Un stakhanoviste au service des médias
Benoît Duquesne était un journaliste français né à Roubaix en juillet 1957 au sein d’une famille de 7 enfants, et mort brutalement d’une crise cardiaque le 4 juillet 2014 sur la péniche qu’il habitait à l’Île Saint Denis à l’âge de 56 ans.
Originaire de Glageon, son père était médecin et maire d’une commune du Nord. Marié à une sage femme en 1980, il a eu à son tour 4 enfants, dont sa fille Marie qui est journaliste à BFMTV. Il a fait l’essentiel de sa carrière à France 2. Homme audacieux et ambitieux, il est notamment connu pour avoir poursuivi à moto la voiture de Jacques Chirac le soir du second tour des élections présidentielles de 1995, tentant en vain de recueillir ses impressions à chaud, ce qui lui avait valu le sobriquet de l’homme à la moto. Ses proches dressent de lui le portrait d’un journaliste passionné par son métier, à l’affût du scoop, toujours sur la brèche, prenant de très rares jours de repos. Quelques jours avant sa mort, Benoît Duquesne avait présenté un numéro de « Complément d’enquête » consacré à BHL. Ses obsèques ont eu lieu à l’église Sainte Jeanne d’Arc à Versailles, notamment en présence de confrères comme Laurent Delahousse, David Pujadas, Gilles Bouleau ou Jean-Pierre Elkabbach ou encore le PDG de France Télévisions Rémy Pflimlin. C’est le journaliste d’Europe 1 Nicolas Poincaré qui le remplace à la présentation du magazine « Complément d’enquête ».
Formation
Après des études secondaires au lycée Saint-Joseph de Reims, il a obtenu une licence de droit à la faculté de droit de Lille puis un diplôme de journalisme à l’École Supérieure de Journalisme de Lille en 1983.
Parcours
- 1982–1988 : Reporter à Europe 1 au service des informations générales. Il est chargé des dossiers police et affaires et présentateur des journaux du matin
- 1988–1994 : Grand reporter au service des informations générales chargé des questions de police et des affaires, Reporter pendant la guerre du Golfe, la guerre en Bosnie, les événements en Roumanie, les tremblements de terre en Arménie, en Iran et en Inde, Co-présentateur du magazine « A la Une » (1993), réalisateur de magazines pour les émissions « Le Droit de savoir » et « Reportages » sur à France 2
- 1994–1995 : Chef du service des informations générales à France 2
- 1995–1997 : Co-présentateur du magazine « La France en direct »sur France 2.
- 1995–2000 : Correspondant permanent à Londres pour France 2
- 1995–1997 : Rédacteur en chef, responsable du service France et Présentateur remplaçant des journaux télévisés de 13h et 20h
- 1997–2007 : Rédacteur en chef à France 2
- 1997–1999 : Co-responsable de la cellule Éditions spéciales et présentateur remplaçant aux journaux télévisés de 20h (du lundi au jeudi) et de 13h et 20h (le week-end)
- 2001–2014 : Anime le magazine d’investigation « Complément d’enquête » sur France 2, lancé à la suite des attentats du 11 septembre.
- 2001 : Présentateur de l’émission « Grand Témoin » sur BFM
- Janvier à juillet 2005 : Présente le JT de 13h suite au départ soudain de Christophe Hondelatte
- 2005–2014 : Co-présentateur de l’émission « Elle et nous » et animateur du « Docu Débat » sur Public Sénat
- 2007–2008 : Directeur de la rédaction d’Europe 1 en succession de Marc Tronchot et Jérôme Dorville avant d’être remercié par Alexandre Bompard.
Ce qu’il gagne
Aucune information n’a filtré sur Internet sur les revenus de Benoît Duquesne. On sait cependant que le journaliste réalisait des ménages, notamment en 2013 pour la Fédération Française du Bâtiment. En effet, comme l’avait révélé le Canard enchaîné du 13 août 2013, il aurait animé contre rémunération au printemps 2013 les 24 heures du Bâtiment, la convention annuelle des professionnels de ce secteur, en compagnie de la journaliste Virginie Guilhaume, alors même qu’il avait animé une émission de « Complément d’enquête » consacrée à la dénonciation des spéculateurs immobiliers. L’hebdomadaire avait ajouté que le journaliste avait accepté de prêter son image pour un colloque intitulé Défendre nos entreprises pour reconstruire la France, organisé par la même Fédération du bâtiment.
