CNN finit très mal 2017. L’année avait pourtant très bien démarré pour la chaine avec d’excellents taux d’écoute et des recettes publicitaires à l’avenant. Récapitulons en quatre actes.
1er Acte (juin 2015-octobre 2016): « Trump, ma mine d’or publicitaire…»
En juin 2015 Trump est encouragé à se présenter aux présidentielles par Bill Clinton. Comme convenu l’éléphant détruit la porcelaine Bush avec l’appui des médias, en particulier de CNN : plus d’un milliard de publicité gratuite. Négative, certes, mais qui a asphyxié les républicains. Les taux d’écoute et les recettes publicitaires de CNN explosent (avant la campagne, CNN commençait à lasser le public). Puis, trop confiants, les technocrates électoraux d’Hillary (et Hillary elle-même) perdent la face le 8 novembre 2016, sonnés par l’élection de Trump. La presse aussi. Ni les uns ni les autres ne font leur mea culpa. Car il est hors de question d’attendre quatre ans. L’enjeu est bien de se débarrasser du diable Donald avant qu’il ne procède à une révolution culturelle dans un pays en déconstruction continue depuis la guerre du Vietnam. Il n’y aura donc pas de liberté pour cet ennemi de la liberté. Les lois de la pesanteur constitutionnelle comme celles de la gravité politique ne s’appliqueront pas dans le cas de ce Trump qui a déclaré « ne pas être le président du monde ».
2e Acte (novembre 2016-janvier 2017) : « Touche pas à mon Deep State! »
Donc Soros et Pelosi (la dirigeante démocrate de la Chambre) se coordonnent dès le 14 novembre 2016 avec quelques capitalistes « pour reprendre le pouvoir ». Ce sont « les trois jours du Mandarin », du nom de l’hôtel de Washington où s’est tenu le conclave des irréductibles résistants. Un piège est alors tendu par l’État profond : un vrai-faux dossier initialement lancé par les républicains proches de Romney et de McCain, puis repris par les démocrates (et la campagne Clinton), « tombe » entre les mains du FBI. Ce dossier, commandité par les boucaniers de la communication Fusion GPS, évoque des batifolages uromaniaques auxquels Trump aurait participé dans un hôtel de Moscou, inférant donc sa compromission. L’information provient de Christopher Steele, un ancien du MI6 britannique, reconverti dans l’ébouage politique. Cette information est bizarrement montrée à Trump par Comey (patron du FBI), puis est « fuitée » dans l’heure qui suit par CNN, qui présente faussement l’affaire comme « officielle », car provenant de « services de renseignement » d’un allié des États-Unis (et non pas comme un détournement de l’appareil d’État au service d’une attaque politique intestine). Suit une série de révélations sur le nouveau Secrétaire à la Sécurité Nationale (le Général Flynn a eu des contacts avec l’ambassadeur Russe pour discuter de l’abolition des sanctions américaines) et le Ministre de la Justice, Jeff Sessions (idem). Le deux éléments-clé du rapprochement avec la Russie (en vue de contrattaquer mondialement le terrorisme islamiste) sont donc ciblés. Flynn est débarqué, Sessions se récuse dans tout ce qui concerne la Russie. Victoire du Deep State : Trump perd le contrôle de sa politique étrangère, et le Ministre de la Justice, hors de contrôle de son ministre, continue de suivre la ligne « Obama- McCain » afin de de facto préparer le remplacement de Trump. Ainsi ce sera l’équipe du Ministère de la Justice (avec l’aide d’un Comey limogé) qui recrutera en mai l’équipe de mercenaires chargés d’abattre Trump, sous la direction du procureur Mueller (prédécesseur de Comey au FBI). Tout est alors en place chez CNN pour lancer la campagne marketing qui fera monter les recettes : « Russia, Russia, Russia… »
3e Acte (janvier-octobre 2017) : « La Russie, ça rapporte… »
Le feuilleton russe devient une mine d’or pour les médias. Quatre enquêtes parlementaires en parallèle (qui ralentissent le travail parlementaire ordinaire), puis celle d’un procureur spécial (Mueller), produisent révélations et contre-révélations, offrant rebondissements sur rebondissements tout au long d’un passionnant feuilleton. CNN prend le leadership du tsunami. Ses taux d’écoute sont excellents (quoiqu’inférieurs à ceux de Fox News ). La Chaine se positionne en une sorte de Gouvernement de Salut Public, composé de démocrates aux dents longues, des éternels paléo-démocrates, et des coriaces #NeverTrump républicains. Leur mission : « contexter » l’éviction du Président