Clap de fin pour « Des paroles et des actes », l’émission politique pourtant la plus regardée de France 2.
Sur Europe 1, Michel Field, directeur de l’information de France Télévisions, l’a annoncé, estimant que c’était « une émission qui, à mon avis, a donné tout son jus ». Celui-ci a confié être « en train de réfléchir avec David [Pujadas] à un nouveau rendez-vous politique l’année prochaine », soulignant qu’il serait « absolument sûr » qu’elle serait animée par le présentateur vedette de la chaîne.
Concernant les rumeurs présageant l’arrivée de Léa Salamé comme co-animatrice, Field explique que cette option n’est « pas exclue » mais qu’elle « dépend beaucoup d’elle ». Lancée en 2011, l’émission de David Pujadas était devenue un rendez-vous politique incontournable à forte audience.
Récemment, plusieurs polémique ont entaché le programme, notamment lorsque Marine Le Pen avait refusé, à la dernière minute, de s’y rendre, dénonçant une « mascarade » et des consignes inacceptables. « L’amateurisme et la servilité de M. Pujadas ont transformé aujourd’hui l’organisation de cette émission en véritable pantalonnade », avait-elle déclaré. Plus récemment, Nicolas Sarkozy avait également pointé du doigt les consignes données afin qu’aucun ministre ne débatte face à lui, et avait lui-même formellement refusé de se trouver face à Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS.
Pour Marc Baudriller, dans Challenges, l’arrêt de l’émission phare de la 2 prend « des allures politique et polémique ». D’après un ancien cadre de la rédaction de France Télévisions, Pujadas est sur la sellette depuis l’arrivée de Delphine Ernotte à la tête du groupe. « David Pujadas est-il sur la sellette ? En tout cas, il est fragile. S’il n’avait pas de bons résultats, où serait-il ? », a‑t-il commenté.
Autre piste : le présentateur du JT paierait « sa proximité avec un homme clé de l’ancienne équipe de France Télévisions période Pflimlin, Thierry Thuillier ». Aussitôt écarté par Ernotte dès son arrivée, Thuillier était proche de Pujadas, qui l’a d’ailleurs défendu ouvertement.
Pour un ancien de France 2, « David Pujadas n’est pas en odeur de sainteté à l’Élysée. Son journal a été considéré à plusieurs reprises comme défavorable au château ». Ainsi, le présentateur pourrait-il être « aujourd’hui l’otage, à France 2, de l’instabilité au sommet de la chaîne et de la politisation des médias publics », conclut Marc Baudriller.
De son côté, dans L’Obs, François Jost juge que Pujadas a pu être écarté à cause d’un sérieux problème d’autorité. Depuis l’affaire Le Pen et l’affaire Sakozy, ce sont visiblement les politiques qui dictent leurs conditions à l’émission. Devant la passivité de l’animateur sur le plateau et en coulisse, la nouvelle direction aurait ainsi décidé de stopper l’hémorragie.
« Pour le responsable de l’information, il est urgent de trouver une formule qui ne permette plus de le prendre en otage et qui ne le soumette plus à l’aléa des réactions des politiques. Pour une chaîne, il n’y a en effet rien de pire qu’une déprogrammation », explique-t-il. Qui plus est à un an des élections présidentielles.