Apple a décidé de marcher sur les traces de Facebook et de lancer son écosystème où il proposera aux grands médias de diffuser leurs articles. A ses conditions. Or, quand on voit les conditions publicitaires que la firme à la pomme impose déjà aux médias, il y a de quoi s’inquiéter.
Le Canard Enchaîné s’est intéressé cet été à ces conditions publicitaires discrètes que les médias, vu leur situation financière et le déclin de leur lectorat, ne peuvent guère refuser. L’hebdomadaire a ainsi interrogé le patron d’une grande régie publicitaire française – sous couvert d’anonymat, évidemment. Ainsi, les annonceurs – notamment les magazines – qui veulent publier une pub Apple en quatrième de couverture se voient imposer une charte extrêmement précise – même si Apple le nie : « Apple est un annonceur particulier qui nous oblige à signer une charte pour diffuser sa publicité. Tout ce qui est traumatisant, trop dramatique en première page doit être évité pour ne pas perturber le produit Apple. Donc cigarettes, sexe, violence et terrorisme sont des sujets interdits », explique ce patron de régie.
Parfois, il y a des ratés liés à l’urgence de l’actu ou au défaut de communication entre rédaction et régie publicitaire. La pub Apple passe alors dans un numéro avec une couverture prohibée par la charte et l’éditeur se voit contraint d’expédier une lettre pour s’excuser platement devant Apple et promettre de repasser sa pub gratuitement dans les conditions de la charte. En priant très très fort pour que la firme américaine pardonne… Cette conception particulière de la liberté de la presse expliquerait en partie les unes si typiques des magazines français, sur l’immobilier, les francs-maçons, la santé ou les classements divers. Belle réussite, vraiment, pour une marque dont le slogan est « Think Different ».