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Du porc dans tous les menus médiatiques !

24 janvier 2018

Temps de lecture : 7 minutes
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Du porc dans tous les menus médiatiques !

Temps de lecture : 7 minutes

Depuis qu’un producteur de cinéma américain s’est fait prendre la main dans la culotte de plusieurs comédiennes, ça balance sec un peu partout. On croise des stars américaines dans le lit de jeunes garçons ou d’importants metteurs en scène entre les cuisses de gamines à chaque coin de rue voire près du pubis de leurs acteurs masculins. À commencer par les réseaux sociaux, « balance ton porc » par ici, « me too » par là. Et puis… Une tribune est venue mettre encore plus le feu aux poudres : des femmes réclamaient un droit à être draguées. Un coup d’œil coquin de l’Observatoire s’imposait. Retour sur une hystérie médiatique généralisée.

Le défer­lement de lutte ou de déla­tion (les avis sont à ce sujet partagés) con­tre le har­cèle­ment sex­uel a démar­ré en octo­bre 2017, suite aux révéla­tions de deux médias améri­cains pres­tigieux : le New York Times et The New York­er. Des médias classés à gauche, aux États-Unis, autrement dit non con­ser­va­teurs et actuelle­ment anti Trump, après avoir farouche­ment mené cam­pagne en faveur d’une femme juste­ment, Hillary Clin­ton. Il n’est pas inter­dit de se sou­venir du com­porte­ment peu cour­tois de son époux de prési­dent à l’époque où il for­mait ses sta­giaires dans le bureau ovale. Accusé de har­cèle­ment sex­uel, agres­sion sex­uelle et de viol par une douzaine de femmes, Wein­stein est par­ti se met­tre à l’abri et « se dés­in­tox­i­quer du sexe ».

Un peu de bon sens ?

Que les femmes soient en sit­u­a­tion d’être vic­times de pré­da­teurs et de dingues sex­uels, qui peut en douter ? Que ce genre de sit­u­a­tion se pro­duise à la fois sou­vent et partout est aus­si une évi­dence. De même qu’il est évi­dent que les milieux de la cul­ture et sin­gulière­ment du ciné­ma sont con­cernés au pre­mier chef. Qui peut douter que des hommes (et des femmes) de pou­voir usent de ce pou­voir afin d’obtenir des « faveurs » sex­uelles ? Il n’est pas plus dou­teux que cer­taines comé­di­ennes ont pu user de leurs charmes, volon­taire­ment, aux fins de réus­site pro­fes­sion­nelle. Rien n’est jamais binaire en ce genre d’affaires. Étant don­né la con­fu­sion et l’agitation qui règ­nent depuis octo­bre 2017, il n’est pas inutile de rap­pel­er des choses de bon sens, que nom­bre de médias français pris dans l’accélération sans fin qu’ils provo­quent eux-mêmes ne pren­nent pas le temps de dire et de redire :

  • Le fait pour un indi­vidu de forcer un autre indi­vidu à un acte sex­uel, con­tre son con­sen­te­ment, est un crime inac­cept­able. Quelle que soit la forme de ce crime et le sexe du crim­inel impliqué.
  • Les femmes étant à l’évidence des vic­times mal­heureuse­ment désignées de ce genre de crimes, que la « parole se libère » ain­si que le répè­tent les médias est nécessaire.
  • Pour autant tous les indi­vidus de sexe mas­culin ne sont pas des « porcs »
  • Et toutes les femmes ne sont pas des vic­times par nature.
  • Toute accu­sa­tion lancée à la va-vite sur un réseau social con­tre un « coupable pré­sumé » n’a pas valeur de vérité. La déla­tion n’est théorique­ment pas la base de notre état de droit, pas plus de la civilisation.
  • Con­traire­ment à la con­fu­sion entretenue par la majeure par­tie des médias offi­ciels en France, har­cèle­ment, agres­sion et viol ne sont pas iden­tiques. Et l’un ne con­duit pas néces­saire­ment son auteur à l’autre. Il y a bien au con­traire un monde entre deman­der qua­tre fois son 06 à une per­son­ne et vio­l­er ou tor­tur­er sex­uelle­ment cette personne.

Une Tribune née de l’incurie des médias officiels

Ce sont finale­ment ces élé­ments de bon sens, trop peu rap­pelés par les médias offi­ciels, qui expliquent la paru­tion de la tri­bune signée par 100 femmes, dont l’écrivain Cather­ine Mil­let, la patronne de Causeur Élis­a­beth Lévy, l’écrivain et psy­cho­logue Sarah Chiche, l’écrivain et jour­nal­iste Peg­gy Sas­tre, l’éditrice Joëlle Los­feld, dont le nom est fort peu « sor­ti » ensuite dans les médias (cela pose ques­tion), la comé­di­enne Cather­ine Deneuve ou encore la prési­dente de La Société des Gens de Let­tres, Marie Sel­l­i­er. Leur texte porte sur ce qu’elles nom­ment un « droit d’être impor­tunées ». Cette tri­bune parue dans Le Monde daté du 10 jan­vi­er 2018 trou­ve sans doute son orig­ine dans l’entretien de la con­fu­sion après l’affaire Wein­stein, entre har­cèle­ment, agres­sion et viol, con­fu­sion entraî­nant tous les excès. Il n’a par exem­ple pas été rare d’entendre sur les radios publiques (France Inter, France Cul­ture, Fran­ce­in­fo) des invités indi­quer que les excès étaient de peu d’importance, ou nég­lige­ables, tant le fait de la « libéra­tion de la parole » serait un fait majeur.

