Le journalisme à la sauce Trotski
Écrivain et journaliste français, Laurent Mauduit est l’un des cofondateurs du média d’investigation en ligne Mediapart, marqué à gauche. Il est le petit-fils de Roger Mauduit, mort le 17 février 1944 à Buchenwald, et fils de Bertrand Mauduit qui a passé presque deux dans le même camp de concentration en Allemagne, pour faits de résistance.
Ancien militant trotskiste-lambertiste, il occupe une place de premier plan dans le journalisme français grâce à Mediapart, engagé dans une triple croisade – si utile pour un pouvoir socialiste esseulé – contre les dérives supposées ou réelles du quinquennat Sarkozy, le Front National et les libéraux en tous genres, dont leur porte-drapeau actuel, l’ancien ministre Emmanuel Macron. Redresseur des comptes de la gauche, dont il traque, en « spécialiste de la trahison », selon François Bazin, les moindres renoncements, il fait souvent preuve d’un esprit plus militant que journaliste.
Formation
Hypokhâgne et khâgne au lycée Châteaubriand à Rennes, première année, à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, puis deuxième année, à l’Institut d’Études Politiques de Paris, dont il sort diplômé en juin 1974.
Parcours professionnel
Il entre au Quotidien de Paris en 1979, puis à l’Agence centrale de presse où il reste jusqu’en 1984. Il se spécialise en économie, à la Tribune de l’économie (1984–1990), puis passe jusqu’en 1994 au service économique de Libération qu’il dirige.
Il entre au Monde fin 1994 où il s’occupe de la politique économique française jusque fin 1999. Il devient rédac-chef du service des Entreprises de 2001 à 2003, directeur adjoint de la rédaction de 2003 à 2005 puis éditorialiste en 2006. Alors qu’il s’oppose en 2005 à l’entrée du groupe Lagardère au capital du Monde, il quitte le journal en décembre 2006 suite à la censure d’un de ses articles sur les Caisses d’Epargne.
En 2008, avec François Bonnet, Gérard Desportes et Edwy Plenel il cofonde le média d’investigation Mediapart.
Il écrit plusieurs livres d’enquête sur les hommes et femmes politiques français. En 2013 avec L’Étrange Capitulation il s’intéresse au fait que François Hollande ait continué lors de sa première année de mandat la politique sociale et économique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. En 2014 avec À tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient,il enfonce le clou en expliquant le « naufrage socialiste » qui est aussi celui de la génération socialiste de Cambadélis et Manuel Valls.
En 2016 avec Main basse sur l’information il s’intéresse à la concentration de la presse et des médias en France – qui se double selon lui d’une « normalisation éditoriale », c’est à dire d’une censure pure et simple pour ne pas fâcher annonceurs, puissants et entre-soi de la caste dirigeante.
En 2018 il poursuit logiquement par une enquête sur les dirigeants français, La Caste qui vient de porter au pouvoir l’un des siens – Emmanuel Macron – le plus mal élu de la 5e république et qui fait maintenant face, fort logiquement, à l’ire du peuple réel avec le conflit des Gilets jaunes. Cette « caste » qui a détourné à son profit les privatisations et fait des allers-retours incessants entre la fonction publique et les grandes entreprises privées.
Il a publié diverses informations sur des membres de la caste, comme le salaire de Harlem Désir, « 10 182€/mois pour un ex de la génération Mnef, qui a naufragé le socialisme français » ou des patrons d’Arkéa qui essaient de faire une sécession – sous couvert de régionalisme breton – au sein du groupe Crédit Mutuel.
Parcours militant
Militant de l’Union nationale des étudiants de France (Unef-Soufflot), il est le secrétaire général du syndicat étudiant en 1975.
En 1978, il devient journaliste à Informations ouvrières, qui est à l’époque le journal de l’Organisation communiste internationaliste (OCI), la formation trotskiste d’obédience lambertiste, dont il est membre jusqu’en 1986. Il est aussi rédacteur à Rouge, l’hebdomadaire de la LCR, de 1976 à 1980 (voir l’article de Causeur du 4 juin 2013).
Collaborations
Il a coécrit avec le réalisateur Thomas Johnson un documentaire, Tapie et la République — Autopsie d’un scandale d’État.
