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2ème tour de la présidentielle : vous reprendrez bien un peu de moraline ?

2 mai 2017

Temps de lecture : 4 minutes
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2ème tour de la présidentielle : vous reprendrez bien un peu de moraline ?

Temps de lecture : 4 minutes

La qualification de Marine Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle n’a pas donné lieu aux manifestations massives qui avaient été organisées en 2002. On assiste par contre une nouvelle fois à une offensive médiatique menée par différents représentants de la société civile. La presse papier et les éditions en ligne s’en font le relais.

Ce sont tout d’abord cer­tains hauts fonc­tion­naires qui déclar­ent dans la presse ne pas vouloir tra­vailler avec Mme Le Pen si elle était élue. Un prési­dent de cham­bre à la cour d’ap­pel de Ver­sailles annonce sa démis­sion en cas de vic­toire de Marine Le Pen, relaie le Huff­in­g­ton Post. Ce sont aus­si d’après Le Monde « les prési­dents des uni­ver­sités Paris-Descartes, de Bour­gogne et de Poitiers (qui) ont écrit à leurs étu­di­ants et à leurs enseignants pour les inciter à vot­er au sec­ond tour con­tre le Front nation­al. » 20 Min­utes ajoute à la liste des « hauts fonc­tion­naires qui refuseront de servir Marine Le Pen » l’ambassadeur de France au Japon.

Le blog de France Info est par­mi le seul à don­ner la parole à des voies dis­cor­dantes de hauts fonc­tion­naires : « cer­tains s’inquiètent, d’autres regret­tent les pris­es de posi­tion publiques. Ce n’est pas le rôle d’un haut fonc­tion­naire ». Tiens, c’est vrai, on en avait presque oublié le devoir de réserve inscrit dans le statut de la Fonc­tion publique…

RTL nous informe qu’« une cen­taine d’artistes a cosigné une courte tri­bune dans Libéra­tion pour “faire bar­rage à Marine Le Pen” ».

On aura com­pris qu’il est impor­tant de par­ticiper à ce mou­ve­ment de vin­dicte, et surtout de le faire savoir dans les médias. Grâce à Twit­ter, les opin­ions peu­vent être envoyées en temps réel, avant même le temps de la réflex­ion. 20 Min­utes nous relate un tweet menaçant de Ben­jamin Bio­lay suite au ral­liement de Nico­las Dupont Aig­nan à Marine Le Pen : « A tes risques et périls petite teupu [pute en ver­lan]. Tu vas le pay­er cher ». Gilles Lel­louche traite quant à lui — tou­jours selon 20 Min­utes — le leader de Debout la France de « grosse merde ». Nous n’irons pas plus loin dans le reg­istre orduri­er util­isé par des représen­tants de la cul­ture française. Est-ce le respect des per­son­nes et de leurs opin­ions qui serait men­acé avec l’élection de Marine Le Pen ? Heureuse­ment, des vigies sont sur le qui-vive.

Le secteur asso­ci­atif n’est pas en reste. Dans le Jour­nal du Dimanche, « 61 asso­ci­a­tions appel­lent les citoyens à aller vot­er au sec­ond tour de la prési­den­tielle. Et à se mobilis­er face à ceux qui prô­nent le repli sur soi ». Par­mi les sig­nataires, on peut s’interroger sur l’« intérêt à agir » de cer­tains d’entre eux, tant le con­tenu de cet appel est éloigné de leur objet (la défense de l’environnement, etc. ).

Enfin, ce sont 36 sociétés de jour­nal­istes qui dénon­cent « l’entrave à la lib­erté d’informer » par le FN, selon Le Monde. « Le Front nation­al a décidé de choisir les médias qui sont autorisés à suiv­re Marine Le Pen. » indique le texte.

Cette pra­tique, jus­ti­fiée par­fois par le manque de place dédiée aux jour­nal­istes pour cou­vrir les déplace­ments des can­di­dats, n’est pas nou­velle, comme le relatait Le Monde en 2012. « “On ne peut pas se per­me­t­tre que notre can­di­dat soit noyé sous une forêt de micros et de caméras et que les médias fassent bar­rage entre le prési­dent et les Français”, expli­quait alors Franck Lou­vri­er, directeur de la com­mu­ni­ca­tion de Nico­las Sarkozy.

Plus proche de nous, le site Sput­niknews nous informe que « Macron a refusé d’accréditer Sput­nik et RT (sites d’information financés par la Russie, note du rédac­teur) afin qu’ils soient admis à son quarti­er général à l’ap­proche de la fin du vote au pre­mier tour de l’élec­tion prési­den­tielle ». Le site 7sur7.be nous apprend quant à lui que M. Macron a négo­cié l’ex­po­si­tion de sa vie “privée” via un “con­trat d’ex­clu­siv­ité moral” passé avec l’agence Bes­tim­age. Aucune réac­tion indignée ?

Foin de ces argu­ments, il importe avant tout de par­ticiper à la cam­pagne d’indignation nationale relayée par les médias.

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