traitre à la patrie. La chaine recrute une « équipe d’investigation » spéciale, supervisée par deux prix Pulitzer : Carl Bernstein (l’ancien compère de Woodward dans l’affaire du Watergate) et James Steele. Leur méthode : attaquer sur tous les fronts, tout critiquer dans le moindre détail, du voyage officiel à l’étranger au nombre de boules de crème glacée ou de Big Macs absorbés, irriter l’histrion en se moquant de sa femme Melania Trump, tout en produisant une kyrielle de révélations quotidiennes sur la Russie, la Russie, la Russie, et encore la Russie. Quant à Bernstein, il se spécialise sur l’amalgame trumpisme-nazisme, évoquant les leçons de l’histoire européenne. Avec des couacs et rétractations à la clé. Dès janvier, le « dossier » est progressivement critiqué par de plus en plus d’observateurs, à commencer par Bob Woodward (celui du Watergate). Ce qui offre une ouverture à Trump qui plaque la marque « Fake News » sur CNN… de façon indélébile. Survient en juin-juillet la deuxième sortie de route majeure : CNN a le malheur de « révéler » que le fonds d’investissement d’un financier proche de Trump (et de Fox News), Anthony Scaramucci, aurait des liens avec Poutine. Fulgurant, mais discrètement, Scaramucci rencontre poliment les dirigeants de CNN avec son dossier : les trois journalistes impliqués sont limogés et la chaine présente ses excuses. Pourquoi? Scaramucci a menacé la chaine d’un procès en dommages et intérêts massifs. CNN, protégeant son portefeuille, se couche… Puis, au 3e trimestre, les contre-révélations surgissent sur le « dossier » : les informations assemblées par l’ancien agent du MI6 proviendraient en fait de désinformateurs russes. Pire encore, le dossier a été payé via une cascade d’écrans à la fois par la campagne Clinton, le DNC (le parti démocrate) et par le FBI (ce dernier a refusé de répondre à ce sujet). Ce qui enclenche la question de la légalité de l’opération.
4e Acte (novembre-décembre 2017): « Ça va mal pour mon matricule… »
Le quatrième trimestre montre un rééquilibrage. Trump, qui a laissé les clés de la Maison-Blanche aux néocons, se voit tactiquement soutenu par certains d’entre eux, les obscurs et sans-grades, qui toutefois sont de bons manœuvriers parlementaires. Le fantôme d’Hillary Clinton est ainsi ressuscité, de nouvelles révélations surgissent dans l’affaire des courriels, qui montreraient que la haute hiérarchie du FBI souhaitait l’élection d’Hillary, ce qui force le Ministère de la Justice de lancer une enquête interne sur le rôle du FBI dans l’affaire Clinton. Et surtout se développe le thème d’une « collusion russe » (financière) entre les Clinton et les amis de Poutine. C’est « l’affaire Uranium One » qui reprend de la vigueur, laquelle implique encore le FBI, accusé d’avoir étouffé l’affaire autant que de faire taire les témoins. Deux enquêtes parlementaires se mettent en branle, cependant que l’on découvre en quelques semaines que Mueller et ses alliés au Ministère de la Justice seraient peut-être eux-mêmes impliqués dans ladite occultation. Bref une ténébreuse affaire où l’on retrouve les contrats de consultation de Bill Clinton avec la Russie, et les investissements dans la Fondation Clinton qui semblent se faire en contrepartie d’une cession d’entreprise à des intérêts russes qui désormais contrôlent un partie importante de la production d’uranium américain. Pire encore, Trump et ses ennemis républicains semblent s’entendre maintenant sur une réforme fiscale pro-entreprises (pro-PME plus précisément). Et pour faire bonne mesure surgissent d’autres révélations sur l’équipe Mueller, qui semblent indiquer une collusion avec les équipes Clinton et Obama, en particulier sur l’affaire du « dossier » Trump cité plus haut : l’idée se forge de plus en plus chez certains parlementaires que ce « Fake Dossier » avait été artificiellement créé pour permettre à l’administration partante (et aux dirigeants du FBI) de sécuriser l’autorisation des tribunaux en vue d’espionner (écouter) les proches de Trump sur présomption de trahison. Ce détournement des règles serait illégal et pourrait impliquer les proches du Président Obama. Mais surtout cette illégalité « technique » aurait pour effet de rendre nulles toutes les décisions qui en sont découlées, de la création de l’équipe Mueller elle-même à la coercition exercée sur Flynn (en visant son fils et sa ruine financière) pour lui