Un terrien à la tête de l’Huma
Patrick Le Hyaric est né en février 1957 à Orléans, alors que ses parents sont employés agricoles dans la grande Beauce. Ce fils d’agriculteurs bretons du Morbihan commence dans les années 1980 une carrière de journaliste et d’apparatchik communiste au sein des instances du parti et des organes de presse qui en dépendent. Élu au comité central depuis 1990, directeur du journal L’Humanité, ex-organe officiel du parti, depuis 2000, il a été touché de plein fouet par le déclin du communisme français et de son ancrage social.
Perte du maillage territorial et social, autonomisation des syndicats qui en dépendaient – la CGT est aujourd’hui en de maints endroits plus proche de l’extrême-gauche révolutionnaire ou trotskiste que du PCF – déclin du poids de ses thématiques dans la société, disparition du projet idéologique que de multiples engagements sociaux et associatifs n’ont pas réussi à remplacer, toutes ces évolutions ont été plus subies par les dirigeants du PCF qu’anticipées par eux. Homme politique notable – il fait partie des personnalités fortes du PCF – et notable politique parmi tant d’autres – il est député européen et directeur de journal, donc aux antipodes de l’électeur moyen du PCF, voici le portrait d’un homme qui gère la très longue agonie de L’Humanité, sans avoir réussi à la guérir ou du moins à abréger ses souffrances.
Aujourd’hui, tout comme en 2000 lorsqu’il a pris la direction du journal, L’Humanité est lourdement déficitaire, plombée par une masse salariale pléthorique et une organisation obsolète, et toujours très fortement dépendante du PCF, ce qui nuit à son objectivité. Faute d’avoir envisagé, voire provoqué un avenir qu’il n’a jamais pu ou su comprendre, il n’a pu que, de son propre aveu en 2014 au micro de France Info « maintenir en vie le journal ». Il oublie de préciser qu’il le doit à la générosité des contribuables et à la complaisance des gouvernements de droite ou de gauche que L’Humanité incendie pourtant à longueur de colonnes.
Formation
Né de parents agriculteurs à Lignol (56), après avoir étudié au collège de Guémené-sur-Scorff, Patrick Le Hyaric est formé au métier de technicien agricole dans un lycée agricole à Pontivy ; il aide ses parents à la ferme de 1977 à 1979, tout en étant maître d’internat au lycée de Carhaix (Finistère), puis à Pontivy (Morbihan). Son frère finira par reprendre la ferme de ses parents alors qu’il embrasse la politique. Ses racines sont ainsi au cœur de cette Bretagne intérieure libérée par les maquis communistes, non sans diverses bavures qui ont été passées sous silence pendant plus d’un demi-siècle, le PCF ayant pris de nombreuses mairies à la Libération. La bourgade de Lignol, où son père était déjà militant au PC, rassemblait en 1971, l’année où il s’est encarté au Parti, pas moins de trois sections.
Parcours professionnel
Après avoir suivi des cours par correspondance pour devenir journaliste spécialisé dans les questions agricoles, Patrick Le Hyaric entre dans les années 1980 à la Terre, journal communiste centré sur des thématiques agraires et destiné à l’électorat paysan et rural du PCF. Il en devient directeur adjoint puis général en 1989.
En 2000, il succède à Pierre Zarka comme directeur général de L’Humanité. La décision est prise au conseil national de l’automne 2000, où Michel Laurent rend un rapport sur la situation désastreuse de L’Humanité, qui affiche un déficit de 30 millions de francs. Patrick Le Hyaric commence par mettre en œuvre le plan social préconisé par le rapport – il est annoncé le 22 décembre 2000 et touche un tiers des postes, puis assure une recapitalisation et l’ouverture, le 19 mai 2001, du capital de L’Humanité aux grands capitalistes de Bouygues et de Lagardère Hachette.
