Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Nicole Ferroni

6 mars 2017

Temps de lecture : 13 minutes
Accueil | Portraits | Nicole Ferroni
Accueil | Portraits | Nicole Ferroni

Nicole Ferroni

Temps de lecture : 13 minutes

« Mon inculture politique est devenue ma force »

Née en mars 1982 à Casablanca, Nicole Ferroni a fait des études d’enseignante ; France Télévisions en a fait une humoriste au service de la bien-pensance au pouvoir, dans l’émission « On n’demande qu’à en rire » sur France 2, entre 2011 et 2014.

Formation

Elle est née d’une mère prof d’alle­mand et d’un père ancien colonel devenu prof de chimie. C’est dans le cadre de ses fonc­tions mil­i­taires que le cou­ple se retrou­ve à Casablan­ca au Maroc quand ils don­nent nais­sance à Nicole. À l’âge de 7 ans, elle ren­tre en France avec ses par­ents et pour­suit sa sco­lar­ité à Aubagne (13).

Agrégée de sci­ences de la vie et de la Terre, Nicole Fer­roni devient pro­fesseur de SVT dans les quartiers nord de Mar­seille, au lycée Val-de-Durance à Per­tu­is puis, après qu’elle ait obtenu son agré­ga­tion, au lycée inter­na­tion­al Georges-Duby à Luynes.

Elle vit tou­jours chez ses par­ents à Aubagne.

Parcours professionnel

À la ren­trée 2009, elle demande un mi-temps pour pré­par­er son one-woman-show. La même année, elle ren­con­tre le comé­di­en Franck Kalous­t­ian, avec qui elle rejoint la com­pag­nie Wak’up Pro­duc­tion. Ils mon­tent ensem­ble la comédie Le grand cham­barde­ment de Gilles Azzopar­di avec son con­cours pour la mise en scène.

Elle monte ensuite son pre­mier one-woman-show L’œuf, la poule ou Nicole ?, joué pour la pre­mière fois le 5 novem­bre 2010 à Mar­seille. En 2011, après avoir quit­té son poste d’en­seignante, elle choisit défini­tive­ment la car­rière de comé­di­enne en jouant plusieurs fois par semaine son spec­ta­cle au Théâtre du Point-Vir­gule à Paris.

En par­al­lèle, elle entre par­mi les humoristes vedettes dans l’émis­sion « On n’de­mande qu’à en rire » présen­tée par Lau­rent Ruquier sur France 2 ; elle y fait 64 sketchs écrits et inter­prétés entre le 22 févri­er 2011 et l’ar­rêt de l’émis­sion, le 4 juil­let 2014.

En jan­vi­er 2011, elle rem­porte les prix du pub­lic et de la presse au fes­ti­val du rire de Puy-Saint-Vin­cent alors qu’elle rem­place Olivi­er Giraud. En novem­bre 2011, elle devient la mar­raine du Fes­ti­val Top In Humour de Chartres.

À par­tir d’oc­to­bre 2012, Nicole par­ticipe au ONDAR Show, émis­sion qui regroupe les prin­ci­paux humoristes de « On n’de­mande qu’à en rire ». Cette émis­sion est sus­pendue le 26 jan­vi­er 2013, la chaîne esti­mant que ses audi­ences ne sont pas assez élevées. En 2012 elle par­ticipe aus­si aux émis­sions de France Inter « Les affran­chis » et « On va tous y pass­er » ain­si qu’« Une heure avec » (Rire et Chansons).

Depuis févri­er 2013, elle tient une chronique heb­do­madaire sur les ondes de France Inter dans la mati­nale de Patrick Cohen.

En jan­vi­er 2015, elle intè­gre l’équipe de « Si tu écoutes, j’an­nule tout » sur France Inter. Elle fait par­tie, en avril 2015, des chroniqueurs du talk-show « Je vous demande de vous arrêter » sur France 4. Le 14 avril 2016, jour du vote de la loi sur le secret des affaires au par­lement européen, elle pub­lie une vidéo con­tre le pro­jet de loi. En moins de deux jours, la vidéo est vue près de 7 mil­lions de fois. Entre novem­bre 2015 et mai 2016, elle présente une chronique de vul­gar­i­sa­tion sci­en­tifique dans l’émis­sion heb­do­madaire « Folie pas­sagère » présen­tée par Frédéric Lopez sur France 2.

Parcours militant

Elle n’est pas encar­tée, mais affiche une sen­si­bil­ité de gauche.

