Les six sociétés de journalistes et les syndicats du Groupe Altice Media (GAM) appellent à un débrayage de deux heures aujourd’hui. Le mouvement pourrait s’amplifier compte tenu du climat électrique qui règne dans l’entreprise.
Vacuité du projet stratégique 2016–2018 (essentiellement tourné vers le numérique et l’événementiel), “casse sociale” (125 poste sur 650 en cours de suppression), amateurisme et contradiction de la direction : les griefs des organisations de salariés ne manquent pas contre l’équipe de Patrick Drahi. Après un premier mouvement de grève à la rentrée, le repreneur de l’ex Groupe Express Roularta, connaît un nouveau débrayage. Les salariés de la dizaine de magazines de GAM (L’Express, L’Expansion, L’Étudiant, etc) sont appelés à poser leur stylos cet après-midi. Si elle ne remet pas en cause la sortie des titres, la plupart mensuels, cette grève est avant tout un avertissement, un coup de semonce. Dans un tract au vitriol, les syndicats de GAM, pourtant d’habitude modérés, mettent au pilori les premiers projets annoncés. Ils menacent de durcir le mouvement dès demain si la direction ne revient pas sur ses projets les plus emblématiques.
Les refontes, prévues en mars 2016, du mensuel L’Expansion et du newsmagazine hebdomadaire L’Express, les deux marques phares du groupe, cristallisent les mécontentements. Selon nos informations, le mensuel économique créé par Jean Boissonnat et dont la rédaction sera réduite à peau de chagrin, serait doté à l’avenir d’une ligne éditoriale positive. Les bonnes pratiques et les success stories des entreprises y occuperaient une place de choix. Christophe Barbier, le directeur délégué et des rédactions de GAM, a également provoqué la surprise le 18 octobre lorsqu’il a présenté le futur Express. D’après l’homme à l’écharpe rouge, le newsmagazine sera dorénavant écrit par une rédaction d’élite ( ?) et destiné à un public d’élite. Ce nouveau concept tranche clairement avec le credo grand public de son fondateur, Jean-Jacques Servan-Schreiber. L’Express, repris cinq fois au minimum depuis sa création, pourrait cette fois y perdre définitivement son âme, selon des salariés très attachés à la culture de leur entreprise.