Un « vieux de la vieille » en talons aiguilles
« On le sait tous que l’immigration est un problème, mais on ne le dit pas », Michèle Cotta
Michèle Cotta est une journaliste et écrivain française née en juin 1937 à Nice. Elle est la fille de Jacques Cotta, avocat pénaliste et maire SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière, ancêtre du PS) de Nice de 1945 à 1947. Sa mère, Hélène Scoffier était également avocate. Michèle Cotta est la sœur de l’économiste Alain Cotta et la demi-sœur du journaliste et réalisateur Jacques Cotta, ainsi que de l’avocate Françoise Cotta.
Michèle Cotta est divorcée de l’éditeur Claude Tchou. Avec ce dernier, elle a eu deux enfants, Thierry et Stéphanie. En 1992 elle se remarie avec Philippe Barret, inspecteur général de l’Éducation Nationale et conseiller technique dans plusieurs ministères de Jean-Pierre Chevènement.
Formation
Avant d’entreprendre des études, Michèle Cotta avait d’abord hésité à entreprendre une carrière de comédienne. Elle est docteur en sciences politiques et fut l’élève de René Rémond (historien et politologue français, membre de l’Académie française, décédé en 2007).
Parcours professionnel
Michèle Cotta débute sa carrière en tant que journaliste politique pour le quotidien né durant la seconde guerre mondiale « Combat – Le Journal de Paris », elle y est alors pigiste.
1959
Michèle Cotta obtient pour le journal « Combat » un entretien avec François Mitterrand (alors sénateur de la Nièvre) à la suite du fameux attentat de l’Observatoire.
1963
Michèle Cotta est embauchée à L’Express (un journal qu’elle qualifie de « vraie famille) par Françoise Giroud. À partir de là, elle reconnaît avoir obtenu beaucoup de révélations des hommes politiques en usant de son charme et de sa féminité.
1976–1980
Michèle Cotta collabore au magazine Le Point. Elle est présente également sur les ondes de la radio France Inter, ainsi que sur RTL ou elle devient rédactrice en chef au début de l’année 1980.
1981
Elle est nommée par Pierre Mauroy (alors Premier Ministre), avec l’accord du Président de la République François Mitterrand, au poste de Présidente de Radio France.
1982–1986
Michèle Cotta préside la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (le prédécesseur du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel – CSA). Un poste qu’elle occupera jusqu’à l’arrivée de Jacques Chirac, le nouveau premier ministre la cohabitation.
1987–1992
Michèle Cotta devient directrice de l’information à TF1 privatisée.
1988
Michèle Cotta anime les débats télévisés du second tour des élections présidentielles françaises avec Jean Boissonnat et Elie Vannier.
1993
Michèle Cotta présente « La revue de presse » sur France 2.
1999–2000
Elle est nommée directrice générale de France 2.
2002
Le groupe AB (groupe audiovisuel français) nomme Michèle Cotta au poste de présidente du conseil de surveillance de sa filiale Absat.
2003–2008
Michèle Cotta occupe le poste de Présidente du Comité d’histoire de la Télévision (CHTV).
2009
Pour le deuxième tome des Cahiers secrets de la Vème République, Michèle Cotta est récompensée du ‘’prix du livre politique’’.
2011
Michèle Cotta quitte la Commission de déontologie d’Endemol (groupe de production de télévision néerlandais présent dans 22 pays), suite à la diffusion de programmes qu’elle trouve ‘’vulgaires ‘’.
2012
Michèle Cotta fait partie du jury de l’émission « Qui veut devenir président ? » pour France 4.
2014
Elle intègre le nouveau Conseil de surveillance du quotidien Nice-Matin. Un conseil de surveillance chargé d’« épauler » la rédaction, mais aussi et surtout de gouverner.
Michèle Cotta est aujourd’hui enseignante à Sciences Po Paris et vice-présidente de la chaîne IDF1 où elle anime l’émission politique « Michèle Cotta ». Sur tous les fronts, elle est également la doyenne du pôle de communication judiciaire de l’Ecole Nationale de la Magistrature.
Elle écrit régulièrement pour : Le Nouvel Économiste en tant que chroniqueuse politique, Nice-Matin, Le Point.
