Dimanche, la presse britannique n’a pas raté la BBC : Jonathan Dimbleby, l’un des journalistes les plus respectés de l’institution publique, n’hésitait plus à évoquer dans The Observer « un navire à la dérive se dirigeant vers les récifs » tandis que le Mail on Sunday parlait d’« un bain de sang à la BBC ». La faute à la diffusion la semaine dernière d’un reportage dans « Newsnight » donnant la parole à un individu affirmant avoir été victime d’abus sexuels de la part d’un ancien membre important du Parti conservateur dans un foyer de jeunes dans les années 1970.
Certes, l’émission d’investigation ne s’est pas risquée à donner de nom mais celui-ci a très rapidement circulé sur Internet, notamment grâce au Gardian qui a toutefois exprimé ses doutes sur des accusations ne reposant que sur un témoignage. Il s’agissait de Lord Alistair McAlpine, l’ancien trésorier du Parti conservateur qui a immédiatement annoncé plusieurs dépôts de plainte tandis que le Premier ministre David Cameron dénonçait une « chasse aux sorcières ».
Le problème, c’est que Steve Messham, la prétendue victime, s’est rétractée vendredi soir. Après une interview maison (mais musclée) catastrophique samedi matin sur Radio 4 où il a donné l’impression qu’il ne maîtrisait rien, George Entwistle, le directeur général âgé de 50 ans, a démissionné dans la soirée, après 54 jours seulement à la tête du premier groupe audiovisuel public du monde. Un peu auparavant, il avait exclu cette option et annoncé « une pause immédiate dans toutes les enquêtes de Newsnight afin d’assurer la solidité et la supervision éditoriales ».
Ce scandale n’est pas le premier : l’année dernière, Newsnight aurait décidé de ne pas diffuser un sujet sur Jimmy Savile, un animateur très populaire de la Beeb dans les années 60, 70 et 80, décédé en 2011, à qui il est reproché à titre posthume 300 abus sexuels sur mineurs.
Le groupe public est aussi accusé, en cette période d’austérité, de verser des salaires indécents à certains membres de sa direction et présentateurs tandis que d’autres acteurs médiatiques privés dénoncent une concurrence déloyale à leur égard du fait que la BBC fonctionne grâce à l’argent du contribuable.