Publications
- Histoire secrète des dossiers noirs de la gauche (en collaboration), Éditions Alain Moreau, 1986.
- La Grande Méprise (avec Olivier Biffaud), Grasset, 1996.
- La Gauche imaginaire et le nouveau capitalisme (avec Gérard Desportes), Grasset, 1999.
- Voyage indiscret au cœur de l’État (en collaboration), Éditions Le Monde — Le Pré aux Clercs, 2000.
- Les Stock-options (avec Philippe Jaffré), Grasset, 2002.
- L’Adieu au socialisme (avec Gérard Desportes), Grasset, 2002. Dans ses deux livres coécrit avec Gérard Desportes, il dénonce l’impuissance croissante des socialistes français, à l’époque du gouvernement de Lionel Jospin, de 1997 à 2002, face à la montée en puissance en France du capitalisme anglo-saxon.
- Jacques le Petit, Stock, 2005.
- Petits Conseils, Stock, 2007.
- Sous le Tapie, Stock, 2008.
- Les 110 propositions, 1981–2011 — Manuel critique à l’usage des citoyens qui rêvent encore de changer la vie (ouvrage collectif de la rédaction de Mediapart), Don Quichotte, 2011.
- Les Imposteurs de l’économie, éditions Gawsewitch, 2012. Réédité par les Éditions Pocket en 2013. Il y dénonce les liens troubles et incestueux entre experts économiques français et le monde financier.
- L’Étrange Capitulation, éditions Gawsewitch, 2013. L’ouvrage a été réédité en 2015 en version numérique par les éditions Don Quichotte. Il y dresse le bilan de la première année du mandat de François Hollande.
- Tapie, le scandale d’Etat, Stock, 2013.
- A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient, Don Quichotte, 2014.
- Main basse sur l’information, Don Quichotte, 2016.
- La Caste. Enquête sur cette haute fonction publique qui a pris le pouvoir, La Découverte, septembre 2018.
Ce qu’il gagne
Non renseigné
Sa nébuleuse
François Bonnet, Gérard Desportes et Edwy Plenel à Mediapart.
Il l’a dit
« Après l’échec des socialistes aux municipales, et par le seul fait du Prince, j’ai vu ressurgir des fantômes : Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen, Jean-Christophe Cambadélis. Des fantômes de mon passé incarnant, à mon sens, ce qu’il y a de pire en politique », dans son livre A tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient (2014)
« Je pense que Bernard Tapie est dans une position très défavorable. Bernard Tapie estime que le Crédit Lyonnais l’a floué lors du rachat d’Adidas en 1993. C’est sa thèse depuis des années. Pourtant il n’avait que des amis dans cette banque et ses filiales. Si le Crédit lyonnais a fait un montage financier lors de ce rachat c’était pour protéger Bernard Tapie et non pour l’arnaquer. Je rappelle qu’a l’époque, Bernard Tapie était ministre de François Mitterrand. Le président ne voulait pas voir l’un de ses ministres en faillite », Public Sénat 25 septembre 2015
« Tapie a des amitiés de tous côtés. Il commence à faire fortune sous Mitterrand et il finit de faire fortune sous Nicolas Sarkozy. Il a toujours survécu en partie à cause de ses amitiés. Il y en a beaucoup à droite, Sarkozy et ses proches comme Brice Hortefeux. Mais il est aussi un très proche du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone », ibid.
« Avec Macron, il y a pourtant une nouveauté radicale. Jamais, jusqu’à présent, les membres de sa caste n’étaient entrés en politique directement. Il y a certes des inspecteurs des finances qui ont fait ce choix, tel Alain Juppé, mais toujours en respectant les codes traditionnels de la vie politique : en se mettant au service d’un parti, en l’occurrence le RPR, jamais en défiant les partis politiques installés. Mais dans la plupart des cas, les oligarques français de l’Inspection des finances se sont toujours tenus dans les coulisses du pouvoir, préférant jouer les conseillers de l’ombre, plutôt que de prendre en main eux-mêmes les commandes publiques », Mediapart, « Macron, le candidat de l’oligarchie », 11 juillet 2016
« Emmanuel Macron a lui-même joué les essuie-glaces : il a commencé à faire carrière sous Sarkozy ; et a continué sous Hollande, en défendant exactement les mêmes idées, ce qui lui a permis de prendre son envol. Voici ce qu’incarne Emmanuel Macron : d’une certaine manière, c’est la fin de la politique ; c’est l’oligarchie qui survit à toutes les alternances. C’est la mise en œuvre du si terrible précepte que Tancredi souffle à l’oreille de son oncle, le prince de Salina, dans Le Guépard de Lampedusa : ” Il faut que tout change pour que rien ne change”. Car c’est cela même, le ressort d’un système oligarchique : ceux qui y participent sont insubmersibles », ibid.
« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jamais la liberté et le pluralisme de la presse n’ont à ce point été menacés. Depuis quelques années d’un quinquennat laborieux et liberticide, pire encore peut-être que celui de Nicolas Sarkozy, nous avons vécu un véritable tournant. En 2012, la concentration de la presse entre les mains de quelques milliardaires a atteint en France des proportions inimaginables. Ils contrôlent à eux seuls la quasi-totalité des grands médias nationaux, de la presse écrite ou de l’audiovisuel. Des milliardaires qui ont de surcroît presque tous comme point commun de ne pas avoir la presse ou l’information pour métier. Des milliardaires qui ont presque tous acquis des journaux non selon des logiques professionnelles mais d’influence ou de connivence », Le Huffington Post, 8 septembre 2016.
« Cette caste de hauts fonctionnaires, issus pour beaucoup de l’Inspection des finances –mais aussi du Conseil d’Etat et de quelques autres grands corps de l’Etat- qui a progressivement réalisé un double hold-up en France, d’abord sur la vie des affaires, puis sur la vie publique, avant de parvenir à hisser l’un des siens, Emmanuel Macron, au sommet de l’Etat », Le Huffington Post, 03/10/2018.
« Au fil des privatisations qui se sont succédé depuis plus de trente ans, beaucoup de ces hauts fonctionnaires chargés de les mettre en œuvre ont appliqué la détestable formule de Benjamin Constant, ralliant l’Empire: “Servons la bonne cause! Et servons-nous!” Beaucoup sont ainsi devenus les PDG de ces entreprises privatisées et, renonçant à servir l’intérêt général, se sont au passage formidablement enrichis. Ce mouvement d’appropriation a été si massif qu’on en voit aujourd’hui le résultat: une bonne partie du CAC 40 est composé de groupes dont les PDG sont des Inspecteurs des finances, issus donc de la sphère publique. Le cas du secteur de la banque est particulièrement éclairant: toutes les grandes banques privées sont dirigées par des figures éminentes de cette caste », ibid.
« Qui préside ainsi aux destinées du groupe Carrefour? Un Inspecteur des finances qui a longtemps fait partie des obligés de Nicolas Sarkozy, Alexandre Bompard. Qui dirige Casino? Un autre Inspecteur des finances, Jean-Charles Naouri, qui fut en d’autres temps le directeur de cabinet du socialiste Pierre Bérégovoy. Et chez qui les deux hommes se rencontrent-ils secrètement, quand ils envisagent de marier leurs deux groupes? Dans le bureau de l’entremetteur du capitalisme parisien, Alain Minc, qui, lui aussi, a fait ses classes à l’Inspection des finances. Ainsi est la caste: tentaculaire! », ibid.
« On comprend sans peine les conséquences terribles de cette porosité généralisée qui s’est installée entre le privé et le public. Elle a d’abord conduit à des situations gravissimes de conflit d’intérêt, sinon même de prise illégale d’intérêt […] elle conduit mécaniquement à une sorte de privatisation des politiques publiques. Dit plus brutalement, elle installe définitivement la tyrannie du célèbre diktat “Tina” ‑pour “There is no alternative”, ou si l’on préfère “il n’y a qu’une seule politique économique possible”- une politique soi-disant réaliste, ni de gauche, ni de droite, mais qui est en fait très exactement celle qu’appellent de leurs veux les cercles dominants de la finance », ibid.