Malgré un large soutien étatique – L’Humanité est largement sous perfusion des impôts, à raison de 6,8 millions d’€ reçus entre 2009 et 2011, 6 millions d’euros en 2014, encore trois millions d’euros en 2015, le journal reste déficitaire. Et ce, même si l’État lui a effacé en 2013 une dette de 4 millions d’euros correspondant à un prêt accordé en 2002. Un cadeau qui ne serait sans doute pas fait à tous les journaux. L’apport des impôts et des souscriptions auprès des lecteurs – 1 million d’euros récupérés en 2010, deux en 2015, ne suffit toujours pas à boucher le trou : en 2015, selon Patrick Le Hyaric lui-même, le journal a perdu 50 centimes d’euros par numéro ! La faute à deux facteurs. Premièrement, un lectorat qui diminue – 37 000 exemplaires diffusés seulement – et qui est âgé ; sur son site, Patrick Le Hyaric en fait l’aveu involontaire en publiant de nombreux mots accompagnant des dons aux journaux, et qui émanent pour l’essentiel de retraités âgés voire très âgés. Ensuite, une masse salariale pléthorique : 175 personnes début 2016 dont 82 journalistes, soit trois à quatre fois plus que le quotidien libéral L’Opinion (35 000 exemplaires en 2015, lui aussi déficitaire, et ce jusqu’en 2017 au moins) ou le pure player Mediapart qui a atteint 100 000 abonnés en 2014. L’érosion des abonnements est aussi réelle : de 34 700 en 2011 à 27 000 en 2015.
En janvier 2019, ce qui devait arriver arrivé : L’Humanité a été placée sous la protection du tribunal de commerce de Bobigny le 24 janvier, après une cessation de paiements. Un plan de redressement avec une première période d’observation de six mois renouvelables a été décidé, jusqu’au 7 août. Une souscription a été ouverte pour le journal et les salariés – près de 200 dont la moitié de journalistes – assurés d’être payés via le fonds de garantie des salaires (AGS) ; une attrition des effectifs a commencé au printemps, puisqu’ils ne sont plus que 175 selon Le Télégramme (02/03/2019).
Une campagne visant à recueillir 10.000 nouveaux abonnements a été lancée. Par ailleurs, Patrick le Hyaric assure que « entre le 7 janvier et le 8 février, 860.000 euros ont été collectés. Ceci constitue une garantie de trésorerie qui va nous permettre de passer ces semaines à venir de bonne façon ».
Cependant cet appui ne dépasse guère la nébuleuse de l’ancien PCF : « des syndicats notamment CGT, des centres de recherche ou instituts, des sections du Parti communiste, des journaux, des mutuelles et journaux de Mutuelles, des amis proches de L’Humanité », explique encore le Hyaric.
Les atermoiements de L’Huma vis à vis du PCF sont une des causes de ses maux, tout comme l’absence de liens entre la direction et les abonnés, selon une lettre ouverte de Henri Fuyet au sujet de l’Humanité en danger, publiée sur le site du PCF le 11 février : « A ce sujet, nous affirmons souvent être le meilleur journal de gauche, sinon même le seul… Je ne suis pas sûr que cela corresponde à l’opinion générale, ni même dans la gauche française ou internationale. Habituellement, quand une publication va mal, la direction se livre à une autocritique plutôt qu’à une auto-glorification. Or, aux assemblées des lecteurs de l’Huma, ou des Amis de l’Huma, il n’y a pas de place pour la discussion sur une amélioration du contenu de l’Huma qui nous permettrait d’avoir plus de lecteurs. En fait les lecteurs ne peuvent même pas commenter librement les articles, et encore moins poser des questions sur la façon dont la “ligne éditoriale” de l’Huma est élaborée, et par qui ? ».
Il aborde un autre problème, à demi-mots – le fait que le journal se soit trop reposé sur les aides d’Etat, au détriment d’une ligne idéologique claire et des liens avec ses lecteurs : « J’ai longtemps collaboré à des quotidiens communistes aux États-Unis et au Canada. Le Daily World, par exemple aux USA ne bénéficiait évidemment pas d’une aide gouvernementale comme l’Huma en France. Par contre les liens entre le Daily World et le PCUSA étaient clairs, et les lecteurs avaient toujours l’occasion de discuter du contenu du journal etc. Et ces journaux sont toujours fidèles au poste ».