Sur le plateau d’LCI pour les Municipales, avec @ACrespoMara et @MichelField.
— Michele Cotta (@cotta_mi) March 23, 2014
Depuis 2014
Elle est régulièrement invitée à l’émission quotidienne C dans l’air sur la chaine publique France 5 et à 24h en question sur LCI.
Rentrée 2017
Elle annonce sa retraite à demi-mots dans son livre Quelle histoire ! Carnets secrets 2016–2017 sur l’élection de Macron : « ce sera à d’autres que moi de commenter le nouveau livre de la Ve République qui vient de s’ouvrir ».
Publications
-
La Collaboration, 1940–1944, édition Armand Colin (ouvrage tiré de sa thèse de 3éme cycle portant le même titre), 1963.
- Les élections présidentielles de 1965 (en collaboration avec Jean-François Revel), édition Imprimerie Busson, 1966.
- Les miroirs de Jupiter, édition Fayard, 1986.
- La sixième République, édition Flammarion, 1992.
- Les secrets d’une victoire, édition Flammarion, 1999.
- Carnet secrets de la présidentielle : mars 2001 – mai 2002, édition Plon, 2002.
- Politic Circus, édition L’Archipel, 2004.
- Cahiers secrets de la Vème République 1965–1977, tome 1, édition Fayard, 2007.
- Cahiers secrets de la Vème République 1977–1986, tome 2, édition Fayard, 2008.
- Cahiers secrets de la Vème République 1986–1997, tome 3, édition Fayard, 2009.
- Cahiers secrets de la Vème République 1997–2007, tome 4, édition Fayard, 2010.
- La Rose et le Gris : prélude au quinquennat de François Hollande, édition Fayard, 2012.
- Entretiens avec Michèle Cotta, Pierre Mauroy, une vie socialiste, fondation Jean-Jaurès, 2013.
- Le monde selon Mitterrand. Combats, pensées, arrière-pensées, piques, polémiques, Éditions Tallandier, 2015, 336 p.
- Comment en est-on arrivé là ?, éd. Robert Laffont, 2016
- Quelle histoire ! Carnets secrets 2016–2017, Robert Laffont, 2017
Ce qu’elle gagne
Non renseigné
Parcours militant
Non renseigné
Collaborations
Dans son livre intitulé « Une vie socialiste », Pierre Mauroy revient sur une succession d’entretiens avec Michèle Cotta.
Elle a dit
« La gauche pense que je ne suis pas engagée, et la droite pense que je suis hostile », reportage Empreintes, 2010.
« Pour dire la vérité, je trouvais que Jean-Jacques Servan-Schreiber instrumentalisait les femmes, mais je m’en foutais complètement parce que ça me donnait l’occasion de faire du journalisme politique, ce que je voulais », à propos de ces premiers pas au journal L’Express, reportage Empreintes, 2010.
« J’étais à la Haute Autorité quand Jacques Chirac est arrivé au pouvoir, en 1986, et j’ai fait partie des premières personnes qu’il a reçues en me disant : “Bah ! Excuse-moi, mais tu gicles !” », reportage Empreintes, 2010.
« J’avais émis des réserves sur Secret story, qui ne m’avait déjà pas emballée. Mais Carré Viiip, ce n’est plus possible. Les valeurs défendues par cette émission ne sont pas positives. L’idée d’être célèbre à tout prix, ce n’est vraiment pas bien », Télé 2 semaines, 2011.
« Marine Le Pen doit être interviewée comme n’importe quel invité. Le mieux est d’être naturel, de préparer ses dossiers. C’est ce qu’a fait Anne-Sophie Lapix lors de sa dernière interview avec elle ; elle a réussi à la “coincer” en douceur. Cependant, si on peut faire ça avec Marine Le Pen, ce n’est qu’à condition de le faire avec tout le monde », Atlantico, 2012.
« Jean-Marie Le Pen était très difficile à interviewer. Si on était complaisant avec le père on se faisait taxer “d’apprenti-raciste” et si on était agressif, ça passait mal à la télévision et on donnait l’air de traiter l’invité différemment. Marine Le Pen est quand même plus facile à interviewer que son père », Atlantico, 2012.
