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Portrait : Jean-Pierre Elkabbach

2 août 2015

Temps de lecture : 5 minutes
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Portrait : Jean-Pierre Elkabbach

Temps de lecture : 5 minutes

Durant l’été, l’Ojim vous propose de revivre les grands moments de l’actualité de ces derniers mois passés au crible de la critique des médias. Une période marquée par les attentats bien sûr (à Paris en janvier puis en Isère en juin), mais aussi par les élections départementales, l’acquittement des policiers dans l’affaire Zyed et Bouna, le phénomène Zemmour ou « l’affaire Ménard » dans laquelle la plupart des médias ont plongé avec délectation. Afin de contribuer à une meilleure connaissance des médias, l’Ojim continue également à enrichir sa base de données en portraits de journalistes (plus de 150 à ce jour), publiant ce que certains journalistes ne voudraient pas forcément voir publier… N’oubliez pas que l’Ojim est un site entièrement indépendant qui ne vit que grâce à vos dons. Aidez-nous à remplir notre rôle d’Observatoire des médias et à exercer librement notre critique du système médiatique. Tout don nous est utile.


Jean-Pierre Elkabbach,
la fascination du pouvoir

« Nom­breux sont les témoignages qui le décrivent fasciné par le pou­voir et les “puis­sants”, courant dans leur sil­lage, leur arrachant des inter­views, des ren­con­tres, des entre­vues, se grisant de cette prox­im­ité avec “ceux qui font le monde” » Vin­cent Quivy, Pro­fes­sion : Elk­a­b­bach, édi­tion du Moment, 2009

Atteint d’une « sorte de mal­adie » selon son biographe, Jean-Pierre Elk­a­b­bach cul­tive une par­tic­u­lar­ité dans le monde du jour­nal­isme : il n’écrit pas, ou très peu. C’est assez rare pour un jour­nal­iste mais cela ne l’a nulle­ment empêché de men­er la car­rière que l’on sait. C’est qu’à défaut de manier la plume, cette fig­ure indéboulonnable de la radio et de la télévi­sion, née à Oran en 1937, maîtrise par­faite­ment l’art du cour­tisan, ce qui lui a ren­du bien des ser­vices et lui aura assuré cette car­rière impres­sion­nante de plus de 50 ans. Il est ain­si l’un des derniers dinosaures du jour­nal­isme français.

Sarkozyste con­va­in­cu pour les uns, oppor­tuniste proche de tous les pou­voirs pour les autres, Jean-Pierre Elk­a­b­bach ne laisse pas indif­férent. Sorte de Tal­leyrand du jour­nal­isme, la prox­im­ité avec le pou­voir et les puis­sants le fascine au point que la déon­tolo­gie demeure trop sou­vent rangée au fond d’un tiroir, comme une vieille promesse bien vite rat­trapée par l’ambition.

Issu d’une famille juive algéri­enne, il a vu son enfance mar­quée par la mort de son père, négo­ciant en import-export et vice-prési­dent de l’Olympique de Mar­seille, alors qu’il lisait une prière à la syn­a­gogue d’O­ran. Selon la légende, il lui aurait alors juré de « ren­dre un jour son nom célèbre ».

Études

Il obtient son bac­calau­réat au lycée Lam­or­i­cière d’O­ran avant de par­tir pour Paris. Dans la cap­i­tale, il fait des études à l’In­sti­tut français de presse, à la fac­ulté des let­tres de l’U­ni­ver­sité de Paris ain­si qu’à l’In­sti­tut d’é­tudes poli­tiques (IEP) de Paris. En par­al­lèle, il suit des cours de théâtre, sa grande passion.

Parcours

En 1960, Jean-Pierre Elk­a­b­bach effectue un stage à Radio Alger après avoir fait preuve d’ini­tia­tive auprès du directeur de l’an­tenne lors de ses vacances dans le pays. Mais dès 1961, il est arrêté par les para­chutistes français lors du putsch d’Al­ger, ces derniers lui reprochant d’être un « traitre à l’Algérie française », Pied-noir qui plus est. Il retourne alors en France et se voit nom­mer à l’ORTF.

Après les événe­ments de mai 68, aux­quels il a pris part en faisant grève, il est mis au plac­ard, muté à Toulouse, puis envoyé comme cor­re­spond à Bonn (Alle­magne). Cela ne l’empêche pas, dès 1970, d’ac­céder à la présen­ta­tion du jour­nal télévisé de la pre­mière chaîne. Deux ans plus tard, il passe, au même poste, sur la deux­ième chaîne et présente égale­ment le mag­a­zine « Actuel 2 ».

En 1974, il rejoint France Inter et présente la tranche info de la mi-journée. L’an­née suiv­ante, il est nom­mé rédac­teur en chef de la sta­tion, puis rédac­teur en chef à la direc­tion de l’in­for­ma­tion de Radio France. En 1977, il devient égale­ment directeur de l’in­for­ma­tion d’Antenne 2. Fait mar­quant : en octo­bre 1979, il écarte Claude Séril­lon de la revue de presse pour avoir traité de l’af­faire des Dia­mants de Bokassa.

Entre 1977 et 1981, il ani­me sur la chaîne publique plusieurs émis­sions dont « Cartes sur tables ».

En 1981, suite à l’élec­tion de François Mit­ter­rand à la prési­dence de la République, il est écarté de l’an­tenne car jugé trop proche de l’an­ci­enne majorité. Il rejoint alors Europe 1 où il ani­me, jusqu’en 1987, l’émis­sion « Décou­vertes ». Il est ensuite nom­mé directeur d’an­tenne et se voit pro­pos­er la présen­ta­tion du « 8h-9h ».

L’an­née suiv­ante, il est nom­mé directeur général adjoint. En novem­bre 1990, tout en con­ser­vant ses fonc­tions sur Europe 1, il devient le con­seiller du prési­dent et du directeur général de La Cinq, Yves Sabouret. En 1991, sur La Cinq, il ani­me « Pile ou face » et « Dimanche, 20h10, Elkabbach ».

En 1992 il présente « Repères » sur France 3 jusqu’en 1993. Entre avril 1993 et juin 1994, il s’entretient avec François Mit­ter­rand pour le doc­u­men­taire « François Mit­ter­rand : con­ver­sa­tions avec un Prési­dent » (dif­fusé après sa mort). En décem­bre 1993, il est élu prési­dent de France 2 et France 3 (qui devi­en­nent alors France Télévi­sions).

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