Patrick Le Hyaric est aussi vice-président du syndicat de la presse parisienne, devenu syndicat de la presse quotidienne nationale en 2006 (SPQN), et fait partie des instances dirigeantes de l’association Presse et Pluralisme. Créée en 2009 dans le sillage des états généraux de la presse voulus par Nicolas Sarkozy, elle est présidée par François d’Orcival (Valeurs Actuelles), accueille des représentants de tous les syndicats patronaux de la presse et est hébergée dans les locaux du Syndicat de la presse quotidienne nationale. L’association est adossée à la Caisse des dépôts et consignations, et permet aux lecteurs de défiscaliser 66% de leur don. Un statut dérogatoire qui fait grincer des dents mais qui est bien pratique pour de nombreux journaux que cette association a aidé, du Monde Diplomatique à Charlie Hebdo, qui avant les attentats était dans une situation financière peu reluisante, en passant par… L’Humanité.
Parcours militant
Conseiller municipal à Lorient de 1983 à 1989, intégré à la commission nationale Agriculture du PCF en 1985 puis collaborateur d’André Lajoinie, président du groupe communiste à l’Assemblée Nationale de 1985 à 1997, Patrick Le Hyaric est propulsé vers une carrière nationale. A l’origine, il souhaitait rester en Bretagne et le Parti lui avait promis que sa collaboration auprès d’André Lajoinie ne durerait que 18 mois. Il participe notamment à la campagne présidentielle d’André Lajoinie en 1988 et l’assiste sur les thématiques agricoles, notamment liées à la politique agricole commune (PAC) de l’UE. Il a été dans les années 1980 secrétaire de la section communiste de Lorient puis secrétaire fédéral du PCF en Morbihan.
Élu au conseil national depuis 1990, il représente, avec Dominique Grador, une nouvelle génération dirigeante postérieure à l’ère Marchais et à l’alignement du PCF sur l’URSS. Membre du Comité Central du PCF, puis du conseil national du PCF, il est responsable-adjoint du département Etudes, projet, développement (1996–1997), puis Vie du Parti (1997), mondialisation (2000), et dirige le collectif agriculture et ruralité.
La santé du PCF se dégrade en même temps que L’Humanité : selon des chercheurs universitaires, si le parti avait encore 520 000 adhérents en 1978 (hors CGT), il n’en a plus que 250 000 au mieux en 1990, 150 000 en 1999 et 140 000 en 2001.
Il est conseiller municipal de la Courneuve de 1989 à 2001. Il dirige la liste du PCF aux Européennes dans la circonscription Grand Ouest en 2004 et réalise un score – historiquement bas – de 4,10%. Après avoir raté son implantation près de ses origines bretonnes, il se dirige vers l’Ile de France où il est tête de liste Front de Gauche aux Européennes de 2009, réalise un score de 6,5% et est élu député européen. Il est réélu en 2014.
En 2012 Patrick Le Hyaric est candidat pour le PCF dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis (Pantin-Aubervilliers), où il fait 17,33% et peut se maintenir au second tour ; il se désiste par « discipline républicaine » au profit du PS, qui fait de même là où les communistes sont les mieux placés pour vaincre face à la droite. Pendant cette campagne législative il n’hésite pas, comme de nombreux communistes dans les départements de la banlieue parisienne, à jouer la carte du communautarisme en envoyant une lettre aux musulmans d’Aubervilliers et de Pantin. Dans celle-ci il rappelle son refus d’une Europe dont les valeurs seraient seulement celles de son histoire, c’est à dire chrétiennes, son engagement pour un Etat palestinien, le droit de vote des étrangers et le refus de la stigmatisation de l’islam. En 2014, il est élu conseiller municipal PCF à Aubervilliers où il habite ; il est délégué à la communication. Il a deux enfants ; en 2000 son épouse travaillait au service Jeunesse de la mairie (PCF) de la Courneuve.
