Toujours à la pointe de l’innovation et de la recherche d’un modèle économique viable pour la presse à l’heure d’Internet, le New York Times a ouvert la voie en instaurant son « paywall » (système de monétisation au compteur) en mars 2011 : l’internaute peut consulter gratuitement jusqu’à 20 articles par mois, au-delà de quoi il doit s’abonner et payer. Depuis avril 2012, le NYT a ajusté son tir et ramené le nombre d’articles gratuits à 10.
Un des écueils à éviter semble être en effet de passer brutalement de la gratuité totale au tout payant, erreur qu’a commise le Times de Londres en 2010. Le public n’a pas suivi.
Suivant l’exemple probant du NYT, partout et de plus en plus, les sites Web des quotidiens monétisent ainsi leur contenu : Los Angeles Times, Toronto Star, Die Welt, Corriere della Sera, La Reppublica… la liste des journaux concernés est un véritable tour du monde occidental.
La presse économique, dont le contenu est plus facile à monétiser que celui de la presse généraliste, a fait office de précurseur en la matière : c’est ainsi que le Financial Times a récemment franchi un cap hautement symbolique en devenant le premier quotidien dont la version papier est moins diffusée que la version numérique (312 000 abonnés numériques contre 296 326 exemplaires papier vendus le mois dernier).
En France, Les Échos ont inauguré le mois dernier un nouveau site Internet avec un système de monétisation au compteur. Mais c’est bien toute la presse française qui prend le pli avec retard, comme en témoignent les dernières annonces de Libération (voir brève récente) et la refonte du site du Figaro, prévue en février prochain et qui donnera plus de place au payant et à la vidéo.
Les expérimentations en matière de paywall sont nombreuses. Le groupe slovaque Piano Media a mis en place un paywall national permettant d’accéder indifféremment aux contenus de journaux concurrents pour un prix forfaitaire global. Autre idée : le Telegraph britannique vient de lancer un paywall uniquement destiné aux internautes en dehors du Royaume-Uni.
Pour lire gratuitement sur le Web un contenu de qualité, il ne restera bientôt plus que le Guardian et le Washington Post. Mais est-ce un hasard si ce sont précisément ces journaux qui réduisent aujourd’hui les effectifs de leur rédaction ?