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Présidentielle : Macron déjà sacré par les médias

24 juillet 2017

Temps de lecture : 13 minutes
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Présidentielle : Macron déjà sacré par les médias

Temps de lecture : 13 minutes

[Red­if­fu­sions esti­vales 2017 – arti­cle pub­lié ini­tiale­ment le 29/04/2017]

Au soir du premier tour de l’élection présidentielle, les grands médias peuvent crier victoire. Non seulement leur favori s’est qualifié, mais cerise sur le gâteau, le voilà en compétition avec le diable lepéniste qui, espère-t-on, ne sera pas trop difficile à éliminer. Retour sur un scrutin (presque) dicté d’avance.

Macron, le candidat des médias

En l’e­space de quelques mois, Emmanuel Macron est passé du statut de min­istre de sec­ond plan, peu appré­cié des Français et par­ti­c­ulière­ment des tra­vailleurs, à celui d’homme prov­i­den­tiel du « renou­veau » et de la « moder­nité », plébisc­ité par la qua­si-total­ité des médias. Selon un sondage paru en octo­bre 2014, seules 11 % des Français souhaitaient que leur min­istre de l’Économie joue un rôle impor­tant dans la vie poli­tique future. Plusieurs mil­liers d’heures d’an­tenne, d’ar­ti­cles et de cou­ver­tures de mag­a­zine plus tard, il nous était présen­té comme le grand favori de la prési­den­tielle, par­fois même comme déjà couron­né. Dans cette cam­pagne, les édi­to­ri­al­istes s’en sont don­nés à cœur joie. Pour Lau­rent Jof­frin (Libéra­tion), Macron « fait souf­fler un zéphyr de nou­veauté sur la vie poli­tique ». Dans le même temps, Nico­las Beytout (L’Opin­ion) y voy­ait un « vent de fraîcheur ». Usé jusqu’à la corde, ce vocab­u­laire a été util­isé durant toute la campagne.

Et ceci est sans par­ler de la « vedet­ti­sa­tion » à out­rance du « cou­ple Macron » et de cette « romance » par­ti­c­ulière entre Emmanuel et Brigitte, entre l’élève et le pro­fesseur, qui a inondé presse peo­ple et tra­di­tion­nelle con­fon­dues, his­toire d’a­madouer l’élec­torat féminin. Cet emballe­ment médi­a­tique pour le can­di­dat d’« En Marche ! » n’est heureuse­ment pas passée inaperçu, et nom­breux sont ceux qui ont con­staté, voire même dénon­cé cette « Macron-mania ». Pour Thomas Guénolé, poli­to­logue, cette star­i­fi­ca­tion d’Em­manuel Macron est d’au­tant plus sus­pecte qu’elle était, au moment des faits, « absol­u­ment dis­pro­por­tion­née par rap­port à son cap­i­tal de sym­pa­thie dans la pop­u­la­tion ». Ceci s’ex­plique. L’ef­fet mar­ronnier, tout d’abord, car le « phénomène Macron » fait ven­dre. Mais aus­si une cer­taine con­ver­gence, car « la plu­part des médias qui sur­ex­posent Emmanuel Macron ont une ligne édi­to­ri­ale favor­able au libéral­isme économique », ajoute-t-il.

Enfin, com­ment ne pas par­ler de l’in­flu­ence de cer­tains grands patrons de médias. Pour le député LR Eric Ciot­ti, « il y a des groupes de presse, et notam­ment celui qui est dirigé par M. Drahi, qui, il est assez clair et assez évi­dent, sou­ti­en­nent ouverte­ment mon­sieur Macron, dans le but de le faire élire prési­dent de la République, c’est man­i­feste. Après, à cha­cun de retrou­ver les liens, his­toriques, anciens, passés, entre ces groupes et mon­sieur Macron. Il y a un sou­tien très clair de ce groupe de presse pour mon­sieur Macron, c’est une évi­dence. » Par exem­ple ? Patrick Drahi, le mil­liar­daire israélien patron du groupe Altice Media, qui détient notam­ment BFMTV, RMC, L’Ex­press et Libéra­tion, et qui doit beau­coup à l’an­cien min­istre de l’Économie pour son coup de main dans le rachat de SFR… Autre exem­ple : Pierre Bergé, action­naire du Monde qui a affiché publique­ment son sou­tien à Macron. Aude Lancelin, jour­nal­iste licen­ciée de L’Obs en mai 2016, ne dit pas autre chose sur son site, voy­ant là « la main invis­i­ble d’une poignée de pro­prié­taires de presse, au pre­mier rang desquels Xavier Niel et Patrick Drahi ».

