[Rediffusion – article publié initialement le 07/10/2017]
Parmi les différents arbitrages budgétaires du gouvernement, la baisse des APL a fait les choux gras des médias. Cette mesure a été envisagée dès 2015. Pour une raison différente de celle mise en avant cette année. Pourquoi ? Mystère…. Ces justifications à géométrie variable selon les années ne sont pas soulignées par les médias, qui se contentent souvent de relayer la communication gouvernementale ou n’insistent pas sur le jeu en cours de vases communicants. Exemples.
Le premier gros bug du gouvernement… et un grand buzz
Le décret instituant une baisse des Aides Personnalisées au Logement n’est paru au Journal officiel que le 29 septembre, nous informe L’Humanité. Pourtant, son annonce fin juillet a été très fortement couverte par les médias. Aucun titre de journal, aucune radio n’a laissé passer l’information. Pour L’Obs, c’est « la petite baisse qui coûte un bras ». Selon Europe 1, « ces cinq euros (qui) mettent le feu aux poudres ». « Le gouvernement mesure l’impopularité de sa décision » selon Le Parisien. 20 Minutes donne la parole à un locataire : « Cinq euros ça permet de ne pas être à découvert à la fin du mois ». Pour France Info, il s’agit de « cinq euros auxquels tiennent de nombreux habitants », etc…
L’objectif affiché de cette mesure est relayé par BFM Business qui donne la parole au Premier Ministre : « avoir un système dans lequel peut-être les APL diminuent mais les loyers diminuent en conséquence ». L’Express interviewe le Président de la République qui précise que « cette baisse devrait aller de pair avec une politique globale visant à baisser les loyers ».
Politique d’immigration : en marche pour la hausse des crédits
Alors que Le Huffington Post affirme que « le ministre de l’Intérieur voit les crédits (…) dédiés à la politique d’immigration, d’asile et d’intégration bondir de 280 millions » en 2017, les journalistes qui interviewent Messieurs Macron et Philippe n’ont pas l’insolence de faire le lien entre cette hausse et les coupes des APL.
Vases communicants
En septembre 2015, en prévision du budget 2016 et sur la base d’informations gouvernementales, La Dépêche annonçait déjà un coup de rabot aux APL : « Budget 2016: baisse de 225 millions d’euros des APL pour financer les HLM et (…) les réfugiés ». Une information relayée par Le Point pour qui « Le gouvernement prévoit de raboter le budget des aides personnalisées au logement pour compenser les dépenses pour l’accueil des réfugiés, notamment ».
Le Midi Libre était plus précis et citait une personne de l’entourage de la ministre du Logement d’alors selon laquelle « ces mesures d’économies de 120 millions serviront à renforcer les capacités d’accueil des réfugiés ».
Pour compliquer le tout, le rapporteur de la commission des finances du Sénat de la mission « Égalité des Territoires » indique le 3 août 2017 dans une communication que « le Gouvernement actuel a indiqué être contraint de procéder à cet abattement en raison d’une dépense en exécution supérieure à l’enveloppe budgétaire initiale ».
Autre année, autre gouvernement, autre interlocuteur… et toujours aucune distance critique de nombreux médias par rapport à des justifications à géométrie variable… Plus la ficelle est grosse, moins elle se fera remarquer.