Football, Canal+ et Sarkozy
Michel Denisot est né en avril 1945 à Buzançais en Indre, il est journaliste, producteur et animateur de télévision, il a également été président de deux clubs de football français.
Formation
Orphelin de père à 5 ans, Michel Denisot suit deux années d’études au centre d’apprentissage CARTIF (écoles de formation professionnelle ouvrant aux emplois d’ouvriers ou d’employés qualifiés) alors qu’il a 15 ans. Il a redoublé trois fois sa première et deux fois sa terminale, repassant l’épreuve du Baccalauréat à trois reprises, sans succès. Michel Denisot n’est détenteur d’aucun diplôme.
Parcours professionnel
Michel Denisot fait ses débuts dans le journalisme en tant que pigiste dans la presse locale de Châteauroux dans les années 1960.
1968
Il est pigiste pour les stations régionales de l’ORTF de Limoges, Poitiers, Bordeaux et Reims.
1969
Michel Denisot se fait engager dans l ‘équipe du jeu télévisé à succès « Le Schmilblic ».
1972
Michel Denisot décroche un poste comme homme à tout faire pour la chaine de l’ORTF (future TF1). Son travail consiste principalement à porter les boissons.
1975
Il co-présente le journal télévisé de 13 heures en compagnie d’Yves Mourousi et de Claude Pierrard.
1977
Michel Denisot rejoint le service des sports de la chaine TF1 en tant que commentateur de football.
1980
Michel Denisot présente le jeu estival « La bonne conduite », une émission consacrée à la sécurité routière.
1981
Il est animateur pour l’émission « Téléfoot ».
1984
Michel Denisot quitte la chaine TF1 et rejoint Canal. Sur la nouvelle chaine cryptée il produira et présentera plusieurs émissions : le « 7/9 » (1984–1985), « Zénith » (1985–1987), « Mon Zénith à moi » (1987–1992), « Le Journal du cinéma » (1992), « Demain » (1988–1990), « La grande Famille » (1990–1991), « Télés Dimanche » (1992), « À part ça » (1996–1998).
1987
Michel Denisot signe son retour sur TF1 en tant que présentateur de l’émission « Ciné-Stars ».
1989
Michel Denisot devient le président du club de football « La Berrichonne » de Châteauroux. Un poste qu’il occupera jusqu’en 1991. Durant cette période, il parviendra à faire monter le club en deuxième division.
1991
Fort de son succès à la tête du club de football « La Berrichonne » de Châteauroux, Michel Denisot devient le président délégué du Paris Saint-Germain jusqu’en 1998. Durant sa présidence, le club gagnera un championnat de France, six coupes nationales et une coupe européenne.
1993
Michel Denisot est nommé directeur artistique des cérémonies du Festival de Cannes.
1994
Il devient directeur artistique des cérémonies des César du cinéma.
1998
Michel Denisot est promu directeur des sports de Canal ainsi que président d’Eurosport France (poste qu’il occupera jusqu’en 2001). Le président de la République Jacques Chirac le décore de la Légion d’honneur en récompense de son travail à la tête du club de football du Paris Saint-Germain.
2001
Grimpant les échelons de la chaine Canal, Michel Denisot est nommé directeur délégué de la chaîne.
2002
Michel Denisot redevient le président du club de football « La Berrichonne » de Châteauroux, poste qu’il occupera jusqu’en 2008.
2003
Avec la multiplication des chaines télévisées et celles du groupe Canal+, Michel Denisot prend la direction de la chaine Sport+ et la chaine d’information en continue i>Télé.
2004
Michel Denisot devient le directeur général adjoint du groupe Canal+ de Bertrand Méheut. Cette année là il revient à la télévision en animant l’émission Le « Grand Journal » tous les soirs sur Canal+ de 19h à 20h.
2009
Le Paris Saint-Germain propose à Michel Denisot de revenir à la direction du club, un poste qu’il refusera.
Durant la conférence de Copenhague sur l’écologie et l’avenir de la planète, le président Nicolas Sarkozy choisit de s’expliquer sur les projets engagés par la France sur ce sujet devant Michel Denisot. Dans cette interview le président de la république enchaînera les erreurs et bourdes sur le sujet écologique sans que jamais l’animateur ne le reprenne. Une attitude qui ne manquera pas de marquer les médias et les politiques sur la passivité du journaliste.
2011
Michel Denisot et le « Grand Journal » s’envolent pour la Côte d’Ivoire, ou le présentateur a réussi à obtenir une interview extraordinaire du président Laurent Gbagbo, battu aux élections et refusant de céder le pouvoir. Une interview qui a beaucoup fait parler d’elle puisque Laurent Gbagbo à la suite de sa défaite n’a pas été reconnu par la commission électorale internationale (sous l’égide de l’ONU) et la plupart des pays d’Afrique et d’Europe, France comprise. L’Élysée laissera échapper son mécontentement sur cette initiative de Michel Denisot, « On présidentialise soudainement un homme dont la victoire est pourtant contestée de toute part. On donne le sentiment de crédibiliser sa démarche ».
