Les Assises du journalisme, maintenant installées annuellement à Tours, avaient pour thème en cette année 2018 Un journalisme utile. Un nombre significatif des ateliers et tables rondes avaient lieu autour de ce thème. Nous analysons celle du jeudi 15 mars au matin, instructive par la composition de son panel comme par ses conclusions, bien gentiment (et politiquement) correctes.
Les participants
La table ronde était animée par Clara-Doina Schmelck journaliste au média Intégrales (partenaire du redoutable CLEMI) et réunissait Divina Frau-Meigs, membre du « groupe d’experts de haut niveau sur les fake news de la Commission Européenne », Vincent Lanier premier secrétaire du SNJ, Édouard Perrin de l’agence Premières Lignes qui – entre autres activités – « développe des kits pédagogiques en partenariat avec l’Éducation Nationale, pour aider les profs à développer l’esprit critique de leurs élèves , et les armer face aux théories du complot auxquelles ils sont très exposés sur internet ». Le panel était complété par Jean-Bernard Schmidt co-fondateur de Spicee.
Le mode de diffusion des « fausses nouvelles »
Si Vincent Lanier souligne que le bruit fait autour des Fake News est sans doute excessif en regard des difficultés économiques de la profession (réduction des effectifs, précarité, pressions multiples), tout le monde s’accorde pour dire que les fausses nouvelles – les bons vieux bobards – se diffusent plus massivement et plus rapidement via le numérique et ses robots. Schmidt y voit un « montage mimétique » et Perrin une forme de propagande politique. Tous se rejoignent (avec des réticences du représentant du SNJ) pour considérer l’essor des fausses nouvelles comme une « menace » et estimer avec Jean-Bernard Schmidt que « les réseaux sociaux ne peuvent échapper à une remise en question de leur pratique ».
La régulation : éducation et censure, censure et éducation
Si Vincent Lanier souligne que toute régulation venant de l’État implique un risque de censure, les autres participants souhaitent une forme de régulation étatique. L’agence Premières Lignes (déjà partenaire de l’Éducation Nationale, voir supra) a été missionnée par le Ministère de la Culture pour participer à l’élaboration de la future loi. Madame Frau-Meigs considère que « les plate formes sont des médias » et doivent être régulées comme telles. Mais la régulation (traduisez : censure) ne sera rien sans l’éducation aux médias car « les enfants sont un immense champ d’action » (Schmidt). Mais quelle éducation ? Celle du CLEMI et des mammouths de l’Éducation Nationale dont la majorité des participants sont partenaires. Le CLEMI ou la machine à décérébrer dès le plus jeune âge. Voir nos articles du 16 juillet 2017 et du 8 mars 2018. Rien de nouveau sous le soleil journalistique sinon la volonté de rester entre soi dans un univers clos ; et politiquement conforme.