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Les cultureux contre le RN, les médias mobilisés pour préserver les subventions

29 juin 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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Les cultureux contre le RN, les médias mobilisés pour préserver les subventions

Temps de lecture : 5 minutes

Pendant les semaines qui précèdent le scrutin des législatives anticipées, le monde des médias est en ébullition, et chaque jour apporte sa tribune de soignants, de professeurs, de juristes, de ratons laveurs etc. contre les extrêmes ou plus souvent le Rassemblement National. Certains artistes et divers acteurs de la culture font partie des plus bruyants contre le RN.

La culture, un angle presque mort de la campagne ?

La cul­ture, « enfant chéri du Nou­veau Front pop­u­laire » selon Chal­lenges, est aus­si selon La Croix « oubliée de la cam­pagne » alors qu’elle est le « ter­rain du com­bat iden­ti­taire du RN ». Le titre note qu’elle « demeure introu­vable dans les débats », que la plu­part des pro­grammes n’en font aucun cas, ou bien « en toute fin du cortège des mesures pro­posées ». Libéra­tion regrette d’ailleurs une mobil­i­sa­tion « timide », qui « flir­tait jusqu’ici avec un silence radio pesant » de la part du secteur de la culture.

Certains médias alertent sur une utilisation idéologique de la culture par le RN

Le 23 juin parais­sait dans Le Monde une tri­bune de 800 pro­fes­sion­nels de la cul­ture appelant à vot­er con­tre le Rassem­ble­ment Nation­al. Alors quels dan­gers l’obtention d’une majorité par le RN ferait-elle peser sur ce domaine ? Cer­tains médias les augurent à par­tir de poli­tiques locales menées par les maires RN. France 3 (dont la rédac­tion a signé une péti­tion con­tre le RN) pré­cise ain­si que « même s’ils tien­nent une place mod­este dans le pro­gramme du RN, la cul­ture et le pat­ri­moine peu­vent devenir un levi­er idéologique au prof­it de la tra­di­tion, du pat­ri­moine ou du folk­lore en reje­tant notam­ment la diver­sité ou des cul­tures plus nova­tri­ces. » Alter­na­tives Economiques rejoint cette inquié­tude en expli­quant que les maires RN, s’ils n’attaquent pas « frontale­ment » le secteur cul­turel, y « dis­til­lent peu à peu leur ligne idéologique ». En général, pour ce faire, les maires sup­pri­ment cer­taines sub­ven­tions allouées à des théâtres ou des fes­ti­vals mar­qués le plus sou­vent à l’extrême gauche.

La gauche, parangon de la vertu dans l’usage de la culture ?

A force de lire que le Rassem­ble­ment Nation­al utilis­erait la cul­ture comme out­il de pro­pa­gande, on en vient à se deman­der pourquoi la gauche n’y a pas pen­sé avant. Puis, on pense aux films français de pro­pa­gande qui évo­quent la vie dans les quartiers, comme Les Mis­érables, de Ladj Ly, ceux qui racon­tent l’histoire d’une famille de migrants arrivant dans un petit vil­lage, ou, avec de plus gros bud­gets, à Tirailleurs, avec Omar Sy, racon­tant l’histoire des Africains, notam­ment des Séné­galais, engagés ou enrôlés dans l’armée française pen­dant la Pre­mière guerre mon­di­ale. On pense ensuite aux spec­ta­cles d’éducation sex­uelle pro­posés aux enfants, comme les lec­tures ani­mées par des drag-queens, tous bien sub­ven­tion­nés. On se rend alors compte que la cul­ture est déjà un out­il idéologique. Plus sim­ple­ment, la gauche en général et les médias en par­ti­c­uli­er trem­blent à l’idée que cet out­il ne change de main.

Les médias et la culture veulent continuer à vivre en vase clos, aux frais des Français

Que craig­nent cer­tains artistes de l’arrivée au pou­voir du Rassem­ble­ment Nation­al ? La perte de sub­ven­tions. Com­mençons par la coupe des sub­ven­tions aux médias et la pri­vati­sa­tion de cer­taines chaînes. Cela reviendrait pour les sig­nataires de la tri­bune pub­liée dans Le Monde à démem­br­er le ser­vice pub­lic, qui serait « dirigé par des proches du par­ti au pou­voir », avec une « lib­erté de la presse sous sur­veil­lance ». On pour­rait deman­der si les directeurs des médias ne sont pas déjà proches des par­tis au pou­voir, mais là n’est pas la ques­tion que se posent les dits médias. Là où le bât blesse le plus, c’est pour les sub­ven­tions au monde de la cul­ture. La tri­bune alerte sur des « aides publiques forte­ment dimin­uées » qui n’iraient plus qu’à des « insti­tu­tions cul­turelles mis­es au pas et à des œuvres inspirées du pat­ri­moine ». De quoi tuer « la créa­tion orig­i­nale, la polémique et la diver­sité », que, d’après Libéra­tion « le monde entier nous envie ». Que Notre-Dame se le tienne pour dit. Ce qui intéresse les touristes, et notam­ment les touristes étrangers, ce ne sont absol­u­ment pas les châteaux de la Loire, la Tour Eif­fel, le Lou­vre ou les cathé­drales, mais, « la vital­ité cul­turelle, la lib­erté de créer, les formes d’art sans précé­dent, la lib­erté de penser et de penser con­tre » de la France. Retenons la jolie for­mule du « penser con­tre », con­tre les français est sous-entendu.

L’attaque au portefeuille blesse les médias et les cultureux

Le Rassem­ble­ment Nation­al, il est vrai, prévoit de dimin­uer dras­tique­ment les fonds publics alloués à la cul­ture, pous­sant L’Humanité à par­ler de « poli­tiques cul­turelles au rabais », déjà en place dans les villes tenues par le RN. Le tout joue sur « les oppo­si­tions entre créa­tion et pat­ri­moine, pop­u­laire et éli­tiste. » Le par­al­lèle tend à mon­tr­er que la créa­tion artis­tique est pop­u­laire, ce qui sur­prend un peu quand on sait quel est le pub­lic des propo­si­tions con­sid­érées comme mod­ernes et décalées. Pour Chal­lenges, le monde de la cul­ture est même « ter­ror­isé par le scé­nario noir d’une vic­toire du RN », puisqu’il s’agirait d’un « véri­ta­ble cauchemar. » Le titre explique ain­si que, si les artistes deman­dent à cor et à cris le vote Nou­veau Front pop­u­laire con­tre le Rassem­ble­ment Nation­al, c’est parce que ces deux groupes ont « deux visions opposées d’un secteur très dépen­dant de l’argent pub­lic ». Bref, avec le Rassem­ble­ment Nation­al au pou­voir, on ne sait au juste si la France perdrait son ray­on­nement et ses recettes touris­tiques, on sait en tout cas que cer­tains artistes très engagés perdraient une part sub­stantielle de leurs sub­ven­tions. En espérant que cet argent retourne dans la poche des contribuables.

Voir aus­si : Les médias publics font ils cam­pagne con­tre le Rassem­ble­ment national ?