2012
Michel Denisot devient directeur de la rédaction du magazine Vanity Fair dans sa version française.
2013
Il laisse sa place de présentateur du « Grand Journal » sur Canal+ à Antoine de Caunes.
Cette même année, alors qu’il présente un des derniers numéros du « Grand Journal » depuis la Croisette à Cannes, des balles à blanc sont tirées par un individu, provoquant la panique dans le public et sur le plateau. Cet épisode a profondément marqué Michel Denisot, certains avanceront même que cette séquence l’a poussé à quitter le « Grand Journal ».
2018
Il anime “Le Journal du Festival” et “Profession…” sur Canal+. Parallèlement, il est le présentateur de l’émission “En off” sur Paris Première.
2019
Denisot passe derrière la caméra pour réaliser une comédie brocardant le monde du petit écran, Toute ressemblance…, mettant en scène Franck Dubosc dans le rôle d’un présentateur star du 20 heures, derrière lequel on devine sans peine la figure d’Yves Mourousi. Fait curieux et vaguement inquiétant, aucune projection de presse n’est organisée avant la sortie. Le film, qui sort en salles en novembre 2019, rencontre un échec embarrassant en salles, ne rassemblant qu’un peu plus de 100 000 spectateurs au bout de trois semaines d’exploitation, pour un budget s’élevant à 8 millions d’euros. Un ratage d’une magnitude comparable à l’époustouflant Cinéman de Yann Moix, où Dubosc était déjà présent.
Publications
- Brèves de vies, Fayard, 2014.
- Nicolas Sarkozy, Au bout de la passion, l’équilibre…, 1995 (entretiens avec Michel Denisot).
- Le Berry : du foot et des hommes, (avec Laurent Fortat et Sébastien Péaron), La Bouinotte éditions, 2003.
Filmographie
- Incognito, 2009.
- Bref – je crois que j’ai croisé Michel Denisot, teaser de la série « Bref », 2011.
- L’amour dure trois ans, 2012.
Ce qu’il gagne
En 2012, sur le plateau du « Grand Journal» le candidat à la présidence de la république Nicolas Dupont-Aignan est invité par Michel Denisot et Jean-Michel Aphatie. Le candidat souverainiste y parle alors chômage et pauvreté, et finit par s’emporter sur les deux animateurs leur demandant de communiquer leur salaire : « Donnez-nous votre salaire, combien vous gagnez ? Combien vous gagnez ? Dites-le aux Français ! Vous n’oserez pas le dire ». Mais Michel Denisot refuse « de polémiquer », répondant que « ça ne le regardait pas » avant de conclure que son salaire à lui (à Dupont-Aignan) était « payé avec ses impôts ». Plus tard Nicolas Dupont-Aignan s’expliquera sur cette altercation : « Ce n’était pas du tout prévu. Mais ce qui m’avait choqué, c’est que quand je parlais du chômage et de la misère des gens, les téléspectateurs ne voyaient pas mais Denisot et Aphatie se foutaient de ma gueule. Ils rigolaient ensemble (…) C’était un mépris qui m’était insupportable et j’ai mal réagi — peut-être — encore que je suis assez content de leur avoir demandé des explications ».
Parcours militant
En 1995 Michel Denisot publie un livre d’entretiens avec Nicolas Sarkozy. Certains de ses confrères journalistes critiquent alors ce choix. À la suite de cet ouvrage, Michel Denisot déclarera être « resté un ami très proche de Nicolas Sarkozy depuis cette époque ».
En 2002, il déclarera avoir voté pour la candidate Arlette Laguiller, avant de préciser : « Je n’ai pas de formation, je ne suis membre de rien, à part de la confrérie du fromage de tête, aujourd’hui dissoute, je suis sans étiquette » dans les colonnes du journal Libération.
Peu avant les élections présidentielles de 2012, le site Première propose un sondage en ligne sur les intentions de vote de certains grands journalistes. On y retrouve Michel Denisot qui selon les internautes pencherait d’avantage du côté de Nicolas Sarkozy avec 40%, et 37% pour François Hollande.
Collaborations
Non renseigné.
Récompenses
Michel Denisot a reçu l’Ordre du Mérite Agricole, remis par le socialiste Jean Glavany. Jacques Chirac le décorera de la Légion d’Honneur en 1998.
Il a dit
« Pour me remercier, il m’a invité à dîner et le personnage m’intéressait. Il assumait complètement l’ambition suprême. Dire que j’appartiens à son cercle rapproché est une bêtise », à propos des rumeurs circulant sur sa proximité avec Nicolas Sarkozy, QG, 2010.
« J’ai eu envie d’arrêter à Cannes, quand le fou a tiré 2 coups de feu sur la Croisette… J’ai vu ça comme un signe, ça m’a marqué, je me suis dit que ça voulait peut-être dire quelque chose », Le Parisien, 2013.
« Entre ceux qui partent et ne le disent pas — soit la majorité des acteurs et sportifs français — et lui qui le dit, mon choix est fait. Et il n’a pas “lâché” la France : les employés des commerces qu’il tient ici sont très contents de leur sort », dans TVmag à propos du départ de l’acteur Gérard Depardieu de France, 2014.