Collaborations

Au théâtre

2003 : rôle d’Urielle de Mont­vaisin dans Château, scalpel et viande froide, de Gilles Azzopardi.
2008 et 2011 : rôle de Fon Lock et Blanche dans Hal­lu­cin­e­ma­tion, de Gilles Azzopardi.
2009–2011 : Le grand cham­barde­ment, de Gilles Azzopardi.
2010 : J’e­spérons que je m’en sor­ti­ra, de Mar­cel­lo d’Orta.
2010 : Un air de famille, de Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri.
2010 : Et si les femmes venaient de Jupiter et les hommes d’U­ranus ?

À la télévision

2011 : par­tic­i­pa­tion à « On a tout révisé », France 2.
2012–2013 : pro­tag­o­niste récur­rente dans ONDAR Show, France 2.
2013 : Appari­tions dans VDM, la série sur NT1.
2014 : rôle d’Oc­tavia dans la mini-série Peplum, de Philippe Lefebvre.
2015 : Objec­tive­ment, série en stop motion créée par Guil­laume Le Gor­rec et Hadrien Cousin, sur Arte Cre­ative : rôles de la crème, Elle, Capote Capucine, la manette, le rouge à lèvres et la bougie.

Au cinéma

2013 : Diag­nos­tic, court-métrage de Fab­rice Bracq, avec Michel Cymes et Arnaud Cosson.
2014 : rôle de San­dra dans N’im­porte qui de Raphaël Frydman.
2014 : rôle de la guide dans L’Ex de ma vie de Dorothée Sebbagh.
2015 : rôle de Sarah Deprez dans Toute pre­mière fois de Noémie Saglio et Maxime Govare.

Publicité

En 2016 elle a par­ticipé à une cam­pagne de pro­mo­tion de la con­serve, pour l’Up­pia (union inter­pro­fes­sion­nelle pour la pro­mo­tion des indus­tries de la con­serve appertisée).

Publications

Néant.

Ce qu’elle gagne

Non ren­seigné. Le Parisien (19/05/2015) affirme qu’une chronique mati­nale est payée 230 € net sur France Inter.

Sa nébuleuse

Gilles Azzopar­di, Patrick Cohen sur France Inter. Les autres humoristes de France Inter : Char­line Van­hoe­nack­er, André Manoukian, Clara Dupont-Mon­od, Guil­laume Meurice, Samir Boua­di, Thomas VDB, Mar­ius Coluc­ci ou Frédéric Fromet

Elle l’a dit

« À la ren­trée 2011, j’ai démis­sion­né de mon poste de pro­fesseure agrégée en sci­ences naturelles. Comme, autour de moi, ma déci­sion restait incom­prise, j’ai envoyé ma let­tre de démis­sion au jour­nal Le Monde, qui l’a pub­liée. Cela m’a valu d’être invitée dans Les Affran­chis, l’émission qu’Isabelle Gior­dano présen­tait alors sur France Inter », Téléra­ma, 29/12/2016.

« Après avoir été per­fusée à la télévi­sion, j’ai été ini­tiée à la radio avec Fun Radio. J’ai beau­coup écouté Doc & Difool, comme beau­coup de gens de mon âge. Mais je suis aus­si l’enfant de Radio Star, une radio locale de chez moi qui avait le même principe que Fun, avec moins de moyens, et en plus local », ibid.

« [le micro] a un dou­ble effet para­dox­al. D’un côté il est notre haut-par­leur, nous per­met de nous ouvrir sur le monde, mais en même temps, je me sens comme attachée à lui par une san­gle. Moi qui bouge tout le temps, il m’oblige à une cer­taine sta­bil­ité », ibid.

« À peine instal­lée, elle alpague une col­lègue : “C’est quoi la dif­férence entre le siège et le par­quet ?” Ce matin, elle doit s’exprimer face à Jean-Michel Hay­at, prési­dent du TGI (tri­bunal de grande instance de Paris). Elle lui explique qu’elle ne com­prend pas grand-chose à la jus­tice antiter­ror­iste et que, pour elle, TGI sig­ni­fie plutôt “très grosse inter­ro­ga­tion” », Les Inrocks, 23/12/2016.

« Je suis un élec­tron libre ! Je viens faire mes chroniques et je m’en vais, mais c’est bien de respecter le cadre, de ne pas laiss­er l’af­fect — alors que c’est ma nature — tout manger », Télés­tar, 20/12/2016.

« J’ai com­pris qu’il n’y avait que deux nerfs de la guerre en poli­tique: c’est l’ar­gent et l’im­age. Je n’ai pas l’ar­gent, mais j’ai plus de fol­low­ers que Matthias Fekl [secré­taire d’E­tat chargé du com­merce extérieur], par exem­ple, et ça ça compte énor­mé­ment. », L’Ex­press, 19/12/2016.

