Ces deux idées se retrou­vent dans le choix de la propo­si­tion visant le respect d’une charte de déon­tolo­gie (80%) ou encore d’une charte d’engagement vis-à-vis des con­di­tions de tra­vail des jour­nal­istes (51%). La diver­sité des opin­ions représen­tées recueille égale­ment un appui mas­sif de 53%, illus­trant la néces­sité perçue d’en­cour­ager une plu­ral­ité d’opin­ions dans le paysage médi­a­tique. Les engage­ments écologiques (27%) et socié­taux (17%) ressor­tent égale­ment des répons­es des participants.

Par­mi les ver­ba­tims for­mulés par les par­tic­i­pants à l’égard de cette ques­tion, le rap­port relève ceux-ci :

  • « Con­di­tion­ner les aides à la presse au respect de pra­tiques jour­nal­is­tiques con­sid­érées comme vertueuses : meilleure prise en compte des attentes des citoyens-lecteurs, plus grande diver­sité de la cou­ver­ture ter­ri­to­ri­ale, suivi dans le temps d’un événe­ment (droit de suite), pra­tiques de fact-check­ing, trans­parence sur le choix des experts et sur les par­tis pris du jour­nal­iste, etc. » 
  • « Charte d’indépen­dance, d’éthique, de fia­bil­ité des informations » 
  • « Indépen­dance des rédac­tions vis-à-vis des action­naires » / « Indépen­dance totale de la rédaction » 
  • « Emploi de jour­nal­istes (carte de presse) afin d’éviter la pré­cari­sa­tion des jour­nal­istes ET la pro­liféra­tion de médias type reworld » 
  • « Inter­dire la pos­ses­sion de la presse par des mil­liar­daires et millionnaires » 
  • « Aide publique con­di­tion­née à un engage­ment qual­i­tatif d’enquêtes » 
  • « Respect d’une charte de déon­tolo­gie inclu­ant l’in­ter­dic­tion des fauss­es infor­ma­tions et les con­di­tions de tra­vail des collaborateur.ices. »
  • « L’aide doit être inverse­ment pro­por­tion­nelle à l’au­di­ence pour aider les petits à grandir » 
  • « Con­di­tion­ner l’aide publique à la non-dif­fu­sion de fauss­es infor­ma­tions sus­cep­ti­bles d’in­flu­encer le débat public »

La pro­tec­tion des jour­nal­istes et de leurs sources passe tout d’abord par l’indépendance des rédac­tions vis-à-vis des financeurs (66%), mais aus­si par des mesures juridiques comme la pro­tec­tion légale des lanceurs d’alerte (63%), la lutte con­tre les procé­dures-bâil­lons (60%) ou encore la pro­tec­tion des sources (56%).

Par­mi les ver­ba­tims for­mulés par les par­tic­i­pants à l’égard de cette ques­tion, le rap­port relève ceux-ci :

  • « Exercer des sanc­tions judi­ci­aires sévères con­tre les auteurs de men­aces ou pres­sions sur les jour­nal­istes ou leurs sources » 
  • « Créer un ordre nation­al des journalistes » 
  • « Ren­forcer les chartes et comités d’éthique des médias, les ren­dre contraignantes » 
  • « Faire appli­quer les juri­dic­tions, les lanceurs d’alerte ne sont pas protégés » 
  • « Punir les lanceurs de fauss­es informations. » 
  • « Empêch­er la garde à vue d’une jour­nal­iste pour con­naître ses sources … »

Près de 80% des par­tic­i­pants aimeraient voir davan­tage d’opinions con­trastées sur une même infor­ma­tion, gage d’une var­iété d’avis et de per­spec­tives. La demande de trans­parence sur les choix et les impacts des algo­rithmes (45%) arrive en sec­onde posi­tion. L’idée d’in­ter­dire ou de régle­menter les algo­rithmes engen­drant des bulles de fil­tres (39%) paraît égale­ment per­ti­nente aux yeux des par­tic­i­pants. Arrivent ensuite la for­ma­tion des jour­nal­istes aux biais cog­ni­tifs (34%), le sou­tien aux médias représen­tant des opin­ions minori­taires (30%) ou encore le développe­ment d’un sys­tème de nota­tion de la qual­ité de l’information par un tiers de con­fi­ance (26%).

