L’affaire des notes de taxi mirobolantes d’Agnès Saal à l’INA et au Centre Pompidou avait fait grand bruit au début de l’été. Mais il semblerait que les pratiques révélées par ces notes ne soient pas aussi exceptionnelles que cela dans le monde de l’audiovisuel public. La Cour des Comptes a déclenché une véritable panique à France Télévisions depuis qu’elle est tombée sur une montagne de frais de taxi : pas moins de 2 à 3 millions d’euros par an.
France Télévisions ne manque pas de soucis : le groupe, qui ne s’est pas encore remis de la tourmente causée par la nomination dans des conditions contestées de son nouveau PDG – Delphine Ernotte – n’ayant rien à voir avec le monde de la télévision, est englué dans l’affaire des fiches et des suspicions de destruction de preuves. À cela s’ajoute encore la dégradation très nette de sa situation financière au cours des dernières années, ce qui laisse craindre que le contribuable ne soit in fine appelé à la rescousse – d’autant que les responsables de la débandade financière ont été promus…
Le Canard Enchaîné du 30 septembre revient sur cette délicate affaire qui donne bien des sueurs froides aux cadres du groupe. Une dizaine de dirigeants a reçu ces jours-ci un mail signé du patron de l’audit interne, Philippe Maréchal, accompagné de la liste de leurs frais de taxi depuis 2011 auprès de la société G7 où ils ont un abonnement. En mode exhaustif : dates, heures de départ, heure d’arrivée, parcours, temps d’attente du chauffeur et coût pour l’entreprise. Les dirigeants sont priés de justifier chacune de leur course et ce dans les meilleurs délais.
Les cadres particulièrement ciblés par l’audit interne – et la Cour des Comptes – ont accumulé chacun plusieurs milliers ou dizaines de milliers d’euros de frais de taxi. Parmi eux, on retrouve Frédéric Olivennes, directeur de la communication de Rémy Pflimlin, avec 17 000 € de dépenses en trois ans, auxquels s’ajoutent 10 000 € utilisés par ses deux ex-assistantes, ou encore Yann Chapellon, ex-patron de France Télévisions Distribution, qui est sommé de justifier plus de 20 000 € de frais de taxis. Dans le même petit groupe se trouvent aussi Nathalie André, directrice des programmes et des divertissements de France 2, ou encore Anne Holmes, patronne des fictions de France 3. Le montant des frais qu’elles ont à justifier reste cependant inconnu.
De source syndicale, l’affaire des notes de taxis était un secret de polichinelle dans l’entreprise. Un syndicat, la CGC-Médias, a du reste soufflé une autre piste à la Cour des Comptes : les trajets en avion, qui étaient ensuite passés en note de frais : « ainsi Chapellon pourra expliquer le montant exorbitant des vols Paris-Nice-Paris qu’il prenait chaque weekend !!!!! ».
Crédit photo : montage Ojim (DR)