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mou­ve­ment « En Marche ! » par­tait sur de bonnes bases… Ain­si pen­dant que la SDJ de Chal­lenges dénonçait le « boule­vard fait à Macron » au sein de leur mag­a­zine, la rédac­tion des Inrocks affichait fière­ment quel était le vote de ses jour­nal­istes. Le sec­ond tour était prêt, le tapis rouge de l’Élysée déroulé, les affaires con­cer­nant François Fil­lon feraient le reste, et la prophétie auto-réal­isatrice des médias a logique­ment tri­om­phé au soir du pre­mier tour, avec un Macron en tête à 24,01 %, devançant une Marine Le Pen à 21,3 %. La mis­sion était accom­plie, ne restait qu’à boucler l’en­tre-deux tours.

Un sacre dès le premier tour

Avant d’avoir à sup­port­er le tra­di­tion­nel refrain antifas­ciste, les téléspec­ta­teurs ont eu droit à une pre­mière mise en bouche de cette élec­tion présen­tée comme jouée d’a­vance. Dès le soir du pre­mier tour, Emmanuel Macron était traité en futur prési­dent de la République. Célébra­tion en direct sur toutes les chaînes, con­voi de motards, cou­ver­ture minute par minute des déplace­ments de l’héri­ti­er de François Hol­lande. Un sacre avant Reims.

Spec­ta­teur de France 2, comme des mil­lions de Français, Daniel Schnei­der­mann a livré, dans Libéra­tion, son ressen­ti sur cette soirée élec­torale. « S’il reste quelques citoyens qui n’ont pas com­pris com­ment les médias ont imposé Macron comme une évi­dence, alors qu’ils se pré­cip­i­tent sur le replay de la soirée élec­torale de France 2 », explique-t-il. Évidem­ment, avant cela, comme nous l’avons dit, le ter­rain avait bien été pré­paré avec « la col­lec­tion com­plète des cou­ver­tures de l’Obs » ou encore « les édi­tos à répéti­tion des snipers de Chal­lenges ». Tout ceci a con­sti­tué un « bloc de pro­pa­gande vis­i­ble » qui a con­nu sa con­sécra­tion ce 23 avril au soir. Escorté par les motards, Macron tri­om­phait. « On a l’impression de voir un prési­dent élu, et c’est assez impres­sion­nant », s’est même émer­veil­lé en direct le jour­nal­iste Jeff Wit­ten­berg ! Et Daniel Schnei­der­mann de faire remar­quer qu’en l’oc­cur­rence, ces images, « il en était lui-même le fab­ri­cant, lui et sa chaîne, et tous les autres ».

« Si on pis­tait ain­si Macron, pourquoi ne pis­tait-on pas pareille­ment Marine Le Pen à Hénin-Beau­mont ? », s’in­ter­roge le fon­da­teur d’@rrêt sur Image. Rien de plus logique pour venir clô­tur­er une cam­pagne où « quelques médias dom­i­nants ont fait pass­er le fils préféré de Hol­lande, l’un des maîtres d’œuvre occultes du quin­quen­nat sor­tant, pour le cham­pi­on du renou­velle­ment ». Notons néan­moins que cette chronique lucide, trop rare dans la presse, n’est pas passée inaperçue. Aus­sitôt pub­liée, elle a été sévère­ment cri­tiquée par Patrice Rome­denne sur France 2, qui tel un chien de garde s’est empressé de dénon­cer une chronique « moche » et « men­songère ».

