Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Trump contre les Fake News : CNN finit très mal 2017

18 décembre 2017

Temps de lecture : 11 minutes
Accueil | not_global | Trump contre les Fake News : CNN finit très mal 2017

Trump contre les Fake News : CNN finit très mal 2017

Temps de lecture : 11 minutes

CNN finit très mal 2017. L’année avait pourtant très bien démarré pour la chaine avec d’excellents taux d’écoute et des recettes publicitaires à l’avenant. Récapitulons en quatre actes.

1er Acte (juin 2015-octobre 2016): « Trump, ma mine d’or publicitaire…»

En juin 2015 Trump est encour­agé à se présen­ter aux prési­den­tielles par Bill Clin­ton. Comme con­venu l’éléphant détru­it la porce­laine Bush avec l’appui des médias, en par­ti­c­uli­er de CNN : plus d’un mil­liard de pub­lic­ité gra­tu­ite. Néga­tive, certes, mais qui a asphyx­ié les répub­li­cains. Les taux d’écoute et les recettes pub­lic­i­taires de CNN explosent (avant la cam­pagne, CNN com­mençait à lass­er le pub­lic). Puis, trop con­fi­ants, les tech­nocrates élec­toraux d’Hillary (et Hillary elle-même) per­dent la face le 8 novem­bre 2016, son­nés par l’élection de Trump. La presse aus­si. Ni les uns ni les autres ne font leur mea cul­pa. Car il est hors de ques­tion d’attendre qua­tre ans. L’enjeu est bien de se débar­rass­er du dia­ble Don­ald avant qu’il ne procède à une révo­lu­tion cul­turelle dans un pays en décon­struc­tion con­tin­ue depuis la guerre du Viet­nam. Il n’y aura donc pas de lib­erté pour cet enne­mi de la lib­erté. Les lois de la pesan­teur con­sti­tu­tion­nelle comme celles de la grav­ité poli­tique ne s’appliqueront pas dans le cas de ce Trump qui a déclaré « ne pas être le prési­dent du monde ».

2e Acte (novembre 2016-janvier 2017) : « Touche pas à mon Deep State! »

Donc Soros et Pelosi (la dirigeante démoc­rate de la Cham­bre) se coor­don­nent dès le 14 novem­bre 2016 avec quelques cap­i­tal­istes « pour repren­dre le pou­voir ». Ce sont « les trois jours du Man­darin », du nom de l’hôtel de Wash­ing­ton où s’est tenu le con­clave des irré­ductibles résis­tants. Un piège est alors ten­du par l’État pro­fond : un vrai-faux dossier ini­tiale­ment lancé par les répub­li­cains proches de Rom­ney et de McCain, puis repris par les démoc­rates (et la cam­pagne Clin­ton), « tombe » entre les mains du FBI. Ce dossier, com­man­dité par les bou­caniers de la com­mu­ni­ca­tion Fusion GPS, évoque des bat­i­fo­lages uro­ma­ni­aques aux­quels Trump aurait par­ticipé dans un hôtel de Moscou, inférant donc sa com­pro­mis­sion. L’information provient de Christo­pher Steele, un ancien du MI6 bri­tan­nique, recon­ver­ti dans l’ébouage poli­tique. Cette infor­ma­tion est bizarrement mon­trée à Trump par Comey (patron du FBI), puis est « fuitée » dans l’heure qui suit par CNN, qui présente fausse­ment l’affaire comme « offi­cielle », car provenant de « ser­vices de ren­seigne­ment » d’un allié des États-Unis (et non pas comme un détourne­ment de l’appareil d’État au ser­vice d’une attaque poli­tique intes­tine). Suit une série de révéla­tions sur le nou­veau Secré­taire à la Sécu­rité Nationale (le Général Fly­nn a eu des con­tacts avec l’ambassadeur Russe pour dis­cuter de l’abolition des sanc­tions améri­caines) et le Min­istre de la Jus­tice, Jeff Ses­sions (idem). Le deux élé­ments-clé du rap­proche­ment avec la Russie (en vue de con­trat­ta­quer mon­di­ale­ment le ter­ror­isme islamiste) sont donc ciblés. Fly­nn est débar­qué, Ses­sions se récuse dans tout ce qui con­cerne la Russie. Vic­toire du Deep State : Trump perd le con­trôle de sa poli­tique étrangère, et le Min­istre de la Jus­tice, hors de con­trôle de son min­istre, con­tin­ue de suiv­re la ligne « Oba­ma- McCain » afin de de fac­to pré­par­er le rem­place­ment de Trump. Ain­si ce sera l’équipe du Min­istère de la Jus­tice (avec l’aide d’un Comey limogé) qui recrutera en mai l’équipe de mer­ce­naires chargés d’abattre Trump, sous la direc­tion du pro­cureur Mueller (prédécesseur de Comey au FBI). Tout est alors en place chez CNN pour lancer la cam­pagne mar­ket­ing qui fera mon­ter les recettes : « Rus­sia, Rus­sia, Russia… »

