Suite à la décision du groupe TF1 de supprimer 148 postes et de faire sortir LCI de l’information en continu, les actionnaires du Monde sont repassés à l’offensive.
Ces derniers avaient formulé leur offre quelques jours avant la décision du CSA de ne pas faire passer la chaîne d’information sur la TNT gratuite. Mais récemment, le PDG de TF1 l’avait jugé, tout comme celle du Figaro, pas « suffisamment sérieuse ». Aujourd’hui, Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse (BNP) font part de leur « surprise » devant la décision de TF1.
Dans un communiqué commun, ces derniers ont rappelé que « la proposition adressée à TF1 prévoit la reprise de l’intégralité des effectifs journalistes dédiés à LCI. Elle repose sur un projet éditorial et industriel ambitieux, qui place LCI au cœur de l’activité numérique du Monde. Elle s’appuie sur l’ensemble des forces de la rédaction de la chaine et vise à assurer l’indépendance, la diversité et la richesse des informations proposées ».
Devant son offre « restée sans réponse », le trio BNP a jugé que, « compte tenu des enjeux sociaux, il est regrettable qu’aucun échange d’aucune sorte n’ait pu avoir lieu avec le groupe TF1 ». Par ailleurs, ils se disent à nouveau “à la pleine disposition du groupe TF1, des salariés de LCI et du CSA pour en discuter et le finaliser” ».
Interrogé sur RTL ce mercredi 24 septembre 2014, Nonce Paolini a assuré que son groupe « étudiera la proposition du Monde » à condition qu’un projet documenté soit fourni. Cependant, le PDG de TF1 a toujours une dent contre les actionnaires du Monde.
« Des affaires de cette importance ne se traitent pas sur les estrades et devant les médias », a‑t-il tenu à rappeler, faisant référence à l’offre formulée par ces derniers quelques jours avant la décision du CSA, « et uniquement par voie de presse, pour vous donner une idée de la pratique ».
Et d’ajouter : « J’ai reçu une lettre de Mathieu Pigasse un soir et c’était immédiatement dans Les Echos. Le secret des affaires n’est pas leur spécialité. » Pour en revenir aux offres du Monde, « il n’y a pas eu d’offre concrète. On nous a expliqué qu’il fallait qu’on ouvre nos livres avant de faire une offre concrète », estime Paolini.
Aujourd’hui, « j’apprends, toujours par voie de presse, que le Monde a un projet éditorial, économique et social » pour LCI. « Je demande aux responsables du Monde de m’envoyer des documents précisant ce concept éditorial, cette donne économique et également la partie sociale. Nous étudierons les propositions du Monde », a‑t-il assuré.
Mais attention, « LCI ne tombera pas dans n’importe quelles mains, il faudra qu’il y ait un projet concret, auquel nous pourrions participer, avec d’autres, car on a des propositions de partenariats sérieuses. Mon objectif est de sauver un maximum d’emplois. »
Toujours côté TF1, Jean-Pierre Pernaut s’est indigné sur son compte Facebook personnel, mardi dernier. S’il avait déjà exprimé sa colère quant à la décision du CSA, l’avenir sombre de LCI a conduit le présentateur du journal de 13 heures à en remettre une couche.
« Bravo au CSA d’avoir si bien mesuré l’impact de sa décision inique sur ‘l’équilibre’ du PAF. Bravo au CSA d’avoir ainsi fait place nette pour BFMTV dont le chiffre d’affaires a déjà progressé de 17% cette année. Toutes les chaînes européennes rêveraient d’un tel succès. Mais LCI en clair les aurait menacés, ces pauvres petits… C’est fou ce que la décision du CSA est incompréhensible », a‑t-il pesté.
Et le journaliste de déplorer que « la disparition partielle de LCI, ça ne compte pas mesdames et messieurs les fonctionnaires ‘indépendants’ dans votre conception de l’équilibre. Vous auriez pu laisser le public choisir. Non. Vous avez joué de votre autorité de pacotille. »
En bref, « quel gâchis mesdames et messieurs du CSA. Fiers de vous de détruire une belle chaîne ? C’est vrai que la télé, c’est pas votre métier. C’est le nôtre et vous l’avez abîmé et cassé du haut de votre arrogance ‘indépendante’. Vous avez bafoué le pluralisme et la liberté d’informer. »
Et Jean-Pierre Pernaut, décidément en forme, de conclure en estimant que le CSA n’est qu’un « organisme vestige du monopole de l’État sur l’audiovisuel ».