Nicolas Corneau, directeur général adjoint du groupe Centre France – La Montagne – et en charge de la modernisation de ce groupe de presse, l’a quitté à la toute fin du mois de septembre 2017, usé par une guerre interne pour la direction générale.
Ancien directeur commercial de La Nouvelle République du Centre-Ouest (NRCO) de Tours, il a rejoint Centre-France (actionnaire principal de la NRCO alors) en octobre 2013 pour occuper les mêmes fonctions. Il est monté en grade, à mesure que le groupe se redressait – 8,5 millions d’€ de résultat courant en 2016 contre 3,2 en 2015. En 2016, le groupe est dirigé par Alain Védrine, suppléé par trois directeurs généraux adjoints, Nicolas Corneau donc, Soizic Bouju et Laurent Couronne.
Le groupe Centre-France compte aujourd’hui 27 filiales, dans cinq métiers. Dans la presse, le groupe édite 8 titres quotidiens, 11 hebdomadaires et a une agence de presse (Centre France info région). Il y a aussi une maison d’éditions, De Borée – Nicolas Corneau a participé à son redressement après une liquidation judiciaire en 2015 ; il ne reste plus que 13 salariés sur 65 et la distribution a été sous-traitée à une filiale de Gallimard. Une régie publicitaire (Centre France publicités), une filiale formation (ESJPro) et une filiale événementielle implantée à Clermont-Ferrand et Auxerre complètent le dispositif.
Nicolas Corneau a été mis en cause à plusieurs reprises, notamment au moment du plan social de La République du Centre, le quotidien d’Orléans, en très mauvaise posture et dont la diffusion ne cesse de reculer. En 2013, 80 postes sont supprimés. En 2014, plusieurs éditions locales dans l’est du département du Loiret sont abandonnées. Puis la rédaction quitte Orléans-centre pour Saran, puis pour l’avenue des Droits de l’Homme à l’est d’Orléans. Qu’à cela ne tienne : la diffusion ne cesse de reculer (-4% entre 2016 et 2017, ‑13% de 2013 à 2017).
En 2013 donc c’était le cabinet Altedia qui avait été choisi par Centre France pour reclasser les salariés de La République du Centre licenciés. Regrettable hasard ? La femme de Nicolas Corneau, Constance Corneau, tout juste embauchée par le groupe Centre-France, actionnaire majoritaire du journal orléanais, travaillait dans le même cabinet.
Cependant c’est surtout la lutte pour la direction générale du groupe qui aurait poussé Nicolas Corneau à s’écarter, après qu’il ait perdu face à Soizic Bouju, une autre des directeurs généraux du groupe. Née à Rabat (Maroc) et arrivée dans le Morbihan dans les années 1980, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille en 1990 et de Sciences Po Toulouse en 1988, elle a travaillé à Nord-Éclair (1993–98), puis comme directrice des études à l’ESJ (1998–2003), puis chez Prisma Presse (2003–2008), puis comme consultante jusqu’en 2010. Elle est alors embauchée comme directrice de l’innovation éditoriale puis devient la directrice de La République du Centre et de L’Écho républicain, un journal basé à Chartres dont la diffusion baisse aussi (-4,05% en 2017 par rapport à 2016, ‑11,5% de 2013 à 2017). En juin 2017 elle a été nommée DGA en charge des stratégies.
À terme elle devrait diriger le groupe, croient savoir des personnes proches du dossier. Bon courage aux journalistes : son expérience à la tête de La République du Centre et de L’Écho républicain n’a pas laissé de souvenirs folichons, ni permis de mettre fin au déclin des deux journaux.
Orientée vers le digital en priorité, à des années lumières des lecteurs vieillissants et ruraux des journaux locaux en province, elle fait pourtant des constats lucides : « Les lecteurs ne se sentent plus proches de leur journal local. Avant, ils avaient le réflexe d’aller le chercher chaque matin, aujourd’hui ils commencent à se demander s’ils vont l’acheter », expliquait-t-elle aux Assises du Journalisme en 2016. Pas sûr que le digital les fera changer d’avis…