« Servi ou desservi d’être une femme ? Bizarrement, les deux. Cela m’a beaucoup desservie au début de ma vie professionnelle, entre 20 et 30 ans. Je voulais faire du journalisme politique, ce qui a été longtemps, et l’était encore (ce n’est plus le cas), réservé aux hommes : difficile de démontrer, à l’époque, ma crédibilité. J’avais tous les diplômes nécessaires (licence, Sciences Po, doctorat de sciences politiques) mais, dans l’esprit des hommes politiques, mon âge et mon sexe ne cadraient pas avec mon emploi », La Revue civique, printemps-été 2012.
« Mon obstination dans le journalisme politique a été sans faille pendant vingt ans. Que j’ai monté des marches, progressivement, malgré l’idée, qui restait dans l’esprit de certains qu’une femme valait la moitié d’un homme. J’ai travaillé d’ailleurs deux fois plus », ibid.
« L’essentiel est de rester naturel. C’est d’ailleurs le plus difficile. Ne pas tenter de jouer la virilité : cela ne convainc personne, donc ne sert à rien, sinon à une affectation qui ne correspond pas à votre personnalité. Ne pas tenter de séduire […] Surtout ne pas minauder », ibid.
« J’ai bien compris que, si j’étais nommée, ce n’était pas à cause de certaines qualités uniquement, mais à cause de cette fameuse « discrimination positive » qui oblige les hommes à réserver une place aux femmes. Encore faut-il noter que cette impulsion a été donnée par des hommes politiques, et notamment Valéry Giscard d’Estaing qui le premier, a donné aux femmes des ministères traditionnellement occupés par des hommes. Sans ce coup de pouce là, suivi d’autres, rien ne se serait passé », ibid.
« Moche et minable ! », Michèle Cotta à propos de la conférence de presse du président de la République François Hollande, en direct sur France 2, janvier 2014.
« Spectacle minable d’une histoire qui devait rester privée, il affaiblit le président au pire moment », Michèle Cotta à propos du livre de Valérie Trierweiler, Le Point, 2014.
« Macron a le mérite du courage », Le Point, 2014.
« On le sait tous que l’immigration est un problème, mais on ne le dit pas », Michèle Cotta lors d’une conférence revenant sur le succès du dernier livre d’Eric Zemmour ‘’Le suicide français’’, 2014.
« Le quinquennat [de Hollande] a commencé par deux ans ratés. Il était convaincu que le dialogue social était possible. Mais il faut bien dire que la CGT d’un côté et les patrons ne l’ont pas aidé », Europe 1, 06/10/2016.
« Pour le moment, ça met en l’air nos théories sur la Ve République où il y avait depuis des années : opposition / majorité, majorité / opposition (…) Ça prouve que la notion des partis, les Français en avaient assez. Et je crois que les Français trouvaient que ces clivages étaient imbéciles parce que cela consistait à dire « non » à ce que dit la droite si on est à gauche, et « non » à ce que dit la gauche si on est à droite », au sujet de Macron, Public Sénat, 28/11/2017.
« Rappelez-vous, quand Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, il a défait […] pas mal de ce qu’a fait Chirac […] Quand François Hollande est arrivé, il a détruit beaucoup de choses de Nicolas Sarkozy. C’est vrai que l’on ne peut pas demander aux Français de s’y retrouver. On a l’impression que souvent, à force de détruire ce que font les autres, on fait du surplace. Et ça, à mon avis, c’est une des raisons essentielles de la montée d’Emmanuel Macron », ibid.
« Il ne fait rien par hasard. Alors de temps en temps, ça peut terrifier d’avoir un homme comme ça, aussi construit. Mais on peut penser que le hasard ou la force des choses, peut-être un jour, le prendra à revers », ibid, au sujet de Macron
« Macron est un tueur souriant », TV5 Monde, 21/12/2017.
« Macron est un home hors normes, hors normes politiques […] pendant sa campagne, il y avait des morceaux très christiques », Quelle histoire, carnets secrets 2016–2017 (2017).
Ils ont dit
« Elle en fait dix fois trop, mais elle adore la politique, elle ne peut pas s’en passer, même au début de la campagne pour la présidentielle, quand tout le monde trouvait ça ennuyeux au possible, pour elle c’était passionnant », Danièle de La Gorce, Libération, 2002.