2002–2017 : Le difficile remake de l’entre-deux-tours

Évidem­ment, avec Marine Le Pen au sec­ond tour, on s’at­tendait à un remake de l’en­tre-deux-tours de 2002. Prob­lème : nous ne sommes plus en 2002, les man­i­fes­ta­tions de masse n’ont pas eu lieu, et Marine Le Pen n’est pas son père. Qu’à cela ne tienne ! Les médias n’au­ront pas tardé à embray­er pour pass­er aus­sitôt à un logi­ciel antifas­ciste encen­sant le sacro-saint « bar­rage répub­li­cain ». De partout, les édi­tos engagés ont fleuri. Le Monde, quo­ti­di­en de « référence » qui s’est depuis peu auto-proclamé label de vérité avec son Décodex, a estimé que ce résul­tat devait nous « alert­er sur l’é­tat de notre démoc­ra­tie ». Ain­si, sa déci­sion ne souf­fre pas de « la moin­dre ambiguïté » : « nous souhaitons la défaite de Marine Le Pen et appelons pour cela à vot­er en faveur d’Emmanuel Macron. » Voilà qui est dit.

Libéra­tion égale­ment y est allé de son bil­let en pri­ant pour « que le cauchemar ne devi­enne pas réal­ité ». Le quo­ti­di­en se demande « où est passée cette capac­ité à s’émouvoir devant la men­ace de l’extrême droite, comme en 1986 ou encore en 2002 ? ». De son côté, Mar­i­anne fait sa une en voy­ant en Macron un « rem­part ». Enfin, L’Obs juge qu’« il flotte en ce lende­main d’élection un par­fum nauséabond d’habitude ». L’heb­do­madaire va même plus loin, virant car­ré­ment com­plo­tiste sur les bor­ds. Dans un autre bil­let, L’Obs juge que la Russie ne va « prob­a­ble­ment pas (…) laiss­er per­dre Marine Le Pen sans inter­venir », la vic­toire de Macron étant une « grave défaite pour Pou­tine ». Ain­si, sans aucune preuve con­crète, L’Obs nous assure très sérieuse­ment que Moscou s’ap­prête à s’ingér­er dans l’élec­tion en faveur de Marine Le Pen. En tous cas, « vue l’importance de la France et Marine Le Pen dans la stratégie européenne du Krem­lin, on a du mal à imag­in­er le con­traire », nous dit-on. Un grand moment de jour­nal­isme… et de com­plo­tisme autorisé.

Pressions et censure

Ailleurs, on tente de faire pres­sion sur cer­taines per­son­nal­ités et cer­taines instances. A Libéra­tion, on somme Jean-Luc Mélen­chon de retir­er de sa veste son tri­an­gle rouge, porté en hom­mage aux déportés com­mu­nistes dans les camps de con­cen­tra­tion nazis. La rai­son ? Il n’a pas appelé à vot­er Macron ! « A moins d’un appel à vot­er Macron, il doit s’en défaire », estime ain­si l’écrivain Didi­er Daen­inckx. Au Monde, on crie « honte » aux évêques qui n’appellent pas à vot­er con­tre Marine Le Pen. La Con­férence des évêques de France n’ayant don­né aucune con­signe de vote, Chris­t­ian Dela­haye (pro­fesseur au cen­tre d’é­tudes théologiques de Caen) estime que « ce sont les seuls respon­s­ables con­fes­sion­nels à faire tomber la digue anti-FN ».

La pres­sion est égale­ment sur les épaules des jour­nal­istes, dont cer­tains ont reçu des remon­trances. Titiou Lecoq, jour­nal­iste notam­ment pour Slate.fr, explique sur Twit­ter s’être faite « engueuler par une respon­s­able des comités d’En Marche » pour avoir écrit que Macron était « libéral ». Cette respon­s­able lui aurait demandé de « mod­i­fi­er parce que ça fait le jeu du FN ». Un comble, lorsqu’on lit l’ar­ti­cle incrim­iné, où celle-ci nous dit que « le dan­ger Le Pen, c’est pas en 2022, c’est main­tenant ». Johan Huf­nagel, rédac­teur en chef du site web de Libéra­tion, s’est lui-aus­si fait tir­er les bretelles pour avoir dit qu’il trou­vait Macron « trop arro­gant d’aller fêter une vic­toire de pre­mier tour avec des peo­ple »… Il s’est du coup rat­trapé le 28 avril en écrivain un arti­cle inti­t­ulé « A mes cama­rades de gauche qui ne voteront pas con­tre Le Pen » dans lequel il laisse enten­dre que si Marine Le Pen à l’Elysée, il n’est pas cer­tain qu’elle en sorte (autrement dit, risque de coup d’Etat à l’issue du quinquennat !)