3e Acte (janvier-octobre 2017) : « La Russie, ça rapporte… »

Le feuil­leton russe devient une mine d’or pour les médias. Qua­tre enquêtes par­lemen­taires en par­al­lèle (qui ralen­tis­sent le tra­vail par­lemen­taire ordi­naire), puis celle d’un pro­cureur spé­cial (Mueller), pro­duisent révéla­tions et con­tre-révéla­tions, offrant rebondisse­ments sur rebondisse­ments tout au long d’un pas­sion­nant feuil­leton. CNN prend le lead­er­ship du tsuna­mi. Ses taux d’écoute sont excel­lents (quoiqu’inférieurs à ceux de Fox News ). La Chaine se posi­tionne en une sorte de Gou­verne­ment de Salut Pub­lic, com­posé de démoc­rates aux dents longues, des éter­nels paléo-démoc­rates, et des cori­aces #Nev­erTrump répub­li­cains. Leur mis­sion : « con­tex­ter » l’éviction du Prési­dent traitre à la patrie. La chaine recrute une « équipe d’investigation » spé­ciale, super­visée par deux prix Pulitzer : Carl Bern­stein (l’ancien com­père de Wood­ward dans l’affaire du Water­gate) et James Steele. Leur méth­ode : atta­quer sur tous les fronts, tout cri­ti­quer dans le moin­dre détail, du voy­age offi­ciel à l’étranger au nom­bre de boules de crème glacée ou de Big Macs absorbés, irrit­er l’histrion en se moquant de sa femme Mela­nia Trump, tout en pro­duisant une kyrielle de révéla­tions quo­ti­di­ennes sur la Russie, la Russie, la Russie, et encore la Russie. Quant à Bern­stein, il se spé­cialise sur l’amalgame trump­isme-nazisme, évo­quant les leçons de l’histoire européenne. Avec des couacs et rétrac­ta­tions à la clé. Dès jan­vi­er, le « dossier » est pro­gres­sive­ment cri­tiqué par de plus en plus d’observateurs, à com­mencer par Bob Wood­ward (celui du Water­gate). Ce qui offre une ouver­ture à Trump qui plaque la mar­que « Fake News » sur CNN… de façon indélé­bile. Survient en juin-juil­let la deux­ième sor­tie de route majeure : CNN a le mal­heur de « révéler » que le fonds d’investissement d’un financier proche de Trump (et de Fox News), Antho­ny Scara­muc­ci, aurait des liens avec Pou­tine. Ful­gu­rant, mais dis­crète­ment, Scara­muc­ci ren­con­tre poli­ment les dirigeants de CNN avec son dossier : les trois jour­nal­istes impliqués sont limogés et la chaine présente ses excus­es. Pourquoi? Scara­muc­ci a men­acé la chaine d’un procès en dom­mages et intérêts mas­sifs. CNN, pro­tégeant son porte­feuille, se couche… Puis, au 3e trimestre, les con­tre-révéla­tions sur­gis­sent sur le « dossier » : les infor­ma­tions assem­blées par l’ancien agent du MI6 proviendraient en fait de dés­in­for­ma­teurs russ­es. Pire encore, le dossier a été payé via une cas­cade d’écrans à la fois par la cam­pagne Clin­ton, le DNC (le par­ti démoc­rate) et par le FBI (ce dernier a refusé de répon­dre à ce sujet). Ce qui enclenche la ques­tion de la légal­ité de l’opération.