« Elle m’in­quiète, sa vic­toire [de Fil­lon aux pri­maires de la droite]. J’ai très peur que ce soit notre prochain prési­dent, son pro­gramme me paraît scan­daleux. Je suis dégoûtée en plus, j’ai filé qua­tre euros pour sa cam­pagne, puisque j’ai voté deux fois à la pri­maire de droite… Je suis dou­ble per­dante. Mais je suis vrai­ment effrayée quand je vois le rap­port de ce mon­sieur avec l’hu­mour. Il aime telle­ment peu ça… On va arriv­er à un point où les humoristes n’au­ront plus leur place en poli­tique et c’est très inquié­tant », ibid.

Elle suit la guerre en Syrie sur Google pour « appren­dre com­ment écrire Alep en arabe » et suit sur Twit­ter un indi­vidu « qui se présente comme jour­nal­iste indépen­dant et je le suis lui parce que Twit­ter a mis un petit sigle bleu pour me sig­naler qu’il existe vrai­ment », France Inter, 14/12/2016.

« Soit vous ne changez rien et dans ce cas changez seule­ment le nom de votre pays en Lux­em­beurk, pour dire qu’il y a de l’argent sale […] ou alors vous allez enfin pren­dre votre respon­s­abil­ité de dirigeant européen et lut­ter con­tre l’optimisation, le dump­ing, l’évasion fis­cale et pro­téger les lanceurs d’alerte », vidéo pub­liée sur Face­book le 10/12/2016 où Nicole Fer­roni s’adresse à Jean-Claude Junck­er. Dans le même bil­let, où elle finit en larmes pour bien faire com­pren­dre à ses audi­teurs qu’elle est émue, elle en rajoute sur les plat­i­tudes dites avec émo­tion : « la guerre, ce n’est pas si loin que ça, la guerre, ce n’est pas un truc de loin là-bas. La guerre, ça peut avoir des allures d’un ici et de main­tenant qu’on prend, qu’on fra­casse. C’est pren­dre un présent et le réduire en cen­dres. C’est rem­plac­er le “cozy” par la ter­reur, met­tre un chaos qui ne laisse plus aucune place à la douceur pas même celle des pâtis­series, car la guerre avale toutes les couleurs et met du noir à la place. La guerre, c’est l’hor­reur, et pas si loin dans l’e­space ni dans le temps ».

« J’ai appris que Don­ald Trump était en passe de devenir prési­dent des États-Unis. Entre-temps, il l’est devenu. Je me suis dit : on en est là dans l’his­toire de l’Hu­man­ité ? Après avoir inven­té le feu, la cul­ture, l’écri­t­ure, la médecine, on en est à con­fi­er la pre­mière puis­sance mon­di­ale, c’est à dire le pays qui est la pre­mière puis­sance mil­i­taire, économique, à un Mon­sieur qui attrape les femmes par la chat­te, qui ne paie pas ses impôts pen­dant vingt ans, et qui s’ap­prête à con­stru­ire un mur de 1600 km entre lui et les Mex­i­cains », vidéo sur Face­book, 09/11/2016, red­if­fusée sur YouTube.

« Mon boulot de chroniqueuse ne per­met pas de chang­er les choses, mais de dire aux poli­tiques qu’on n’est pas dupe, qu’on sait, qu’on les voit. Je suis un peu une aler­teuse, je pointe du doigt », Le Monde, 21/04/2016.

« Mon incul­ture poli­tique est dev­enue ma force mal­gré moi, résume-t-elle. Je suis comme le citoyen lamb­da, scan­dal­isée par les injus­tices, les iné­gal­ités et par tout cet argent qui part dans l’évasion fis­cale », ibid.

« Obser­va­tion, prob­lème, hypothèse, expéri­ence, résul­tat, inter­pré­ta­tion, con­clu­sion, je suis ce chem­ine­ment pour ten­ter de con­serv­er un regard neu­tre », ibid.

Cette année, je ne man­i­feste pas, je démis­sionne. Je dois beau­coup à Sarkozy ! S’il n’avait pas sup­primé des postes, dont le mien, je n’aurais peut-être pas imag­iné une telle recon­ver­sion. Ce fut l’épisode de trop, je l’ai pris comme un signe du des­tin et je me suis dit : “Va‑t’en” », ibid.

