Dans un entretien à L’Obs, Yann Moix se livre sur ses débuts de chroniqueur dans « On n’est pas couché », sur son instabilité idéologique… et sur ses fréquentations passées.
Voilà 5 ans qu’il « rêvait d’avoir le poste ». C’est désormais chose faite depuis la rentrée. Après trois émissions en guise de test de calibrage, il confie avoir choisi « la carte de l’agressivité ». Manque de chance, l’écrivain s’est très vite trouvé face à Michel Onfray. « Ce combat de boxe, je l’ai perdu mais il a pris quelques bourre-pifs », confie-t-il.
En effet, en terme de confrontation, Onfray est ce qu’on pourrait appeler un bon client. « Il y a quatre personnes contre lesquelles on ne peut rien : Tariq Ramadan, Jean- Marie Le Pen, Michel Onfray et Bernard Tapie », note Moix. Désormais, c’est sans doute un poil plus mesuré qu’il se présentera aux téléspectateurs.
Mais où le situer politiquement ? Interrogé par L’Obs sur son duo avec Léa Salamé, qui est bien éloigné du tandem droite-gauche Zemmour-Naulleau, Yann Moix confesse ne pas savoir du tout interroger les hommes politiques. Pire : il avoue être « une vraie girouette », n’avoir « aucune colonne vertébrale politique ».
À l’origine étiqueté à droite car Geneviève Dormann avait, en 1996, encensé son premier roman (Jubilations vers le ciel, Grasset), le chroniqueur dit n’avoir jamais voté de sa vie. « Sauf en 1988, Waechter au premier tour et Chirac au second », ajoute-t-il avant de développer ses affinités : « J’adore Bayrou. J’aimais bien Sarkozy en privé. Je l’ai rencontré trois fois, un show-man. Comme être humain, il me fascine, il est hypermnésique, d’une intelligence extraordinaire, c’est inouï. J’adore écouter Mélenchon parler de Robespierre, même si je pense l’inverse de lui. Les gens qui ont des idées affirmées m’impressionnent. »
Autre sujet sensible : son passé. Car au-delà de la critique de Geneviève Dormann, Yann Moix traîne derrière lui quelques casseroles. Dans la bouche de L’Obs, cela donne : « une proximité avec la fachosphère ». Ce à quoi Moix rétorque : « Depuis “ONPC”, j’ai l’impression d’être le seul être humain au monde à avoir côtoyé Marc-Edouard Nabe. Quand j’étais jeune, c’était mon écrivain préféré, je n’ai jamais caché mon admiration littéraire pour lui. Je suis très étonné qu’on veuille me contaminer avec ce qu’il est devenu ». On notera le terme « contaminer » !
« Aujourd’hui, on veut me polluer avec les fréquentations que j’ai eues. Un truc d’extrême droite », estime-t-il. Des fréquentations comme Nabe, mais aussi comme Paul-Éric Blanrue qui lui a jadis dédicacé son Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme. « Il n’a jamais été un ami, juste un copain », se défend-il. Ce n’est que « plus tard » qu’il aurait « découvert un type devenu complotiste, révisionniste, négationniste ». Car Moix l’assure : « Il (Blanrue, NDLR) n’a jamais montré devant moi le moindre signe d’antisémitisme. »
Une version bien éloignée du témoignage qu’a livré l’intéressé sur son blog, révélant un Yann Moix aux antipodes de celui qui, aujourd’hui, se présente aux téléspectateurs de France 2...
Voir aussi : Yann Moix, toto écrivain (portrait)
Crédit photo : RTL (DR)