4e Acte (novembre-décembre 2017): « Ça va mal pour mon matricule… »

Le qua­trième trimestre mon­tre un rééquili­brage. Trump, qui a lais­sé les clés de la Mai­son-Blanche aux néo­cons, se voit tac­tique­ment soutenu par cer­tains d’entre eux, les obscurs et sans-grades, qui toute­fois sont de bons manœu­vri­ers par­lemen­taires. Le fan­tôme d’Hillary Clin­ton est ain­si ressus­cité, de nou­velles révéla­tions sur­gis­sent dans l’affaire des cour­riels, qui mon­tr­eraient que la haute hiérar­chie du FBI souhaitait l’élection d’Hillary, ce qui force le Min­istère de la Jus­tice de lancer une enquête interne sur le rôle du FBI dans l’affaire Clin­ton. Et surtout se développe le thème d’une « col­lu­sion russe » (finan­cière) entre les Clin­ton et les amis de Pou­tine. C’est « l’affaire Ura­ni­um One » qui reprend de la vigueur, laque­lle implique encore le FBI, accusé d’avoir étouf­fé l’affaire autant que de faire taire les témoins. Deux enquêtes par­lemen­taires se met­tent en bran­le, cepen­dant que l’on décou­vre en quelques semaines que Mueller et ses alliés au Min­istère de la Jus­tice seraient peut-être eux-mêmes impliqués dans ladite occul­ta­tion. Bref une ténébreuse affaire où l’on retrou­ve les con­trats de con­sul­ta­tion de Bill Clin­ton avec la Russie, et les investisse­ments dans la Fon­da­tion Clin­ton qui sem­blent se faire en con­trepar­tie d’une ces­sion d’entreprise à des intérêts russ­es qui désor­mais con­trô­lent un par­tie impor­tante de la pro­duc­tion d’uranium améri­cain. Pire encore, Trump et ses enne­mis répub­li­cains sem­blent s’entendre main­tenant sur une réforme fis­cale pro-entre­pris­es (pro-PME plus pré­cisé­ment). Et pour faire bonne mesure sur­gis­sent d’autres révéla­tions sur l’équipe Mueller, qui sem­blent indi­quer une col­lu­sion avec les équipes Clin­ton et Oba­ma, en par­ti­c­uli­er sur l’affaire du « dossier » Trump cité plus haut : l’idée se forge de plus en plus chez cer­tains par­lemen­taires que ce « Fake Dossier » avait été arti­fi­cielle­ment créé pour per­me­t­tre à l’administration par­tante (et aux dirigeants du FBI) de sécuris­er l’autorisation des tri­bunaux en vue d’espionner (écouter) les proches de Trump sur pré­somp­tion de trahi­son. Ce détourne­ment des règles serait illé­gal et pour­rait impli­quer les proches du Prési­dent Oba­ma. Mais surtout cette illé­gal­ité « tech­nique » aurait pour effet de ren­dre nulles toutes les déci­sions qui en sont découlées, de la créa­tion de l’équipe Mueller elle-même à la coerci­tion exer­cée sur Fly­nn (en visant son fils et sa ruine finan­cière) pour lui arracher un aveu de « men­songe au FBI » que Comey lui-même avait con­sid­éré comme inex­is­tant. Cepen­dant que la bourse monte, l’emploi aug­mente, le chô­mage baisse, le taux d’optimisme des PME aug­mente, la crois­sance s’aligne pro­gres­sive­ment sur un taux de 3%, qui n’attend que la réforme fis­cale pour dépass­er les 4%, sus­ci­tant ain­si l’espoir de réduire la dette publique et de financer un plan d’infrastructures publiques. Par ailleurs, les élus en lice aux par­tielles de 2018 sont con­damnés à rechercher les uns les bonnes grâces de Trump, et les autres sa neu­tral­ité. Ce retourne­ment lent mais con­tinu de sit­u­a­tion en faveur de Trump donne depuis l’automne des fris­sons aux Médias, et à CNN. D’où leurs déra­pages à répéti­tion, en par­ti­c­uli­er ceux de CNN. Le plus grave date du 8 décem­bre 2017 : la chaine lance une fausse bombe selon laque­lle Don­ald Trump Junior aurait reçu le 4 sep­tem­bre 2016 de Wik­ileaks le code d’accès aux cour­riels piratés du serveur du par­ti démoc­rate. Pata­tras! Le cour­riel en ques­tion était en fait daté du 14, soit après que les doc­u­ments aient été ren­dus publics par Wik­ileaks. La claque est venue du Wash­ing­ton Post qui avait demandé « aux sources » de voir le texte du cour­riel. Dans sa pré­cip­i­ta­tion, CNN avait en effet agi sur de sim­ples con­ver­sa­tions télé­phoniques. Ce qui a fait dire à Glenn Green­wald (The Inter­cept) que les médias et CNN se sont ridi­culisés en voulant met­tre le tur­bo tout en notant que toutes les erreurs vont dans le même sens…