On l’a dit à son sujet
« Un autre fil parcourt également tout le livre. C’est celui de la nostalgie de deux anciens militants d’extrême gauche [Gérard Desportes et Laurent Mauduit] qui jugent toute “l’histoire des autres” à travers le prisme de leurs engagements passés. Tout se passe comme si leur échec politique leur rendait intolérable l’action des autres, c’est-à-dire de ces sociaux-démocrates dont ils espèrent avec tant de force la faillite », Alain Bergougnoux au sujet de l’Adieu au socialisme, Office universitaire des recherches socialistes, 2002
« Le livre vire alors à un essai d’auto-analyse qui sert à justifier les engagements de Gérard Desportes et Laurent Mauduit. Certes, ils reconnaissent que la notion de “trotskisme culturel” est un peu courte, et ne veut pas dire grand-chose de positif aujourd’hui, que les mouvements antimondialisation ont peu de propositions vraiment concrètes à faire. Peut-être faut-il revenir tout simplement à Marx – comme le concluent les auteurs », ibid.
« Laurent Mauduit ne tolère pas qu’on vienne questionner la pureté de ses positions d’aujourd’hui au nom de ses positions d’hier — certains born again voudraient n’avoir pas de passé », Frédéric Lordon, 19 juillet 2012
« Laurent Mauduit a vu le ” quotidien de référence” Le Monde se colombaniser et s’alainminciser au service de l’idéologie libérale. Il a ensuite fondé Mediapart avec Edwy Plenel », Bertrand Gensane, 31 mars 2013
« Matthieu Pigasse, patron de la banque d’affaire Lazard Frères publie un livre intitulé Révolutions — Pigasse ! Lazard ! Révolutions ! C’est sans doute un trait d’époque que ces gens se permettent tout et à ce degré d’impudence — Pigasse, goudron, plumes oui ! On gage que même Edwy Plenel et Laurent Mauduit doivent trouver énorme ce genre d’énormité. Il faut leur dire cependant, dussent-ils en être attristés, qu’il passe parfois autour d’eux quelque parfum d’asphalte, sans doute moins fort mais tout de même entêtant, et quelques plumes voletantes. Car c’est une chose qu’ils ne pourront pas enlever : avant Mediapart de gauche, il y a eu un Monde de droite. Et ils en ont été les chefs », Frédéric Lordon 19/7/2012
« Quelle a été la ligne du Monde de 1996 (date d’arrivée d’Edwy Plenel à la direction de la rédaction) à fin 2004, et, spécialement, quelle a été sa ligne économique sous la gouverne de Laurent Mauduit, chef du service Economie, pardon Entreprises, de 2001 à 2003, puis directeur adjoint de la rédaction à partir de 2003, enfin éditorialiste à partir de 2006 ? Quelles positions Le Monde et ses chefs ont-ils affichées et défendues, pour quoi se sont-ils battus ? les vérités de la mondialisation, l’ineptie de toute idée protectionniste, le poison de toute velléité souveraine, les vertus de la concurrence, les charmes du dynamisme entrepreneurial, l’évidence des déréglementations […]. Jour après jour, pendant quinze ans, ces couillonnades nous ont été répétées à longueur de colonnes — et MM. Plenel et Mauduit voudraient qu’elles nous soient déjà sorties de la tête —, jour après jour ceux qui avaient la moindre intention de les contester ont été agonis pour archaïsme, parfois pour xénophobie, quand ils n’étaient pas en fait purement et simplement ignorés et brossés à grands coups hors du paysage de la “gauche”, ibid.
« Il y a un Laurent Mauduit nocturne qui, hors du Monde, écrit des livres, un notamment dans lequel il dit tout le mal qu’il faut penser du capitalisme actionnarial avec ses OPA, ses fonds de pension et ses licenciements boursiers. Nonobstant, le Laurent Mauduit diurne poursuit dans les colonnes du journal sa critique du “capitalisme de connivence”, laquelle, en soi, autorise une double lecture et l’improbable cumul des bénéfices les plus contradictoires », ibid.
« Laurent Mauduit est à l’image de tous ceux dont il dresse le procès […] l’image que Mauduit partage vraiment avec ses ” sujets” est plutôt celle des ajustements procycliques de la pensée, ralliement à “ce qu’il faut dire”, dicté par les contraintes fluctuantes de la légitimité, c’est-à-dire par les nécessités du moment (et des positions institutionnelles qu’on y occupe) », ibid.
