Suite aux propos d’un journaliste de Fox News, qui avait affirmé à l’antenne que Paris comportait plusieurs « no go zone » sous contrôle musulman, la ville de Paris va porter plainte contre la chaîne.
« Une plainte va être déposée dans les prochains jours », a déclaré la mairie de Paris, qui désire attaquer Fox News pour « préjudice » suite à la présentation jugée « erronée » des quartiers de la capitale par Nolan Peterson. Interrogée par CNN ce mardi, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a estimé que les propos du journaliste avaient « nui à l’image, en colportant des informations qui sont mensongères ». « On a été insultés », a‑t-elle ajouté.
Malgré les excuses de la chaîne américaine, suite à une opération du « Petit Journal » de Canal+, qui avait inondé sa boîte mail, la ville de Paris a toutefois décidé d’engager une procédure. Pour rappel, Fox News avait affirmé, via l’analyse d’un expert des zones de conflit, Nolan Peterson, que la capitale française été parsemée de zones de non-droit, interdites aux non-musulmans, où les lois de l’islam avaient pris le dessus sur celles de la République, et où l’État et la police ne mettaient plus les pieds.
Au vu des propos du journaliste, le récit apparaissait en effet très exagéré et souvent maladroit, comme lorsqu’il se trompe sur le statut légal des ZUS (Zones urbaines sensibles). Cependant, ce constat se fonde sur une réalité qui tend de plus en plus vers cette direction catastrophiste, alors que la plupart des médias français en dressent le portrait inverse, vivant sur les illusions perdues du « vivre ensemble » harmonieux.
Pourtant, Fox News n’est pas le seul média étranger à dresser cet état des lieux inquiétant de la capitale française : la télévision publique russe vient de lui emboîter le pas. Dans un reportage, épinglé ce lundi par l’émission de France 2 « Un œil sur la planète », une journaliste russe parcourt à pied le quartier de Barbès, présenté comme le « quartier le plus dangereux de la capitale » où vivraient « 90 % de la population musulmane de Paris ». Se dressant en grand pourfendeur des idées reçues, le journal Le Point réplique que « toute statistique à ce sujet est tout bonnement interdite en France ». Passons.
Poursuivant sa route, la journaliste constate qu’il est « très facile de s’y perdre, dans ces trois arrondissements de la capitale, pratiquement personne ne parle français ». « Au marché, on ne vend que de la viande hallal, et il y a un très grand choix de vêtements musulmans », ajoute-t-elle en filmant un stand. Cette fois-ci, Le Point, qui préfère jouer sur les mots, précise qu’il ne s’agit pas de « vêtements musulmans » mais d’habits traditionnels « des femmes au Maghreb », qualifiant cette erreur de « désinformation »…
Et quand la chaîne russe affirme qu’« une femme sur deux porte la burqa et le niqab, et il ne reste pratiquement pas de non-musulmans dans le quartier », l’hebdomadaire français répond que « ces deux vêtements sont officiellement interdits en France depuis la loi sur le voile de 2010 ». Une fois de plus, Le Point se fie à des théories, à des réglementations, à des lois, mais ne parvient jamais à apporter une réponse concrète à ce qu’affirme la télévision russe, et ce que beaucoup de Français ressentent sans avoir nul besoin de chiffres ou de statistiques.
« À en croire la chaîne publique russe, la France compterait aujourd’hui 11 millions de musulmans (contre 8 millions en réalité, NDLR). Ils composeraient 30 % de la population à Lyon, 40 % à Paris et jusqu’à 60 % à Marseille. Une propagande grossière qui n’est pas sans rappeler les innombrables reportages russes consacrés au “péril islamiste” en Tchétchénie », conclut Le Point.
Une question se pose alors : combien faudra-t-il de reportages étrangers, parfois caricaturaux mais se basant sur un ressenti bien réel, pour que certains médias français cessent de faire l’autruche en se complaisant dans le déni de réalité ?
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