Conclusion : « Follow the money !»

Pourquoi cette frénésie? D’abord, pour l’ensemble des médias, une nou­velle piste se des­sine : le sexe. Les médias, d’abord pris de court, ont fini par com­pren­dre : les récents scan­dales sex­uels visant « la gauche » (Hol­ly­wood, médias, par­lemen­taires) sont une purge organ­isée par l’équipe Oba­ma sur le par­ti démoc­rate afin de le libér­er du clin­ton­isme d’une part et de pré­par­er le retour de l’« Obamofémin­isme » (tra­duc­tion : Michelle Oba­ma) d’autre part. Le thème sex­uel sem­ble d’ailleurs être le dernier jeton disponible envers Trump, con­sid­érant la fatigue des inqui­si­tions qui n’ont prou­vé ni col­lu­sion russe, ni entrave à la jus­tice, au point que le Wall Street Jour­nal a demandé que le pro­cureur Mueller se récuse de sa pro­pre enquête pour se faire rem­plac­er par un esprit neu­tre qui sera capa­ble d’enquêter… sur le FBI ! C’est pourquoi, suiv­ant la généra­tion spon­tanée et ubiq­ui­taire des « moi-aus­si », CNN n’a pas man­qué de lier Trump au cas de tous les démis­sion­nés d’Hollywood, des médias, et du Con­grès. Une nou­velle cam­pagne ciblant Trump se pro­file, organ­isée, qui com­mence déjà à présen­ter des dames BCBG, dont la mémoire se ravive. Cela va s’amplifier… mais il y a une autre rai­son, hors de la poli­tique, qui explique l’avidité de CNN comme de son PDG Jeff Zuck­er à faire tomber Trump : c’est la fusion en cours de Time Warn­er avec AT&T. Cette fusion de plus de 85 mil­liards de dol­lars fait l’objet d’une assig­na­tion en jus­tice de la part du Min­istère de la Jus­tice qui la déclare illé­gale. Ce procès est suivi d’un autre, mon­té par une vic­time directe des écoutes, le financier Carter Page, qui veut dénon­cer ain­si les risques que le gigan­tisme médi­a­tique pose pour le citoyen lamb­da. Un levi­er de plus pour forcer AT&T… à ven­dre sa fil­iale CNN ? Et pour pouss­er le Min­istre de la Jus­tice vers la fer­meté? La guerre entre Trump est les médias est décidé­ment mul­ti­di­men­sion­nelle… Dernier exem­ple : le 1er décem­bre la chaine ABC, en la per­son­ne de Bri­an Ross, annonçait à 11heures que Fly­nn témoign­erait que le can­di­dat Trump lui avait don­né instruc­tion de con­tac­ter les russ­es pen­dant la cam­pagne, prou­vant ain­si une col­lu­sion. La bourse s’est effon­drée, voy­ant immé­di­ate­ment Trump en dif­fi­culté. Une heure après, le jour­nal­iste s’est rétrac­té : le con­tact datait d’après l’élection du 8 novem­bre, donc était licite. La bourse est remon­tée. Bri­an Ross a été sus­pendu pour un mois. Trump a immé­di­ate­ment vu la faille : lors de son dis­cours de Pen­saco­la du 8 décem­bre, il a fait une sug­ges­tion semi-ironique qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Il a sim­ple­ment souligné que la chaine ABC risquait gros avec sa fausse nou­velle, car il ne serait pas impos­si­ble de voir les fonds de retraite et les indi­vidus lésés par la chute des cours orchestr­er une action en recours col­lec­tif. Une aubaine pour les avo­cats. Mon­ey talks… en tout cas aux États-Unis.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés