Mi-avril, le quotidien britannique The Sun publiait, trois jours après le naufrage d’un bateau de migrants en Méditerranée, une tribune virulente où ces derniers étaient comparés à des « cafards » et des « sauvages ».
Écrit par la “politiquement incorrecte” Katie Hopkins, habituée des formules choc, l’éditorial du 17 avril évoquait « une peste d’humains sauvages ». « Montrez-moi les images de cercueils, montrez-moi les corps flottants dans l’eau, jouez du violon et montrez des personnes affamées et tristes. Je n’en ai toujours rien à faire », expliquait-elle.
Pour celle-ci, grossièrement comparée par Libération à « une sorte de Zemmour britannique », certaines villes anglaises sont devenues « des plaies putrides où des nuées de migrants et de demandeurs d’asile empochent les allocs comme si c’était de l’argent du Monopoly ». « Ne vous trompez pas, ces immigrants sont comme des cafards. Ils peuvent ressembler un peu à l’Éthiopie de Bob Geldof en 1984, mais ils sont construits pour survivre à une bombe nucléaire. Ce sont des survivants… », a‑t-elle estimé avant de préconiser l’utilisation de canons pour les repousser. Aussi, « faire quelques trous au fond de tout ce qui peut ressembler à un bateau serait également une bonne idée ».
Selon le Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations Unies, cet article est écrit « dans un langage très similaire à celui employé par le journal Kangura et la Radio des Mille Collines au Rwanda au cours de la période précédant le génocide de 1994 ».
« Les attaques verbales sournoises contre les migrants et les demandeurs d’asile par les tabloïds britanniques se poursuivent depuis trop longtemps, sans être contestées d’un point de vue légal. Je suis un défenseur inflexible de la liberté d’expression, qui est garantie par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), mais cette liberté n’est pas absolue », a estimé Zeid Ra’ad Al Hussein vendredi à Genève.