Lancée le 13 juillet 2011, à la suite du scandale des écoutes téléphoniques illégales pratiquées par le tabloid News of the World, l’enquête Leveson (Brian Levenson est Lord Justice of Appeal, la plus haute charge de justice britannique) doit rendre ses conclusions fin novembre. On sait déjà que celles-ci ne seront pas tendres pour la presse et sa déontologie.
Le Premier Ministre britannique David Cameron va devoir trancher : faut-il laisser la presse s’auto-réguler ou faut-il qu’une instance extérieure le fasse ?
La règle jusqu’à présent : ne peuvent être publiées que les informations présentant un réel intérêt pour le public. Intérêt dont les journaux eux-mêmes sont seuls juges et qu’ils définissent en interne. Dernier exemple en date : la publication en août, par le Sun, des photos du Prince Harry, nu, dans une suite à Las Vegas. Beaucoup ont jugé que cette publication n’avait aucun intérêt pour le public, mais Rupert Murdoch et la direction du Sun en ont jugé autrement, peut-être par défiance envers l’enquête Leveson, ou peut-être par vengeance pour la fermeture de News of the World, fleuron de l’empire Murdoch comme le Sun (ou le très sérieux Times). On le voit, la définition de ce qui présente un intérêt pour le public est à géométrie variable.
Cela pourrait bien changer car un consensus semble pouvoir se dessiner. Hier, 42 députés conservateurs influents ont publié une lettre ouverte dans le Guardian, appelant à la création d’une instance de régulation indépendante à la fois du gouvernement et des journaux.
Une idée qui devrait rejoindre les propositions de l’enquête Leveson et rencontrer le soutien des travaillistes et des libéraux-démocrates, traditionnellement plus interventionnistes que les conservateurs. Rappelons qu’en France il n’existe aucune instance de déontologie en-dehors de quelques trop rares médiateurs souvent marginalisés. Une instance prônée par le nouvel Observatoire de la Déontologie de l’Information (ODI). À suivre.
Source : BBC
Crédit photo : capture d’écran www.levesoninquiry.org.uk