À la ville (à Paris), La Dépêche du Midi est l’organe d’expression du Parti Radical de Gauche, généreux, défenseur du Code du Travail et de la législation. À la campagne – enfin en province – c’est le journal de la famille Baylet qui multiplie les suppressions d’emploi, les petits arrangements avec l’info (surtout si elle est défavorable), les pilonnages d’ennemis politiques locaux… et ne se refuse pas de brutaliser le Code du Travail.
Comme le révèle Le Canard Enchaîné, La Dépêche du Midi est en délicatesse avec trois jeunes journalistes qui animaient depuis 3, 5 et 7 ans le site thématique de la Dépêche dédié au rugby, rugbyrama.fr. Et ce n’était pas une mince affaire : ils ont produit plus de 16 000 articles à eux trois, fait des choix éditoriaux, géré une vingtaine de pigistes et fait passer l’audience du site de 5,1 à 8,1 millions de visiteurs uniques… tout ça sous les auspices et les ordres de la direction centrale du média.
Bref, des éléments constitutifs d’une relation de travail typique de journalistes avec leur média. Sauf qu’ils n’avaient pas de carte de presse. Et ils étaient payés en conséquence. Cependant leur site devait être fusionné dans une nouvelle structure, où le flou de leur statut aurait pu les desservir malgré leurs excellents états de service. Bien conseillés – probablement par un syndicat – et introduits, ils ont fait en mai dernier tous trois une demande de carte de presse, qui a été acceptée immédiatement. Et ont demandé à leur direction une augmentation ainsi qu’une régularisation de leur statut.
La réponse de la direction ne les a pas déçus : « vous avez engagé de votre propre chef une procédure de demande de carte de presse. Le fait même que vous avez pris cette initiative sans en parler à votre employeur démontre la divergence de points de vue qui nous oppose ». Conséquence logique : ils ont été virés le 1er septembre pour cause réelle et sérieuse. La solution est propre à la famille politique de M. Baylet : radicale, puisque la totalité de l’équipe de rugbyrama a été saquée. Mais de gauche : oui aux travailleurs soumis, non aux journalistes reconnus et libres.