arracher un aveu de « mensonge au FBI » que Comey lui-même avait considéré comme inexistant. Cependant que la bourse monte, l’emploi augmente, le chômage baisse, le taux d’optimisme des PME augmente, la croissance s’aligne progressivement sur un taux de 3%, qui n’attend que la réforme fiscale pour dépasser les 4%, suscitant ainsi l’espoir de réduire la dette publique et de financer un plan d’infrastructures publiques. Par ailleurs, les élus en lice aux partielles de 2018 sont condamnés à rechercher les uns les bonnes grâces de Trump, et les autres sa neutralité. Ce retournement lent mais continu de situation en faveur de Trump donne depuis l’automne des frissons aux Médias, et à CNN. D’où leurs dérapages à répétition, en particulier ceux de CNN. Le plus grave date du 8 décembre 2017 : la chaine lance une fausse bombe selon laquelle Donald Trump Junior aurait reçu le 4 septembre 2016 de Wikileaks le code d’accès aux courriels piratés du serveur du parti démocrate. Patatras! Le courriel en question était en fait daté du 14, soit après que les documents aient été rendus publics par Wikileaks. La claque est venue du Washington Post qui avait demandé « aux sources » de voir le texte du courriel. Dans sa précipitation, CNN avait en effet agi sur de simples conversations téléphoniques. Ce qui a fait dire à Glenn Greenwald (The Intercept) que les médias et CNN se sont ridiculisés en voulant mettre le turbo tout en notant que toutes les erreurs vont dans le même sens…
Conclusion : « Follow the money !»
Pourquoi cette frénésie? D’abord, pour l’ensemble des médias, une nouvelle piste se dessine : le sexe. Les médias, d’abord pris de court, ont fini par comprendre : les récents scandales sexuels visant « la gauche » (Hollywood, médias, parlementaires) sont une purge organisée par l’équipe Obama sur le parti démocrate afin de le libérer du clintonisme d’une part et de préparer le retour de l’« Obamoféminisme » (traduction : Michelle Obama) d’autre part. Le thème sexuel semble d’ailleurs être le dernier jeton disponible envers Trump, considérant la fatigue des inquisitions qui n’ont prouvé ni collusion russe, ni entrave à la justice, au point que le Wall Street Journal a demandé que le procureur Mueller se récuse de sa propre enquête pour se faire remplacer par un esprit neutre qui sera capable d’enquêter… sur le FBI ! C’est pourquoi, suivant la génération spontanée et ubiquitaire des « moi-aussi », CNN n’a pas manqué de lier Trump au cas de tous les démissionnés d’Hollywood, des médias, et du Congrès. Une nouvelle campagne ciblant Trump se profile, organisée, qui commence déjà à présenter des dames BCBG, dont la mémoire se ravive. Cela va s’amplifier… mais il y a une autre raison, hors de la politique, qui explique l’avidité de CNN comme de son PDG Jeff Zucker à faire tomber Trump : c’est la fusion en cours de Time Warner avec AT&T. Cette fusion de plus de 85 milliards de dollars fait l’objet d’une assignation en justice de la part du Ministère de la Justice qui la déclare illégale. Ce procès est suivi d’un autre, monté par une victime directe des écoutes, le financier Carter Page, qui veut dénoncer ainsi les risques que le gigantisme médiatique pose pour le citoyen lambda. Un levier de plus pour forcer AT&T… à vendre sa filiale CNN ? Et pour pousser le Ministre de la Justice vers la fermeté? La guerre entre Trump est les médias est décidément multidimensionnelle… Dernier exemple : le 1er décembre la chaine ABC, en la personne de Brian Ross, annonçait à 11heures que Flynn témoignerait que le candidat Trump lui avait donné instruction de contacter les russes pendant la campagne, prouvant ainsi une collusion. La bourse s’est effondrée, voyant immédiatement Trump en difficulté. Une heure après, le journaliste s’est rétracté : le contact datait d’après l’élection du 8 novembre, donc était licite. La bourse est remontée. Brian Ross a été suspendu pour un mois. Trump a immédiatement vu la faille : lors de son discours de Pensacola du 8 décembre, il a fait une suggestion semi-ironique qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Il a simplement souligné que la chaine ABC risquait gros avec sa fausse nouvelle, car il ne serait pas impossible de voir les fonds de retraite et les individus lésés par la chute des cours orchestrer une action en recours collectif. Une aubaine pour les avocats. Money talks… en tout cas aux États-Unis.