Prendre systématiquement parti contre le maire de Béziers Robert Ménard ne suffit pas nécessairement à renflouer un journal. C’est du moins ce qui arrive au Midi Libre, qui dépend depuis 2015 du groupe La Dépêche du Midi. Ce dernier groupe est présidé par Jean-Michel Baylet, ancien président du Parti Radical de Gauche. Depuis 2015 Le Midi Libre porte donc bien mal son nom, et surtout à un nombre de moins en moins grand de lecteurs, selon une analyse de la section SNJ du journal.
Déjà en 2015, alors que Le Midi Libre sortait d’un plan social, le rachat par le groupe la Dépêche mettait sur la sellette 191 nouveaux postes, soit 20% de la masse salariale. En septembre 2016 le SNJ fait état d’un projet de transformation du quotidien Centre Presse (Aveyron) en agence de Midi Libre. La mutualisation des postes entre La Dépêche et Centre Presse a conduit à la suppression de 8 CDI de journalistes et à la fermeture de plusieurs rédactions, d’abord à Villefranche de Rouergue, tandis que d’autres fermetures sont prévues à Decazeville, Capdenac et Espalion, dénonce le SNJ début 2017. Les diminutions des ventes ont motivé ces regroupements : les ventes ont continué à s’éroder après les suppressions de postes et de rédactions. Parallèlement les salariés de l’Indépendant – ceux qui restent du moins, 40 sont partis sur 150 depuis 2015 – entrent en fronde, dénonçant pêle-mêle en juin la baisse de la pagination, l’accroissement de la charge du travail, la suppression de services, etc.
Une assemblée générale de la rédaction a eu lieu le 23 novembre au siège du Midi Libre à Saint-Jean de Védas. Y étaient présents ou représentés 60 journalistes sur les 170 que compte le titre. « Jamais notre titre a connu une telle crise », s’est insurgé le SNJ qui dénonce des « réorganisations et des suppressions de postes aux dépens de la qualité éditoriale », puisque 10% des postes pourront encore être supprimés à court terme, dont 12 CDD à des postes « structurels » dès début 2018.
Pis : les rédactions de Mende et de Millau devraient être mutualisées pour supprimer un poste de rédacteur tandis qu’un climat de grande tension règne à celle de Montpellier où deux journalistes devraient être déplacés contre leur volonté. Par ailleurs, suite à des signalements de salariés, l’Inspection du Travail est descendue dans les rédactions de Nîmes, Montpellier et Saint-Jean de Védas, au siège, où elle a imposé une feuille quotidienne de présence avec le nombre légal d’heures à respecter pour chaque salarié et la tenue exacte des dépassements horaires.
Pour le SNJ ce n’est pas le plus grand danger : « la diffusion payante du titre s’effondre. Moins 8,4% en semaine ‑diffusion print- pour le seul mois d’octobre ! ». En mars 2008, relève le syndicat, la diffusion sur sept jours était de 153 000 exemplaires. Elle s’est effondrée d’un tiers moins de dix ans après, puisqu’elle est désormais de 101 468 sur le papier et le web à la fin du mois de septembre.
Et la direction semble avoir abandonné la cause, assène le SNJ : « Rien n’est fait pour redresser les ventes : pour la direction, la suppression des postes est l’unique solution », il n’y a ni réflexion sur la ligne éditoriale, ni sur l’avenir numérique. Selon le syndicat, suppressions de postes et restructurations plombent la qualité éditoriale et les lecteurs se détournent de plus en plus d’un journal dont la qualité s’effondre.