Engagement militant
Non renseigné
Sa nébuleuse
Benoît Duquesne était notamment l’ami de Tony Comiti, 64 ans, ancien reporter et correspondant de guerre pour TF1 et fondateur de l’agence de presse Tony Comiti Productions qui produit documentaires et reportages d’actualité pour la télévision. Il était également très proche de Thierry Thuillier, directeur des programmes de France 2 depuis octobre 2013, qui, à sa mort, a salué « un immense professionnel passionné par toutes les formes de journalisme » sur RTL.
Il l’a dit
« C’est la première fois depuis 12 ans de Complément d’enquête que je me heurte à un tel comportement. D’un point de vue de citoyen, je trouve la méthode scandaleuse. En démocratie, il est normal de donner la parole et de débattre avec des gens dont vous ne partagez pas l’opinion. Surtout que Roger Madec a déjà débattu dans le passé avec Frigide Barjot sur le sujet. Je suis furieux. Furieux et indigné. », Interview pour puremedias.com en novembre 2012 à propos de l’incident qui s’était produit lors du tournage d’une émission où il s’entretenait avec Frigide Barjot à la mairie de 19ème arrondissement de Paris. Le maire ayant décidé de couper le courant, il avait dû terminer l’entretien dans l’obscurité…
Ils l’ont dit
« Passionné par la politique, Benoît Duquesne était profondément attaché au service public, dont il était devenu un des grands visages », Manuel Valls, juillet 2014
« Benoît Duquesne était un journaliste rigoureux et exigeant qui incarnait depuis de nombreuses années la liberté d’information », François Hollande, juillet 2014
« C’était un boulimique de travail, il passait ses journées en salle de montage et il pouvait tout faire remonter au dernier moment. Ça agaçait pas mal de reporters… Mais il était toujours là pour eux, il suivait ses équipes au quotidien », Tony Comiti, ami et confrère de Benoît Duquesne.
« J’étais décidé à maintenir mon refus. Et même à le faire valoir par toutes les voies possibles, y compris juridiques. Et puis au fil de notre rencontre quelque chose s‘est dégagé de lui, j’ai eu confiance, j’avais en face de moi un type bien et même un grand Monsieur. J’avais, face à moi, un homme pugnace, en pleine maîtrise de soi, et bien décidé à poser toutes les questions qui fâchent. Il faisait partie des Grands: ceux qui tiennent la télévision pour un des beaux-arts et non pour un robinet à images. », Bernard Henri Levy, juillet 2014 (à propos de sa décision de participer finalement à l’émission « Complément d’enquête »)
« Pour lui il n’y avait pas de petites ou de grandes histoires, il n’y avait que des histoires à traiter, tout était bon à prendre, il était curieux de tout », Thierry Thuillier sur RTL en juillet 2014
« Complément d’enquête était son bébé de A à Z, il mettait un point d’honneur à travailler avec les équipes de France 2, sur le service public où il trouvait une certaine forme de liberté impossible ailleurs », Thierry Thuillier, juillet 2014
« Il est mort le pauvre. Il est mort la semaine dernière sur sa péniche. Crise cardiaque. Bon moi j’étais en procès avec lui donc j’étais étonné. Peut-être qu’il a eu peur des suites juridiques il a préféré faire une crise cardiaque. Car il a quand même volé des images, recel de contrefaçons, c’est une grosse affaire. Il est mort. Chacun son mode de défense. Moi j’aurai préféré qu’il m’appelle », Dieudonné, juillet 2014 (faisant référence au contentieux juridique qui l’opposait à France Télévisions et l’émission « Complément d’enquête » pour « vol d’images »)
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