Leur journal étant en grande difficulté financière, les salariés de Nice-Matin ont lancé une campagne inédite dans la presse papier : un appel aux dons via une plate-forme de « crowfunding », un moyen de financement participatif.
« On avait fait des reportages sur des projets culturels qui se montaient grâce au crowdfunding. C’est un moyen de toucher des gens d’ailleurs », a commenté Jean-Philippe Roubaud, reporter et délégué syndical au quotidien niçois. Lancée sur Ulule.com, la campagne espère récolter un minimum de 300 000 euros. « Oui, nous, salariés d’un grand journal régional issu de la Résistance, nous avons l’intention de lever une armée pacifique de partenaires », est-il écrit dans l’annonce.
La somme demandée viendra appuyer l’offre de reprise déposée récemment. Des ouvriers du Livre, des secrétaires et des rédacteurs du journal ont en effet proposé un projet de Scop, une société coopérative, qui devra être validé par le tribunal de commerce de Nice, fin septembre. Pour éviter la faillite, l’entreprise, qui a été placée en redressement judiciaire, a besoin de plus de 3 millions d’euros. Si plusieurs repreneurs se sont manifestés par la suite, c’est « avec la ferme intention de dégraisser », assure la rédaction.
Alors, pour éviter les offres « insultantes » des repreneurs, qui menacent toutes de « saigner les titres », les salariés ont décidé de recourir à l’appel au don. « On hésitait à solliciter les lecteurs puis, mardi dernier, on a reçu un mail qui a tout changé. Roselyne, une dame de 91 ans du Thoronet (Var), nous a écrit qu’elle avait appris que le quotidien qui l’a accompagnée une grande partie de sa vie était en danger. Ça l’a mise en colère, même si elle nous a parfois détestés. Avec ses petits moyens, elle assure être prête à donner 3 800 € de sa poche », raconte un journaliste. Le lendemain, un chef d’entreprise a également manifesté son intention de mettre la main à la poche. « Alors on s’est dit pourquoi pas ? », ajoute Damien Allemand, rédacteur web.
Lancée ce mardi, la cagnotte avait atteint, le jour-même à 17h30, près de 70 000 euros.
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