Il est vice-président du groupe « la gauche unitaire européenne / la gauche verte nordique ». Assez actif puisque présent à 84,35% des votes, il est l’auteur depuis 2014 de 112 interventions orales, 76 questions parlementaires et a signé ou cosigné 114 motions. Membre des commissions « emploi / affaires sociales » et « lutte contre le blanchiment », il est suppléant à la commission « Commerce international », qui s’occupe notamment de négocier le traité de libre-échange transatlantique avec les Etats-Unis (GMT ou TAFTA). Il fait aussi partie des délégations pour les relations avec la Palestine et l’Union Méditerranéenne.
Ses interventions embrassent un large éventail de sujets, de la situation des albinos au Malawi (7/7/2016) à la situation au Bahreïn, en passant par le Traité transatlantique, le vote sur des taxes diverses, l’intégration sociale et économique des réfugiés ou encore l’efficience énergétique. Cependant il intervient régulièrement sur des sujets liés à l’agriculture, par exemple quand, avec d’autres députés de son groupe, il interpelle en septembre 2014 le Conseil et la Commission Européenne sur la volatilité des prix dans le secteur de la viande bovine, et la nécessité de protéger les petits producteurs, nombreux sur son terroir d’origine, en Bretagne.
Elu européen, il est engagé dans la campagne du PCF aux européennes – promis à un score de 1 à 2% par les sondages (avril 2019) – et fait à ce titre au printemps 2019 de nombreux déplacements en province. Cependant le score insuffisant promis au PCF risque bien de faire perdre à Patrick le Hyaric son poste politique qui le fait vivre – avec son journal, cela risque d’être un « double naufrage » pour lui en 2019.
Collaborations
- La Terre, journal communiste dédié aux thématiques rurales et paysannes, de 1980 à 1989
- L’Humanité et L’Humanité dimanche, après 1990, pour des éditoriaux essentiellement
- son blog où il publie ses communiqués politiques, mais aussi souvent ses éditoriaux dans L’Humanité
Publications
- Le pacte des rapaces, essai, Éditions de L’Humanité, mai 2011
- L’Europe des peuples nous appelle, essai, Éditions de L’Humanité, septembre 2012
- Grand marché transatlantique : Dracula contre les peuples, essai, Éditions de L’Humanité, septembre 2013
- Et nos frères pourtant, pour une Europe solidaire avec les réfugiés, éditions de l’Humanité, mars 2018. Selon L’Humanité, c’est «une main tendue pour conjurer le sort réservé aux exilés, migrants et réfugiés, à nos frontières et sur les rives du monde. Complété par plusieurs documents utiles à la lutte pour la dignité des exilés, ce petit ouvrage est un appel à faire vivre ce que le mot et le nom d’Humanité ont de plus lumineux. Il veut aider à ouvrir de nouveaux chemins d’Humanité »
Ce qu’il gagne
Comme député européen : au moins 6 400 euros net d’impôts, sans compter l’indemnité de frais généraux (4 320 € par mois), le remboursement des frais de voyage en première classe (train) ou classe affaires (avion), et l’indemnité journalière de 306 € par jour pendant les sessions.
Comme conseiller municipal d’Aubervilliers, il ne touche rien car il a renoncé à son indemnité de conseiller municipal délégué en 2016 ; celle-ci était fixée à 330,73 € bruts en 2014.
Comme directeur général de L’Humanité, son salaire est inconnu. Cependant les statuts du PCF obligent les élus PCF à reverser l’intégralité de leurs indemnités électives au parti (article 15.2 des statuts) : « Indépendamment de leur cotisation d’adhérent‑e, elles et ils prennent l’engagement de verser leurs indemnités au parti ; à l’association nationale de financement pour les parlementaires, aux associations départementales de financement pour les élus territoriaux ou locaux. Le Parti contribue à leur assurer les moyens nécessaires à l’exercice de leur mandat, après débat avec les intéressé-e‑s. Si elles ou ils doivent réduire ou suspendre leur activité professionnelle, elles et ils conservent une indemnité compensatrice – établie en toute clarté avec les instances concernées. »
Sa nébuleuse
Le Parti Communiste, le Front de Gauche, L’Humanité, le syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN).