A France Inter aus­si, quelques ten­sions se font sen­tir. Mer­cre­di 26 avril, l’hu­moriste Pierre-Emmanuel Bar­ré a été privé de chronique sur les ondes de la sta­tion. Con­traint de dif­fuser sa chronique depuis son domi­cile sur sa page Face­book, celui-ci com­mence par dire qu’on lui a « demandé de ne pas faire cette chronique ce matin à France Inter ». Et pour cause. Dans celle-ci, l’hu­moriste s’ex­clame, entre autres : « Vous pen­siez vrai­ment que j’al­lais vous dire que j’al­lais vot­er Macron ? Eh ben non, je n’aime pas son pro­gramme, je ne vote pas pour lui, c’est tout, c’est ça, c’est la démoc­ra­tie. » Et ce dernier de faire l’éloge des absten­tion­nistes. Une ver­sion démen­tie par Nagui, l’an­i­ma­teur de l’émis­sion, qui ajoute néan­moins : « Il n’y a pas de cen­sure sur France Inter. Mais, nous vivons des semaines qui ne sont pas tout à fait anodines. » Com­prenne qui pourra.

Connivences et parti-pris

Pres­sions, cen­sures, mais aus­si par­ti-pris affiché. Per­rine Tarneaud, direc­trice de l’information par­lemen­taire de la chaîne Pub­lic Sénat, a cru bon de relay­er un Tweet hos­tile à Marine Le Pen et pro-Macron. Elle est loin d’être la seule. Car out­re les édi­tos et les arti­cles ori­en­tés, les jour­nal­istes ne se privent pas pour faire pass­er quelques mes­sages sans fil­tre, sur les réseaux soci­aux et même à l’an­tenne. C’est le cas de Daph­né Bur­ki, ani­ma­trice de « La Nou­velle Émis­sion » sur C8, et qui, après avoir com­pilé les points God­win, a appelé directe­ment les électeurs de Marine Le Pen à « chang­er d’avis »

Dans le même temps, Audrey Pul­var a rejoint les sig­nataires d’une une péti­tion lancée par Lau­rence Rossig­nol, la min­istre de la Famille, de l’Enfance et des Droits des femmes inti­t­ulée « Fémin­istes, nous ne voulons pas du Front Nation­al. Nous votons Emmanuel Macron ! ». Dif­fi­cile de faire plus clair. Un par­ti-pris évi­dent et dou­teux pour la jour­nal­iste, qui ani­me sur CNews deux émis­sions le dimanche : « Le grand jour­nal de la prési­den­tielle » et « Le Grand Ren­dez-Vous ». En somme, pas des émis­sions où on cause recettes de ravi­o­lis. Face à l’indig­na­tion des réseaux soci­aux, CNews a pris ses respon­s­abil­ités en sus­pen­dant sa jour­nal­iste pour une durée indéter­minée. Un choix déon­tologique qui, pour­tant, n’a pas plu à tout le monde, de SOS Racisme qui a cru bon de racialis­er l’af­faire en défen­dant une femme « noire » face au FN, à Bernard-Hen­ri Lévy qui a apporté son « sou­tien sans réserve à Audrey Pul­var ». Et le pré­sumé philosophe d’ex­pli­quer qu’ « en état d’ur­gence poli­tique, on com­prend que les règles de neu­tral­ité soient momen­tané­ment oubliées »… BHL, Nagui, même combat !

