Le duelliste de la gauche (très) modérée
« Pardon, je vais faire un tout petit peu de patriotisme. »
Laurent Neumann est un journaliste français d’origine hongroise né en avril 1964 à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine d’un père responsable des ventes et d’une mère coiffeuse. Il est marié et père de deux enfants. Il est essentiellement connu pour être un des fondateurs de Marianne, aux côtés de Maurice Szafran, Nicolas Domenach et Jean-François Kahn, et pour avoir été directeur de la rédaction du même magazine de 2001 à 2013 avant d’en être écarté au profit de Joseph Macé-Scaron. Il a en effet été licencié en décembre 2013 à l’issue d’une crise interne, suscitée notamment par la baisse des ventes du magazine, et seulement un mois après le départ du PDG Maurice Szafran.
Depuis, il figure avec constance sur les plateaux du groupe NextRadioTV, donnant la réplique à Éric Brunet, puis Emmanuel Lechypre.
Formation
Scolarisé au collège-lycée Passy-Buzenval à Rueil-Malmaison, il est titulaire d’une double maîtrise en sciences politiques et en droit privé, obtenue à l’université Paris II Panthéon Assas.
Parcours professionnel
- 1985–1986 : Pigiste au Figaro et à RTL
- 1986–1990 : Chef de la rubrique entreprise au magazine Stratégie. Il a notamment pour collègues Nathalie Saint-Cricq et Renaud Revel.
- 1988 : Journaliste au service France à Antenne 2
- 1990–1992 : Journaliste chargé des médias au service France de l’Évènement du Jeudi (EDJ)
- 1992–1995 : Chef du service société-investigations-médias à l’EDJ
- 1995–1997 : Rédacteur en chef adjoint au service France à l’EDJ
- 1997 : Collaborateur à l’émission « Le Vrai journal » sur Canal+
- Depuis 1997 : Responsable de la rubrique médias et cinéma à L’Histoire
- 1997–1999 : Rédacteur en chef au service culture et médias à Marianne
- 1999–2000 : Chroniqueur littéraire à l’émission « Campus » sur France 2 et à LCI
- 1999–2000 : Directeur adjoint de la rédaction à l’EDJ
- 2000–2001 : Directeur de la rédaction à l’Evénement-France soir
- 2001 : Pigiste à L’Express
- 2001–2013 : Directeur de la rédaction de Marianne. Il est poussé vers la sortie par Yves de Chaisemartin, ancien patron du Figaro, lors que celui devient premier actionnaire de Marianne.
- Depuis 2008 : Chroniqueur politique à La Chaîne Parlementaire (LCP/AN). Il participe notamment à l’émission de débat « Entre les lignes »
- 2008–2011 : Chroniqueur politique à I‑Télé
- Depuis 2010 : Chroniqueur politique à Europe 1.
- Depuis juillet 2014 : Participe à l’émission de débat « Bourdin and co » sur BFM (diffusé en même temps sur RMC) où il défend son point de vue sur les faits d’actualité dans sa chronique « Vu de gauche » face à Éric Brunet (« Vu de droite »).
- Depuis septembre 2014 : Il commence à signer une chronique dans Le Point. Le 15 janvier 2017, il est un des animateurs de la primaire présidentielle de la Belle Alliance Populaire, opposant les sept candidats, diffusé sur BFMTV et i>Télé.
- Entre 2017 et 2019 : il est éditorialiste politique sur le plateau de l’émission « Et en même temps » entre 18 h et 20 h sur BFMTV.
- En septembre 2019 : il remplace Thierry Arnaud dans l’émission « 20h Politique» présentée par Alain Marschall du lundi au jeudi entre 20 h et 20 h 30. Il présente aussi une nouvelle émission de débats avec son compère Éric Brunet intitulée « Brunet/Neumann », du lundi au vendredi (12h — 14h sur RMC) et le vendredi (19 h — 20 h 30 sur BFM TV).