« Pen­dant l’année de stage, j’étais dans les quartiers nord de Mar­seille, dans un col­lège classé zone “ambi­tion réus­site”, ou “sen­si­ble”, ou “vio­lente”. “Ambi­tion réus­site”, c’est trop mignon ! J’ai eu un rire nerveux quand j’ai été affec­tée. J’ai décou­vert un autre monde. Tous mes élèves avaient deux ans de retard. “Dans ce col­lège c’est sim­ple, à part David, les blancs, c’est les profs”, m’avait dit un élève. En troisième, par exem­ple, je devais présen­ter un chapitre sur “Les chro­mo­somes sont le sup­port du pro­gramme géné­tique d’un indi­vidu”. J’avais un tiers d’élèves, pri­mo-arrivants, qui ne maîtri­saient pas le français. À quoi cela ser­vait de les faire écrire puisqu’ils ne com­pre­naient pas. Au bout d’un mois et demi, j’ai demandé à démis­sion­ner. », letudiant.fr, 02/03/2016.

« Mon père était enseignant-chercheur en chimie et ses échanges avec les élèves de fac étaient très grat­i­fi­ants. Ma maman était prof d’allemand, une matière qu’elle dis­pen­sait sou­vent devant une dizaine d’élèves seule­ment… ce qui a grande­ment par­ticipé à son bien-être ! Tout cela m’a don­né une vision biaisée de l’enseignement tel que le vivent les jeunes profs d’aujourd’hui », Vous­nousils, e‑magazine de l’Éducation, 06/07/2015.

« J’avais une fibre d’enseignante très forte… mais pas celle d’éducatrice ! Lorsque je me suis retrou­vée pour la pre­mière fois devant des élèves de 3e, en “Zone ambi­tion réus­site” dans les quartiers nord de Mar­seille, une grande par­tie du pro­gramme s’intitulait, je cite,” les chro­mo­somes sont le sup­port du pro­gramme géné­tique d’un indi­vidu”. Or, un élève sur trois maîtri­sait très mal, voire pas du tout, le français. A l’époque j’avais beau­coup de mal à gér­er cette sit­u­a­tion. Je suis quelqu’un de très sen­si­ble et je n’arrivais pas à assumer un rôle d’assistante sociale », ibid.

« J’ai vite sen­ti que mon sort était géré par des gens qui con­sid­éraient ma vie comme un dossier. D’ailleurs eux-mêmes ne sont que des dossiers pour leurs supérieurs hiérar­chiques ; c’est une pyra­mide où les rangs du dessous ne sont que des dossiers pour les rangs du dessus. », ibid.

« Que cela soit dans une classe, sur scène ou à la radio, il faut con­va­in­cre, intéress­er, faire face à un audi­toire… Ma voca­tion d’enseignante con­tin­ue de s’exprimer donc dans ma nou­velle vie. Je suis tou­jours dans la trans­mis­sion d’un con­tenu à un pub­lic. La grande dif­férence c’est qu’aujourd’hui mon pub­lic est volon­taire et con­sen­tant… enfin j’espère ! », ibid. [le pub­lic, oui, mais l’ensem­ble des con­tribuables qui paient le ser­vice pub­lic audio­vi­suel, ça reste à voir, NDLA]

On l’a dit à son sujet

« Il faut la suiv­re, l’ex-prof de SVT (les anci­ennes “sci­ences nat”) aux airs furieux et aux raison­nements noueux, voire tirés par les cheveux, mais tou­jours tenus mal­gré l’embrouillamini d’idées qu’elle nous oblige à emprunter. Quel que soit le sujet qui l’oc­cupe (l’é­colo­gie, l’en­seigne­ment), on l’é­coute épaté par le regard oblique qu’elle jette sur la société et l’en­gage­ment que cette chroniqueuse — énergique et bar­rée – ne craint jamais de man­i­fester », Téléra­ma, 26/12/2016.

« La chronique de Nicole Fer­roni entre­tient-elle les idées reçues au sujet d’une Europe qui ne servi­rait que les puis­sants de ce monde, au détri­ment de ses citoyens. Si l’humoriste tenait à s’en pren­dre à la Com­mis­sion, il y a, au moins trente-six angles d’attaque, du pan­tou­flage de Bar­roso aux déra­pages d’Oettinger, en pas­sant par la com­plai­sance de l’exécutif européen face à un bud­get alle­mand qui trans­gresse le pacte de sta­bil­ité en rai­son de son excé­dent beau­coup trop important.

Mais, de grâce, essayons de ne pas ali­menter les fan­tasmes col­lec­tifs », Taurillon.org, 23/12/2016.

« À l’image, cette anci­enne enseignante agrégée en sci­ences de la vie et de la terre (SVT) appa­raît comme dans ses chroniques radio­phoniques : énergique, spon­tanée, les bras et le vis­age en mou­ve­ment per­ma­nent. », Le Monde, 21/04/2016.

« L’humoriste a par­fois du mal à ne pas faire appa­raître sa sen­si­bil­ité de gauche », ibid.

Derniers articles

Voir aussi