« (Manuel Valls) quelqu’un qui a une grande popularité et qui ne crée pas d’empathie artificielle », Michel Denisot, Le Figaro, 2015.
« Quand je coupais des dépêches à Cognacq-Jay et que je portais le café à Elkabbach, ce n’était pas terrible mais j’étais content déjà. En fait, je ne prenais pas beaucoup de vacances et il y a toujours un moment où j’ai remplacé quelqu’un. Les seuls concours que j’ai réussis ce sont les concours de circonstances », FranceInfo, 2019.
Ils ont dit
« Et toujours ses interviews minimalistes, très policées comme lui. Impassible. Un qualificatif qui l’agace », Libération, 2002.
« Le 1er mars 1995, le journaliste de Canal + Michel Denisot publie un livre d’entretiens avec Nicolas Sarkozy, “Au bout de la passion, l’équilibre”. Tout au long du livre, Michel Denisot ne fait que servir la soupe à Nicolas Sarkozy. L’objectif est de montrer aux lecteurs que le jeune Sarkozy est en réalité un homme politique raisonnable, calme et équilibré », Bella Ciao, 2008.
« Il a toujours besoin d’adrénaline. Dès qu’il peut, il saute sur l’occasion (…) Il aime bien les interviews un peu improbables. Il avait adoré rencontrer le Dalai Lama au Bouthan, David Bowie à New York. Il dit toujours que c’est l’école Mourousi », un membre de la chaine Canal+, 20 minutes, 2011.
« Parfois critiqué pour son côté lisse et consensuel, l’animateur, au carnet d’adresses à faire rougir Michel Drucker, a construit sa carrière comme il l’a toujours entendu », Le Figaro, 2015.
« Michel Denisot est un très bon professionnel, malheureusement peu généreux, a‑t-il écrit. Ses invités doivent surtout le mettre en valeur. Il n’aide pas. Il reçoit distant, à peine bienveillant. Il se sert des autres mais se garde bien de les aider. Il est à l’affût du piège qu’il pourrait tendre », Jean-Pierre Coffe dans son livre autobiographique « Une vie de Coffe », 2015.
« Même s’il n’est pas nommément cité, on reconnaît facilement le bonhomme. En poste dans la quotidienne de Canal+ la saison dernière, le philosophe Ollivier Pourriol, reconverti pour l’occasion en chroniqueur télé, a pu en effet à loisir observer de l’intérieur le fonctionnement de la vitrine en clair de la chaîne cryptée. Notamment celui de Michel Denisot, à la tête du « Grand Journal » depuis neuf saisons. Et tout ça n’est pas joli joli. De fait, Denisot ne serait qu’un « crocodile » régnant sur un univers où « on attaque les petits, on flatte les grands ». Au fil de ce livre intitulé On/Off, ce sont les autres qui parlent le mieux du grand manitou. Pourriol entend ainsi, à son sujet : « Prédateur pour tous et proie pour personne, c’est lui qui régule tout son écosystème. » Mieux encore : « On balance des chroniqueurs à proximité du super-prédateur et on regarde qui s’en sort […] Les gens observent et attendent le coup de griffe ou de dents. », VSD, 25 avril 2013.
« Parfois critiqué pour son côté lisse et consensuel, l’animateur, au carnet d’adresses à faire rougir Michel Drucker, a construit sa carrière comme il l’a toujours entendu. », Le Figaro, 2015.
« Michel Denisot est un très bon professionnel, malheureusement peu généreux, a‑t‑il écrit. Ses invités doivent surtout le mettre en valeur. Il n’aide pas. Il reçoit distant, à peine bienveillant. Il se sert des autres mais se garde bien de les aider. Il est à l’affût du piège qu’il pourrait tendre », Jean-Pierre Coffe dans son livre autobiographique Une vie de Coffe, 2015.
« L’idée de cet exercice d’autodérision est née lors d’un dîner au Festival de Cannes. Attablé à côté de la patronne d’UGC, Brigitte Maccioni, Michel Denisot commence à raconter les coulisses du «JT». Elle se passionne pour des bruits de couloirs, les vacheries en régie, ces journalistes aveuglés par les lumières de la célébrité, les échos d’un tout petit monde qui, hélas, ne font pas un bon film. », Le Figaro, 13 décembre 2019.
Sa nébuleuse
Jean-Pierre Elkabbach, André Rousselet, ancien député socialiste, ancien préfet et ministre de l’intérieur, qui fut également chef de cabinet adjoint de François Mitterrand et fondateur de Canal+. Pierre Lescure, Marc-Olivier Fogiel, Charles Biétry, ancien directeur délégué de la chaîne télévisée beIN Sport. Ariane Massenet, Christophe Dechavanne, Yves Mourousi, Xavier Couture, Dominique Farrugia, Jean-Michel Aphatie, Claude Pierrard, Brigitte Maccioni, directrice générale adjointe d’UGC.
Crédit photo : Olitax via Wikimédia (cc)