- « Brunet/Neumann» n’est pas reconduit à la rentrée 2020 en raison du départ d’Éric Brunet. Par ailleurs, il participe, avec Emmanuel Lechypre, à un nouveau show baptisé « Neumann/Lechypre » et piloté par Laure Closier. Ce nouveau programme est diffusé du lundi au vendredi entre 12h et 15h sur RMC et, à partir du 21 septembre, sur RMC Story.
Engagement militant
Sans qu’on puisse parler d’engagement militant à proprement parler, Laurent Neumann se positionne clairement à gauche, défendant son point de vue face à Éric Brunet sur BFM dans « Le face à face » sur BFM dans la tranche horaire présentée par Christophe Hondelatte, « Hondelatte direct ». Il n’appartient cependant pas à une gauche dogmatique, d’autant plus qu’il écrit désormais une chronique politique dans Le Point, un journal réputé libéral de droite. Il apparaît toutefois légèrement plus modéré que son confrère Emmanuel Lechypre, lequel a pris la place d’Eric Brunet dans ce face-à-face.
Sa nébuleuse
Très peu d’informations filtrent sur l’entourage et les relations de Laurent Neumann. On sait seulement qu’il est un proche de Nicolas Domenach et de Maurice Szafran avec lesquels il a travaillé de nombreuses années au sein de l’équipe fondatrice de Marianne. Récemment, Domenach a été poussé vers la sortie du magazine, après Neumann et Szafran, la nouvelle équipe lui reprochant de consacrer la majeure partie de son temps à ses activités télévisuelles.
Ce qu’il gagne
Non renseigné
Publications
- Les dieux de la télé existent je les ai rencontrés, Plon, 1995.
- Vivant ! Entretiens avec Laurent Neumann (biographie de Gérard Depardieu), J’ai lu, 2004.
- Les Dessous de la campagne présidentielle, Fayard, 2012.
- Les Dessous de la campagne présidentielle 2017, Calmann-Lévy, 2017.
Il l’a dit
« La crise est terrible, la situation de la France est gravissime, on est tous d’accord. On le dit. On le répète à longueur de journaux. Tout cela est vrai. Mais est-ce pour autant une raison pour dénigrer sans arrêt ce pays ? Pardon, je vais faire un tout petit peu de patriotisme. On pourrait inverser la donne et faire la liste des atouts de ce pays mais non, à longueur de journaux, à longueur d’émissions et dans la bouche des gens soi-disant les plus intelligents de ce pays, on tape à bras raccourcis sur la France. J’ai assisté il y a quelques semaines à un débat entre Alain Minc et Arnaud Montebourg. Pendant une heure, Monsieur Minc a expliqué que c’était mieux aux États-Unis, que c’était mieux dans les pays scandinaves, en Angleterre, en Allemagne et même en Espagne. Nous avions toutes les tares. Vous écoutez la patronne des patrons, Laurence Parisot, tout est mieux ailleurs. Y a rien à sauver dans ce pays. Mais bon sang de bonsoir, ce n’est pas parce que nous sommes en crise qu’il n’y a pas d’atouts dans ce pays. C’est la petite musique qu’on entend, ça devient même branché d’aller payer ses impôts ailleurs, je ne sais pas si vous vous rendez compte », LCP, émission « Entre les lignes » 1er mars 2013.
« Pas un “frondeur” — à l’exception du député PS des Hauts-de-Seine Jean-Marc Germain — pour saluer la première nomination d’une femme Rue de Grenelle. Pas un leader de la droite républicaine — à l’exception d’Alain Juppé — pour se féliciter de la promotion d’Emmanuel Macron. Il est vrai que, depuis deux ans, l’UMP est incapable de reconnaître que la gauche au pouvoir prend des mesures que la droite, si elle était restée aux affaires, aurait sans doute validées. Nicolas Sarkozy prônait une hausse de la TVA : la TVA a augmenté. La droite rêvait d’une baisse de charges massive pour les entreprises : les charges baissent. La droite assure qu’elle supprimera les 35 heures une fois revenue au pouvoir : Emmanuel Macron propose, dans les colonnes du Point, de les déverrouiller, grâce au dialogue social dans les entreprises. Or, à droite, pas le moindre mot d’encouragement. Et l’on feint de s’étonner, après ça, du désaveu de la parole politique !? », Le Point, 30 août 2014.