Il l’a dit
« Je souhaiterais qu’il y ait un vrai débat public et contradictoire sur les enjeux et les conséquences de l’Europe sur la vie des gens. Mais il n’y en a pas. La droite ne veut pas discuter du vrai bilan de l’Europe. Alors que l’on est en train d’organiser une véritable machine de guerre contre les gens et les droits sociaux », Le Télégramme, 3 juin 2004.
« Nous ne nous plaindrons pas que beaucoup de choses soient dites à propos du 20ème anniversaire de la destruction du mur de Berlin. […] Son effondrement est aussi le résultat d’une histoire tout aussi dramatique que préoccupante : celle de la perversion d’un bel idéal baptisé “communisme” ou “socialisme”. La chute du mur qui n’était que l’une des phases terminales d’un processus entamé des années auparavant, a accéléré la fin de ce système nommé du mot de “communisme” alors qu’il s’agissait de sa caricature le “soviétisme”. Qu’il ait apporté un certain nombre de progrès sociaux, des avancées, dans l’accès à la santé, à l’éducation, au logement, à la culture, à la garantie de l’emploi, est indéniable. […] Une tare profonde, indélébile le conduisait inexorablement à sa perte : son refus de reconnaître la démocratie et la liberté, comme des données humaines, universelles pour tout progrès humain, social, culturel, a fortiori lorsqu’on prétend construire une société faite pour l’émancipation humaine », sur son blog le 6 novembre 2009.
« Il est un fait que la désintégration du soviétisme n’a pas rendu le monde meilleur. Au contraire, il a permis un déchaînement sans précédent des forces du capital devenues encore plus agressives, anti sociales, anti démocratiques, anti humaines. Vingt ans après, la planète n’a jamais été hérissée d’autant de murs infranchissables. Mis bout à bout, ils parcourent 18 000 kilomètres. Le monde est globalisé. La liberté de circulation des biens et des hommes ne vaut que pour les besoins du grand capital. Le mur de l’argent n’a jamais été si haut », ibid.
« C’est parce que je suis très attaché aux valeurs de la République, à la liberté et à la laïcité, sources de partage, d’épanouissement individuel, d’égalité entre les êtres humains, que je lutte contre la stigmatisation de votre religion et de toute instrumentalisation politique autour d’elle. Comme pour toute autre religion reconnue, vous devez pouvoir pratiquer votre culte dans des lieux décents et dédiés à cette fonction. De même, j’ai refusé les textes européens qui veulent absolument imposer une construction européenne où est uniquement fait référence aux valeurs chrétiennes. […] Dans la période nouvelle qui s’ouvre, de grands chantiers de réformes doivent être ouverts pour créer les conditions d’une vie meilleure ensemble, pour toutes et tous. Cela appelle de mettre fin aux scandaleuses discriminations dans le travail et dans la société. De même, rien ne justifie de faire une loi sur les vêtements des assistantes maternelles qui travaillent à leur domicile.
L’un des actes indispensables pour une nouvelle majorité devra être d’accorder enfin le droit de vote aux résidentes et résidents étrangers», Lettre de Patrick Le Hyaric aux musulmans d’Aubervilliers et de Pantin dans le cadre de sa campagne législative en 2012.
« Je n’étais pas un intello au sens de mes prédécesseurs ! Je n’étais pas un manager non plus. Mais L’Huma était en situation de faillite économique, et avait perdu son image et son lectorat, alors…voilà. Et c’est passionnant, la créativité d’un journal ! J’ai du batailler pour remettre le journal à l’équilibre. Avec une souscription, avec les suppléments et les aides à la presse, on y est. Mais c’est pas facile de faire bouger les choses, les gens. Des fois les représentants syndicaux me disent” tu es le Medef”…mais je ne suis pas le Medef ! ». Euractiv, 5 mai 2014
« Nous pouvons négocier un programme d’actions communes. Au Parlement européen, ca marche, on peut faire des alliances progressistes. Je suis un jaurressien, ce qu’il dit c’est qu’il faut aller chercher le bon chemin, toujours, et s’y engager. Mais maintenant l’Europe a adopté celui de la régression. Ce n’est clairement pas la bonne voie », ibid.
