Mi-février 2017, tous les médias titrent sur « l’affaire Théo », dont le prénom est cité, une fois n’est pas coutume, du fait de sa consonance européenne. La Croix n’y échappe pas, François Ernenwein lui consacrant son éditorial du 14 février.
La nuit a été compliquée dans plusieurs villes de banlieue, Bobigny, Saint Denis ou Aulnay, là où Théo a été arrêté par 4 policiers le 2 février. L’un d’eux est soupçonné de viol. Les témoignages des policiers et les vidéos évoquent une altercation autour du contrôle d’un dealer. La nuit suivante sera tout aussi agitée.
« Ils sont où les parents ? »
Entre le 13 et le 15 février, des groupes de 400 à 500 jeunes affrontent de nuit les forces de l’ordre. La plupart sont mineurs. Le 15 février, une jeune femme de Bobigny interrogée sur France Inter déclare : « je suis dèg, on veut aider Théo et eux ils font n’importe quoi. Ils sont où les parents ? ». Les tensions sont telles que nombre d’observateurs craignent une flambée de violence du même ordre que celles de 2005. D’autant que des personnalités jettent de l’huile sur le feu le 15 février en publiant une tribune dans Libération, quotidien goûtant les Unes « provocatrices », dans laquelle elles qualifient les 4 policiers mis en examen « d’agents du désordre » et de « brebis galeuses ». Sans surprise, Balasko, Py, Auffray, Bruel ou Roumanoff figurent parmi les principaux signataires.
Qui doit être mis hors d’état de nuire ?
Pour l’éditorialiste de La Croix, « Les appels au calme sont devenus indispensables, appuyés sur les déclarations de Théo lui-même : « soyons unis, stop à la guerre ». Les mots sonnent d’autant plus forts que l’éditorial paraît à côté du grand titre de Une de La Croix, ce 14 février : Alep, la vie dans les ruines. Reportage dans la ville désormais réunifiée mais où les conditions de vie sont rudes. Car pour Ernenwein, l’inquiétude principale est là : « il faut mettre d’urgence hors d’état de nuire ceux qui pratiquent — de part et d’autre — la stratégie de la tension. Beaucoup rêvent d’une montée aux extrêmes » et particulièrement « ceux qui professent le kärcher et encouragent la pratique désormais très répandue du contrôle au faciès ». Il s’agit d’éviter « d’abandonner le haut du pavé à ceux qui comptent prospérer en jouant avec le feu ». Une solution consiste à « façonner un nouveau paysage ».
Sous la Flèche de la Basilique, la paix ?
Dès lors, La Croix interroge sur du concret urgent en page 4 : Faut-il reconstruire la flèche de la Basilique Saint Denis ? L’écrivain Erik Orsenna est « pour » car « reconstruire est une manière de faire vivre la République ». Tandis que des centaines de jeunes issus de l’immigration chantent en courant, pavés en mains, à proximité de l’édifice. . .