« On aurait tort de croire, cependant, que le livre de Valérie Trierweiler n’est, au fond, que le long cri de douleur d’une femme répudiée, blessée, meurtrie. Certes, “quand le déshonneur est public, la vengeance doit l’être aussi”, écrivait Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro. Mais ce prurit éditorial, appelé à devenir un succès international de librairies, signe surtout la désacralisation définitive de la fonction présidentielle et, en réalité, de l’ensemble des responsables politiques », Le Point, 6 septembre 2014.
« Il n’y a plus une ou deux gauches en France, mais des gauches qui ne se comprennent plus, ne s’aiment plus, ne se supportent plus. C’est tout juste si certains se saluent encore lorsqu’ils se croisent dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Ils pourraient s’enorgueillir de ce qui les rassemble, mais préfèrent jouir de ce qui les sépare. Jusqu’à offrir quotidiennement à des Français effarés, malgré la crise, malgré un chômage record, le spectacle pitoyable d’un grand suicide collectif, façon secte du Temple solaire », Le Point, 25 octobre 2014.
« Ce qui me frappe depuis 48 heures ce sont les propos des responsables politiques. Comme on vient de le dire, l’enquête n’est pas aboutie. Elle est en cours, on ne connaît pas encore toutes les circonstances de ce drame et pourtant des gens qui ont le titre de responsables politiques ont cru bon d’instrumentaliser cette affaire à des fins politiques. Les propos de Cécile Duflot, ce sont des propos que l’on peut tenir une fois que l’on connaît les tenants et les aboutissants. Certains ont demandé la démission du ministre de l’intérieur mais il ne faut pas se tromper, celui qui est dans la ligne de maire des écologistes c’est le premier ministre Manuel Valls. On est en train, avec la mort d’un jeune homme, de nous refaire politiquement l’affaire Leonarda. Regardez les protagonistes de cette affaire, ce sont exactement les mêmes. Ils sont en train d’utiliser la mort de ce jeune homme à des fins politiques », à propos de la mort de Remi Fraisse, dans « Bourdin and co » sur RMC le 19 octobre 2014.
On a dit de lui
« Pour Laurent Neumann, le grand débat, « c’est pas un débat, c’est une grande consultation nationale ». Qui correspond beaucoup mieux à notre tempérament national : « On est en France et en France, quand ça va mal, on dit “Appelez-moi le patron !” » Et « le patron », c’est Macron (en tout cas, dans les enregistrements de Benalla révélés par Mediapart). « Vous allez au restaurant, vous n’êtes pas content, vous ne vous en prenez pas au serveur, vous dites : “Appelez-moi le gérant.” » Et quand vous vous plaignez de l’amertume de sa ratatouille néo-libérale, il vous dit d’aller vous faire cuire un œuf au Vénézuela », Samuel Gontier, Télérama, 07/02/2019.
« Neumann, il est un peu moins de droite que Brunet. C’est la gauche confort. Il va ramener un peu de #MeToo, un peu de “Charlie”, un peu de “sans gluten”, », Alain Weill, Libération, 28/07/2019.
« Ainsi va la vie des éditorialistes mais Christophe Barbier n’est pas le premier à se tromper. Ainsi, Laurent Neumann avait déclaré en 2016 sur RMC que François Hollande serait candidat à un second mandat présidentiel, précisant qu’il n’en avait “jamais douté », FranceInfo, 17/12/2019.
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