« D’après l’Efsa, l’agence européenne de sécurité des aliments, 97 % des denrées alimentaires contiennent des résidus de pesticide. »
Dans sa dernière émission consacrée aux pesticides, « Cash Investigation » a fait de cette affirmation la base de son reportage et son leitmotiv.
Dès le début de l’émission, la voix off nous assène cette information. Plus tard, Élise Lucet en remet une couche : « Il y a un chiffre qui est vraiment le point de départ de notre enquête : 97 % des aliments que nous consommons contiennent des résidus de pesticides. » Puis insiste à nouveau : « L’énorme majorité de ce que nous consommons est contaminée par les pesticides. »
Interrogé sur la toile pendant la diffusion de l’émission, un des journalistes de France 2, Martin Boudot, répond à un internaute le questionnant sur la nature des 3% restants qu’il s’agit des produits « bio ou à très faible teneur en pesticides ». Pour justifier cette information largement mise en avant et reprise pour tous les médias comme par les associations militantes, « Cash » cite le rapport 2013 de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) sur les résidus de pesticides, publié en 2015.
Or, comme l’a souligné Libération, le titre complet du rapport, d’ailleurs affiché à l’écran pendant l’émission, est : « Plus de 97 % des aliments contiennent des résidus de pesticides dans les limites légales ». On voit ici que la fin de la phrase a été, volontairement ou non, coupée par l’équipe d’Élise Lucet… or, cela change tout.
En effet, le rapport ne dit en aucun cas que 97 % de nos aliments contiennent des pesticides mais au contraire que 97,4 % des échantillons analysés ne dépassent PAS les limites de pesticides autorisées par l’UE. Cela ne signifie donc absolument pas que 97,4 % des aliments contiennent des pesticides car sur ces 97,4 %, 42,8 % contiennent des résidus détectables mais ne dépassent pas les limites autorisées, alors que 54,6 % ne contiennent AUCUN résidu détectable (ce qui ne veut toutefois pas dire qu’ils n’en contiennent pas mais rien ne permet de le signaler).
Concernant les 3 % restants, présentées comme des produits bio, ils sont au contraire les 3 % d’aliments qui dépassent les limites autorisées ! C’est donc sur un contresens total que le reportage a été basé, ce qui invalide toute une démonstration qui contient pourtant des éléments de vérité… Pour sa défense, « Cash Investigation » a déclaré avec une belle dose de mauvaise foi que les 54,6 % d’aliments sans résidus détectables contiennent en réalité des pesticides mais dans des quantités non mesurables, sans toutefois donner plus d’informations…
Une erreur grossière qui dessert un sujet pourtant légitime et qui au final donne des armes à l’industrie des pesticides, laquelle n’a pas attendu longtemps pour dénoncer le grand n’importe quoi de cette émission qui nous avait habitués à plus de sérieux…