L’hebdomadaire Minute à paraître demain révèle que l’émission « Causes communes » présentée par Thierry Guerrier sur la Chaîne parlementaire-Assemblée nationale (LCP) vient d’être supprimée par la direction de la chaîne pour avoir osé donner la parole à Robert Ménard… Une censure téléguidée par Claude Bartolone ?
Intitulée « Coup de blouse à l’école », l’émission avait été diffusée le 1er mai 2015. Fidèle à son principe qui consiste à aller sur le terrain, Thierry Guerrier s‘était rendu à Béziers pour évoquer avec le maire la décision de la municipalité d’offrir des blouses pour les enfants aux écoles qui le souhaitaient. L’entretien avec l’élu était accompagné d’un reportage ou partisans et opposants de la mesure donnaient leur avis sur la mesure : huit minutes d’un sujet polémique pourtant traité avec objectivité et qui à l’époque n’avait apparemment pas fait de vagues…
« Ce sont pourtant ces huit minutes qui ont signé l’arrêt de mort de “Causes communes” », relate Minute. Fin octobre, le directeur des programmes et secrétaire général de la chaîne, Éric Moniot, annonçait en effet au producteur de l’émission, Francis Bianconi, que celle-ci ne serait pas reconduite. « Il m’a dit, textuellement : “Marie-Ève Malouines n’a pas apprécié que vous donniez la parole à Ménard”! », explique le producteur dans les colonnes de l’hebdomadaire. En dix émissions, « Causes communes » avait pourtant rencontré des hommes et femmes politiques très divers, de Samia Ghali, sénateur socialiste de Marseille, à Rama Yade en passant par le maire de Lyon Gérard Collomb, mais il y en avait visiblement un qu’il ne fallait pas traiter comme les autres : Robert Ménard.
Pas sûr pourtant que l’émission soit définitivement enterrée. Le directeur des programmes a en effet laissé entendre à Francis Bianconi qu’il pourrait accepter une nouvelle série de « Causes Communes », à deux conditions : que l’émission ne donne plus la parole « ni à des gens d’extrême-droite, ni à des gens d’extrême-gauche » (merci pour les 30 à 40% de Français concernés qui financent la chaîne par leurs impôts) et que le producteur se sépare de Thierry Guerrier. Ancien chef du service politique d’Europe 1, un temps joker d’Elkabbach sur la même radio et d’Yves Calvi sur France 5 pour l’émission « C dans l’air », le journaliste, réputé « de droite » n’est visiblement plus en odeur de sainteté sur la chaîne parlementaire.
Reste à savoir à qui le journaliste déplait tant. À Marie-Ève Malouines… ou à Claude Bartolone ? Minute rappelle que lorsque le 6 mai dernier, l’ancienne chef du service politique de France Info était nommée à la tête de LCP par le bureau de l’Assemblée nationale, de nombreux journalistes s’étaient insurgés de la mainmise du président socialiste de l’Assemblée nationale sur la chaîne, Marc Baudriller affirmant même dans Challenges que cette nomination avait « des allures de nomination soviétique ». Une nomination soviétique qui débouche logiquement sur une pu-purge non moins soviétique…