La nouvelle comédie intitulée « À bras ouverts » du réalisateur Philippe de Chauveron ne laisse pas les critiques cinématographiques indifférents.
Le Parisien estime que le film « brosse un portrait ultra-caricatural et indigne de la communauté rom ». « Avec de la tendresse et de l’empathie, le film aurait peut-être évité le racisme. »Pour Le Monde, il s’agit de « racisme à doses allopathiques ». Pour les Inrocks, nous sommes en présence d’un « un sommet d’humour discriminatoire… ». On pourrait multiplier les exemples.
Mais la palme du lynchage revient à France Culture. La chaine de radio a en effet consacré une partie de l’émission « Du grain à moudre » du jeudi 13 avril à la dénonciation du caractère prétendument raciste du film. Les invités ont déployé sans aucune contradiction leur réquisitoire, l’animateur de l’émission jouant le rôle de faire valoir, relançant le débat par des questions complaisantes.
Les critiques discordantes sont rares, comme le relève Valeurs actuelles. Le Figaro évoque « une vraie comédie de mœurs sur notre société multiculturelle” et un film qui “fait valser les préjugés et les clichés ». Causeur estime que ce film « potache » « se moque gentiment des bourgeois de gauche aux grands discours humanitaires ».
Ne trouverait-on pas là une partie de l’explication du lynchage médiatique de ce film par une classe de bobos piquée à vif et mise devant ses contradictions ?
Nos Trissotin contemporains manquent singulièrement de recul et d’humour. En 1976, Ettore Scola dressait dans « Affreux, sale et méchant » un portait féroce d’habitants d’un bidonville romain. Notre époque triste et politiquement correcte laisserait-elle encore s’exprimer comme en 1982 « zézette » dans le film « Le père Noel est une ordure » ? Ne serait-elle pas désormais qualifiée de « caricaturale » et de « dégradante » ?
Seul motif de consolation : le public réserve un très bon accueil au film, avec 411 000 entrées la semaine de sa sortie (près de 700 000 entrées à ce jour) !