S’il con­vient de saluer la déci­sion de CNews, comme l’a fait remar­quer ironique­ment Robert Ménard, maire de Béziers et sou­tien du Front Nation­al, celle-ci n’en demeure pas moins « injuste » pour Audrey Pul­var. En effet, par­tant de ce principe, « les 3/4 des jour­nal­istes devraient être sus­pendus », explique-t-il. Quoi qu’il en soit, ce (petit) sur­saut déon­tologique de CNews nous ferait presque oubli­er sa prin­ci­pale con­cur­rente, BFMTV, surnom­mé « BFMacron » par de nom­breux inter­nautes durant la cam­pagne. Out­re la sur­ex­po­si­tion de ses meet­ings et la bien­veil­lance à l’é­gard de l’an­cien min­istre, BFMTV s’est récem­ment illus­trée à nou­veau avec une séquence quelque peu dérangeante.

Mer­cre­di 26 avril, la chaîne d’in­for­ma­tion en con­tin­ue cou­vrait le meet­ing du can­di­dat à Arras. Dans l’at­tente du direct, la jour­nal­iste Ruth Elkrief (qui était vis­i­ble dans un coin de l’écran) a alors adressé un salut plus qu’am­i­cal, com­plice pour­rait-on dire, à une per­son­ne présente hors champs. Quelques sec­on­des plus tard, Emmanuel Macron pas­sait der­rière l’im­age ! Con­traire­ment à ce qui s’est aus­sitôt répan­du sur les réseaux soci­aux, et qui a sus­cité l’indig­na­tion, ce n’est pas le can­di­dat d’« En Marche ! » que Ruth Elkrief a salué. Il s’ag­it en réal­ité de Ben­jamin Griveaux, mem­bre de l’équipe d’Em­manuel Macron. Ce qui, soit dit en pas­sant, n’est pas moins grave.

Si, face à la polémique, la jour­nal­iste s’est jus­ti­fiée, évo­quant une « poignée de main rapi­de » et une « mau­vaise inter­pré­ta­tion », le mal était fait, et cette image n’en restera pas moins le sym­bole de cette con­nivence maintes fois dénoncée.

Tapis rouge et gueule de bois

Qu’on se ras­sure, BFMTV est loin d’être la seule chaîne coupable de con­nivence et de deux-poids-deux-mesures fla­grant. Il suf­fit de con­stater la dif­férence de traite­ment des deux can­di­dats dans les entre­tiens qu’ils don­nent à la télévi­sion et à la radio. Quand Marine Le Pen est sans arrêt coupée et acculée de con­tra­dic­tions, Emmanuel Macron jouit d’un temps de parole lisse et sans remous. Même con­stat con­cer­nant les édi­to­ri­al­istes et jour­nal­istes poli­tiques, presque tous hos­tiles à la can­di­date frontiste.

Heureuse­ment qu’il y a le CSA… ou pas. Comme à chaque fois, le gen­darme de l’au­dio­vi­suel demeure bien silen­cieux face à tous ces man­que­ments et à cette dif­férence de traite­ment qui, pour­tant, saute aux yeux. En atten­dant, les médias peu­vent con­tin­uer en toute tran­quil­lité leur tra­vail, de dia­boli­sa­tion d’un côté, de prési­den­tial­i­sa­tion de l’autre. Et pen­dant que Le Lab d’Eu­rope 1 voit dans les appels de Marine Le Pen aux dauphins un « clin d’œil aux néon­azis » (voir ci-dessus la cap­ture d’écran de cet arti­cle, depuis retiré en urgence), Emmanuel Macron pour­suit sa cam­pagne au sein d’un monde médi­a­tique presque entière­ment acquis à sa cause et qui le place déjà sur le trône.

À moins que, comme nous avons déjà pu le voir out­re-Atlan­tique, les résul­tats du sec­ond tour nous réser­vent des sur­pris­es ? Auquel cas, le retour au bureau lun­di 8 mai au matin risque d’être dif­fi­cile pour nom­bre de nos jour­nal­istes, assis depuis déjà bien longtemps sur leur charte d’éthique.

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