Par­mi les ver­ba­tims for­mulés par les par­tic­i­pants à l’égard de cette ques­tion, le rap­port relève ceux-ci :

  • « Exercer des sanc­tions judi­ci­aires sévères con­tre les auteurs de men­aces ou pres­sions sur les jour­nal­istes ou leurs sources » 
  • « Créer un ordre nation­al des journalistes » 
  • « Ren­forcer les chartes et comités d’éthique des médias, les ren­dre contraignantes » 
  • « Faire appli­quer les juri­dic­tions, les lanceurs d’alerte ne sont pas protégés » 
  • « Punir les lanceurs de fauss­es informations. » 
  • « Empêch­er la garde à vue d’une jour­nal­iste pour con­naître ses sources … »

Un droit de suite obligatoire ?

L’obligation de pub­li­ca­tion d’un droit de suite en cas d’erreur appa­raît très large­ment comme le prin­ci­pal rem­part à l’infobésité et aux con­tenus sen­sa­tion­nal­istes aux yeux des par­tic­i­pants. Une sec­onde solu­tion, majori­taire­ment exprimée à 58%, vise la sup­pres­sion de l’anonymat sur les réseaux soci­aux. Favoris­er les for­mats longs et qual­i­tat­ifs mobilise près de la moitié des répon­dants. Enfin, un meilleur encadrement des paparazz­is en faveur du droit au respect de la vie privée recueille le sou­tien de près d’un tiers des répondants. 

Par­mi les ver­ba­tims for­mulés par les par­tic­i­pants à l’égard de cette ques­tion, le rap­port relève ceux-ci :

  • « Pub­li­er un indice de sat­u­ra­tion de l’e­space médi­a­tique sur une infor­ma­tion don­née afin de génér­er un réflexe d’au­to-con­trôle de la part des journalistes » 
  • « Respon­s­abilis­er les plate­formes sur le contenu »
  • « Pou­voir réelle­ment blo­quer à titre indi­vidu­el cer­tains spams et push­ing » / « Encadr­er les « push » de News sur les applis (fréquence, qual­ité, etc.) » 
  • « Arrêter d’in­viter des “pseu­dos experts” pour tous les sujets évo­qués. Stop­per ces chaînes d’in­fos en con­tinu où seule­ment 1/10ème des jour­nal­istes sont sur le terrain. » 
  • « En finir avec la course à l’audi­mat qui pousse à met­tre en avant des sujets très subalternes » 
  • « Lim­iter le traite­ment d’une même infor­ma­tion dans le temps » 
  • « Ne plus financer grâce aux annon­ceurs, ne pas baser les aides sur le nom­bre de lec­ture des articles ».

Un qua­trième et un cinquième arti­cles com­plè­tent cette recen­sion, en se focal­isant sur les ques­tions ouvertes.

Patrice Car­dot

Notes

[1] On rap­pelle que 13 ques­tions fer­mées à choix mul­ti­ples ont été pro­posées aux par­tic­i­pants. 5 ques­tions ouvertes ont égale­ment été pro­posées aux par­tic­i­pants, leur lais­sant toute lib­erté pour y apporter leurs pro­pres répons­es. Pour per­me­t­tre une analyse séman­tique, les ver­ba­tims ont été regroupés par unité de sens et for­ment une liste de sujets à deux niveaux, qui détaille ain­si tout ce qui a été partagé sur la ques­tion par les participants.

Par ver­ba­tim il faut enten­dre ici réponse libre à une ques­tion, ou extrait d’un mes­sage sur un débat. Les par­tic­i­pants sont encour­agés à sépar­er leurs idées dif­férentes sur plusieurs lignes, un par­tic­i­pant peut donc avoir plusieurs « ver­ba­tims » pour une unique question.

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