Selon Patrick Le Hyaric, la crise que traverse actuellement l’Europe pousse à « l’arrivée de populistes de tous bords et d’europhobes au Parlement européen qui n’auront pas de majorité mais qui risquent de conforter au sein de l’hémicycle un bloc central qui déplacerait le centre de gravité vers des politiques de moindre mal. La fracture est terrible entre les politiques et les citoyens qui sont tentés par ce vote contestataire sur la base d’une argumentation totalement folle: sortir de l’Europe pour régler les problèmes, ce qui est un mensonge monstrueux », Bureau d’information du Parlement Européen, petit-déjeuner de presse avec le député, 16/5/2014.
« Si j’avais été têtu, je n’aurai pas pu faire ce que je fais depuis 14 ans, c’est à dire maintenir en vie le journal [L’Humanité] », France Info, 12 septembre 2014.
« Là, est la raison de la crise, l’argent qui s’accumule dans les mains de quelques uns quand le travail est de moins en moins rémunéré, le travail est détruit, jetant chaque mois des dizaines des milliers de travailleurs au chômage ou dans la précarité et qu’un millions de nos concitoyens n’ont plus que les restos du cœur pour survivre. Tant qu’il en sera ainsi l’égalité ne restera qu’un vain mot », sur son blog, le 9 février 2015
« Cette même France qu’on dit patrie des droits humains devrait porter haut le débat et les actions solidaires et humanitaires pour les réfugiés, au lieu de ne leur laisser comme seul choix d’être pourchassé ou mourir. On ne peut plus supporter cette Europe égoïste flattant des populismes diviseurs et xénophobes. Cette Europe qui, peu à peu, va se couvrir de murs et de barbelés alors qu’elle prétend incarner la liberté et la solidarité ! », ibid, 5 février 2015
« La [Constitution Européenne] a plusieurs gros défauts. Elle s’est faite en dehors des gens. Son article 1–10 prévoit sa primauté sur les lois et constitutions nationales. Elle ne construit pas une Europe des peuples. Elle met en place un système économique où les salariés, les paysans, etc. seront en concurrence. Les entreprises pourront profiter des différences de niveau social pour augmenter leurs profits. Elle met en place un système ultra-libéral qui s’impose à tous », L’Humanité, 12 juin 2015.
« On est en train de nous préparer un autre monde, une civilisation de la jungle, une civilisation de brutes. […] Le traité transatlantique c’est le droit des affaires contre ceux de la personne humaine », ibid.
« La combinaison de l’abaissement des normes et de la création d’une justice des affaires va avoir des conséquences sur nos vies quotidiennes, sur notre santé, sur nos services publics qui seront mis en concurrence […] et qui risquent d’être privatisés. Vous allez avoir un hôpital public, vous allez être remboursés à 100%, vous ne pourrez empêcher qu’une clinique privée nord-américaine ou japonaise de s’installer, qui vous fera une concurrence pour tuer l’hôpital public, avec des conséquences dans cinq ou dix ans sur la qualité des soins et sur les prix que vous paierez », ibid.
« La montée des populismes est la résultante du fait que l’Union européenne ne répond pas du tout aux besoins des peuples, crée des fractures. Je pense qu’il ne faut pas repenser mais révolutionner la construction européenne. C’est-à-dire repartir sur de nouvelles bases », Le Télégramme, 02/03/2019.
« On ne peut pas faire une union européenne tant, par exemple, qu’on maintient des différentiels de salaires aussi importants. On ne peut pas avoir un SMIC à 1 800 € au Luxembourg, 1 200 € chez nous, à peine 700 € chez les Portugais et 150 € chez les Roumains », ibid.