« La vie d’une Michèle Cotta qui va à l’anniversaire de Bayrou et boit un pastis avec Gayssot. Proche de Mitterrand et de Chirac », Libération, 2002.
« Dans les années soixante-dix, Michèle Cotta et son alter ego de droite, Catherine Nay, battent ensemble le pavé à l’Assemblée, créant un jour un scandale parmi les huissiers qui s’offusquent de leurs tenues : une minijupe pour Nay, un tailleur-pantalon écarlate pour Cotta », Libération, 2002.
« Elle est totalement fascinée par le pouvoir (…) Elle a des yeux plus convaincants que ses arguments », à propos de l’attitude de Michèle Cotta dans les années 1960, Libération, 2002.
« Elle aime les hommes et ils le sentent », Danièle de La Gorce, Libération, 2002.
« De la télé à la radio, d’un amour à l’autre, de la droite à la gauche, du public au privé, Michèle Cotta papillonne », Libération, 2002.
« La journaliste ne s’est jamais cachée de ses relations avec les politiques, et Jacques Chirac ne s’est jamais caché de ses relations avec les journalistes féminines. D’après les rumeurs qui courent sur les aventures extra-conjugales de nos chefs d’État, reprises par les auteurs du livre ”Sexus Politicus”, deux anciens présidents auraient eu leurs habitudes avec ces deux jeunes femmes, et Jacques Chirac pourrait bien être de ceux-là… », Femme Planet, 2010 (NB : Sexus Politicus est un ouvrage écrit par Christophe Dubois (Le Point) et Christophe Deloire (Le Parisien) paru en 2006, traitant de l’importance de la sexualité dans la politique française)
« Tant qu’il lui restera une once d’énergie, Michèle Cotta poursuivra son métier : celui de journaliste politique », Le Figaro, 2011.
« Telles deux perles enchâssées dans un écrin, Michèle Cotta et Catherine Nay affolèrent ainsi les haras de la République dont elles sillonnèrent les coulisses, greniers et boudoirs », dans le livre Les amazones de la République – Sexe et journalistes à l’Élysée de Renaud Revel, 2013.
« “Cash” et sans détours, on la vit sortir un jour toute guillerette de l’hôtel California, à Paris, ou elle avait rejoint un responsable politique : “j’ai des infos !” lança-t-elle », dans le livre Les amazones de la République – Sexe et journalistes à l’Élysée de Renaud Revel, 2013.
« Femme de conviction et observatrice aguerrie de notre vie politique, Michèle Cotta brosse le tableau édifiant d’un chaos sans précédent dans l’histoire de la Ve République. Au fil de ses rencontres et de ses échanges avec les principaux acteurs de cette séquence hors normes — de François Hollande, Manuel Valls ou Emmanuel Macron à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Bayrou et Marine Le Pen -, elle nous plonge dans les coulisses d’une incroyable dérive où la déliquescence des idées se conjugue à l’impuissance des gouvernants, à gauche, et à l’anarchie des ambitions, à droite », France Culture, 2016.
« Michèle Cotta aime autant son métier qu’elle aime la politique. La fille du maire de Nice est née dedans, elle y est restée. Enrôlée dans les troupes d’élite de « L’Express ” de l’époque, le chef était Françoise Giroud, Michèle fut, avec Catherine Nay, l’un de ses deux adjudants. Giroud les lança à l’assaut de l’Assemblée. De la salle des Quatre-Colonnes, elles étaient la cinquième. Personne n’a su mieux recueillir les confidences des hommes politiques, comprendre leur stratégie, anticiper leurs revirements. Depuis 1963, Michèle Cotta ne se déplace pas sans ses cahiers, mieux, elle les a conservés », Les Échos, 27/10/2017.
« Elle oscille entre la saturation face à cet exercice [les carnets politiques] et, à demi-mots, la contrariété face au renouvellement du paysage politique, devenu plus difficile à commenter pour ceux qui avaient leurs réseaux et leurs habitudes », Public Sénat, 28/11/2017.
Sa nébuleuse
Catherine Nay, Danièle de La Gorce, Françoise Giroud, Robert Namias.
Crédit photo : DR