« À la fin des années 1960, la vocation du jeune Edwy Plenel était de devenir un “révolutionnaire professionnel” à l’ancienne, à l’image de ceux qui peuplent la légende historique et littéraire de la première moitié du XXe siècle. Plenel est néanmoins trop jeune pour s’engager dans les luttes étudiantes contre la guerre d’Algérie, qui furent le creuset de cette “ génération 68″, celle qui allait investir les appareils de pouvoir (politique, culturel, médiatique) à partir des années 1980. En 1970, âgé de 18 ans, il s’engage dans l’organisation trotskiste la plus proche de son idéal de révolutionnaire “sans patrie ni frontières”, la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine. Ce dernier, s’il remarque le talent d’organisateur et d’agitateur du jeune militant, au point d’en faire un “permanent”, a suffisamment de perspicacité pour s’opposer à son désir d’aller mettre le feu révolutionnaire dans les champs de canne à sucre antillais. Son champ d’action sera l’université où ses activités, essentiellement militantes, ne lui laissent pas le temps de passer le moindre examen », Causeur, 4 juin 2013
« A l’Unef, la Mnef et l’OCI (organisation trotskyste), il a toujours fait partie de mon parcours. Mais voilà! Depuis notre sortie de l’OCI en 1985, il instruit mon procès car je suis entré au Parti socialiste qui n’est plus pour lui un parti de gauche », Jean-Christophe Cambadèlis au sujet de Laurent Mauduit, 2014.
« Mauduit est un spécialiste de la trahison. Il la guette, il la piste, il la ferre comme personne », François Bazin, 23/12/2014
« Mauduit, et c’est tout le problème de sa démonstration, ne se veut pas le simple témoin d’un ressentiment généralisé mais entend en décrire les causes, en dégager les racines, en analyser les ressorts cachés. Dans ce type d’exercice, le risque est toujours de se laisser aveugler par l’esprit de système et le règlement de compte. Or dans ce double piège, Mauduit a sauté à pieds joints avec une audace et un manque de rigueur qui laissent souvent pantois », ibid.
« Mauduit, qui se trompe par esprit de système lorsqu’il analyse la trahison de Hollande, s’engage sur un terrain détestable lorsqu’il veut établir un lien de causalité entre les prétendues turpitudes d’un président et l’ambition affairiste supposée de ceux qui l’entourent aujourd’hui. Taper à côté de la cible quand on vise bas n’est pas forcément étonnant. Ne rien comprendre à la période qui se déroule sous nos yeux quand on est à ce point aveuglé par les a priori et le ressentiment n’est guère plus surprenant », ibid.
« Il se vante notamment d’avoir eu la force, au milieu des années 80, de ne plus mélanger journalisme et militantisme pour ne pas se trouver “en conflit d’intérêts”. Cela faisait quand même dix ans qu’il le pratiquait sans frémir. Mauduit, qui est également resté une dizaine d’années à l’OCI, écrit plus loin que ce courant du trotskysme était “une secte” aussi “brutale” que “sectaire” », ibid.
« Les hauts fonctionnaires de Bercy ont, à partir des années 1980, opéré d’abord un «hold-up sur le CAC 40». Voyez, dit le journaliste, tous ces pontes du ministère des finances qui sont devenus, du jour au lendemain, des PDG multimillionnaires. Puis, forts de ces succès, ils ont ensuite commis un «hold-up sur l’Etat», en s’imposant aux postes politiques les plus en vue, jusqu’à la victoire suprême du jeune inspecteur des Finances, Emmanuel Macron, «dernier avatar du bonapartisme français», sous la présidence duquel l’accaparement «par les oligarchies compétentes associées aux puissances d’argent» a atteint son apogée.Voilà pourquoi, écrit Laurent Mauduit, il est urgent de refonder la démocratie française. En commençant par supprimer «cette machine à hauts fonctionnaires», l’ENA, dont la disparition est, à son avis, un prérequis à ce renouveau », L’Obs, 05/09/2018.
Crédit photo : Mauduit via Wikimedia (cc)