On a dit à son sujet
« On le dit ” pète-sec “. Sa manière à lui de cacher une timidité dépassée ? Son entourage le dit d’une grande gentillesse. Ambiguïté ? Assurément Patrick Le Hyaric est un homme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds lorsqu’il est certain d’avoir raison. Une certitude qu’il n’a pas la prétention de barder à la légère : c’est un bosseur. Le nouveau directeur de L’Humanité est un Francilien d’adoption : il est breton. Et donc par définition, forcément têtu […] il dit que son plus gros défaut est d’être un passionné en toute chose », L’Humanité, dans un article qui le présente au lendemain de sa nomination comme directeur général du journal, 23 novembre 2000.
« L’URSS, le PC soviétique, il n’y a jamais vraiment cru. Quand il adhère, c’est en réaction à la guerre du Viet Nam, alors que la militante pour les droits de l’homme Angela Davis est emprisonnée aux États-Unis. Mais ce qu’il aime, c’est la terre. Il opte pour le lycée agricole, et tente de rester au plus près de ses parents, même si le militantisme prend rapidement le dessus, que ce soit à l’armée ou au lycée, et que c’est finalement son frère qui reprendra la ferme de ses parents », Euractiv, 5 mai 2014, op. cit.
« À plus court terme, il opte pour le pragmatisme dans son travail de parlementaire, loin des positions radicales de son allié Jean-Luc Mélenchon au sein du Front de Gauche, qui rassemble Parti communiste et Parti de gauche pour les élections européennes », ibid.
« Son directeur actuel, Patrick Le Hyaric, un militant de longue date contre Israël qui l’a annoncé dans un article paru le 10 mars intitulé ‘L’alerte’ : « Nous vous devons la vérité, l’Humanité est en danger! […] L’Humanité ne tient que grâce à votre soutien. Et aujourd’hui, avouons-le, elle ne tient qu’à un fil. » Le journal est actuellement au bord du gouffre. Il n’y a aujourd’hui plus d’actionnaires extérieurs dans le capital du journal. Par le passé, la caisse d’Epargne et même Bouygues se sont retrouvés à mettre de l’argent dans le quotidien. Contrairement à d’autres titres de la presse quotidienne nationale comme Le Monde, le journal ne peut donc pas compter sur des actionnaires puissants qui peuvent mettre la main à la poche. Le quotidien est l’un des plus violents contre Israël, Pro Palestiniens ne manquant pas un instant des qu’ils le peuvent de faire de la désinformation grotesque pour faire plaisir à leur électorat, dans un paysage médiatique pourtant déjà encombré par les journaux hostiles à l’État juif », Israël-Actualités, 26 avril 2016.
« En cas de liquidation judiciaire, le licenciement de plus de 200 salariés, dont 170 cartes de presse (rédacteurs, secrétaires de rédaction, photographes) s’imposerait. Et c’est là que le lecteur à l’esprit critique se pose la bonne question : comment expliquer qu’avec cette armée de journalistes, le Breton Patrick Le Hyaric, directeur du titre, ne parvient pas à fabriquer un produit intéressant […]La cible de lecteurs visée apparaît tout de suite : des semi – intellectuels appartenant aux classes moyennes. Les classes populaires ne lisent plus L’Huma », Breizh Info, 11/02/2019
« Certes, on a voulu donner au journal une allure moderne : beaucoup de blanc, chaque page est éclairée par une ou plusieurs photos et une titraille qui fait « pro » […] Malgré une petite pagination (20 ou 24 pages), la rédaction – les 170 – abuse de la technique du remplissage : tables rondes, tribunes, « débats » entre intellectuels. Tout ça sent la boite de conserve et ne permet pas de passionner les lecteurs. Bref, on a l’impression qu’une petite poignée de journalistes se trouve sur le pont chaque jour et pond un unique papier, souvent court. Lundi 4 février, on relève 23 signatures ; mardi 5, 29 ; mercredi 6, 20. Que font les autres ? », ibid.