Reste que le pau­vre type accusé à tort ou par souci de vengeance par une femme délais­sée ou ignorée et qui, de ce fait, con­naît main­tenant une descente aux enfers est à son tour une vic­time inno­cente, dont pas un média ne par­le. Il fau­dra un jour enquêter sur les vies mas­cu­lines inno­centes peut être détru­ites, et con­sid­érées de façon incroy­able comme de sim­ples dégâts col­latéraux sur toutes les chaînes de télévision.

Rappel à la raison

Au fond, la Tri­bune des 100 femmes n’était rien de plus qu’un rap­pel néces­saire à la rai­son. Parais­sant en pleine hys­térie, braquant d’emblée le fémin­isme rad­i­cal et hors de con­trôle, celui qui peut être récom­pen­sé par exem­ple par la mairie de Paris, ain­si les Femen, pou­vant aus­si être util­isée à des fins mil­i­tantes par les plus rad­i­cales des « bal­ance ton porc », cette tri­bune a provo­qué la polémique à son tour.

Pour­tant, les sig­nataires rap­pelaient juste­ment une série de don­nées de sim­ple bon sens : le com­porte­ment de cer­tains hommes ne devrait pas entraîn­er « une haine » général­isée de la gent mas­cu­line, « le viol est un crime », ce sont les mots qui débu­tent la tri­bune, mais toute rela­tion de séduc­tion ou de ten­ta­tive de séduc­tion n’est pas assim­i­l­able à un viol, la libéra­tion « néces­saire » de la parole prendrait la tour­nure d’un « puri­tanisme », la déla­tion publique sans que le dénon­cé puisse se défendre est con­testable, « touch­er » un genou ou dra­guer un peu ne sont ni du har­cèle­ment ni de l’agression, cette chas­se à l’homme fait le jeu d’une sorte de con­tre révo­lu­tion sex­uelle (la sit­u­a­tion améri­caine est à ce titre révéla­trice), des édi­teurs deman­dent déjà à cer­taines des sig­nataires de ren­dre les per­son­nages mas­culins de leurs romans moins « sexistes »…

Elles écrivent ceci, qui est mal passé dans les rédac­tions et les soupentes des asso­ci­a­tions fémin­istes minori­taires : « Nous pen­sons que la lib­erté de dire non à une propo­si­tion sex­uelle ne va pas sans la lib­erté d’importuner ». Elles par­lent d’un « cli­mat de société total­i­taire » et de « vague purifi­ca­toire » sans limites.

Loin du regard des vraies femmes des vraies rues et des vraies villes ?

Évidem­ment, les fémin­istes visées par cette tri­bune étant per­suadées de représen­ter le Bien… ce genre de mots ne pou­vait qu’enflammer les rédac­tions. Ce qui fut le cas. Reste qu’au fond, la majorité des Français­es regarde cela avec un œil dis­trait, Hol­ly­wood et le monde des « élites mon­di­al­isés » de la cul­ture, des médias, de la poli­tique et de la com­mu­ni­ca­tion étant très éloigné de leurs préoc­cu­pa­tions quo­ti­di­ennes. Sans compter que la majeure par­tie des femmes sait faire la dif­férence entre une agres­sion et un jeu de séduc­tion, jeu qui ne se refuse d’ailleurs pas tout le temps, nom­bre de femmes (et d’hommes) appré­ciant d’être draguées. Cer­taines et cer­tains ayant même un goût pronon­cé pour les choses du sexe.

Il y a aus­si, peut-être surtout, un grand, un très grand silence en toile de fond de ce que le mag­a­zine Causeur, en son numéro 51 de novem­bre 2017, appelait « la chas­se à l’homme » : quid des vrais vio­ls de la Saint Sylvestre 2016 à Cologne ?, quid des com­porte­ments cul­turels des mil­lions de musul­mans qui, selon la démo­graphe Michèle Trib­al­at, vivent en France ? Que pensent-ils de cette chas­se au « porc » ?

Surtout : com­ment se fait-il que dans toute cette agi­ta­tion per­son­ne ou presque, au sein des grands médias, n’évoque les vio­lences mul­ti­ples faites aux femmes de la com­mu­nauté musul­mane, exclues de cer­tains lieux, vic­times d’un apartheid social (mariages, cafés…), oblig­ées sou­vent de ne pas choisir leurs vête­ments, leurs maris, par­fois envoyées se mari­er au bled durant l’été, à peine majeures, con­sid­érées comme devant obéis­sance, y com­pris sex­uelle, à leurs maris, etc. ? Com­ment se fait-il qu’une frange fémi­nine de plus en plus impor­tante de la société française soit ain­si passée sous silence et que l’on par­le tant des star­lettes de la côte Ouest des États-Unis ? Le mod­èle améri­cain est-il si désirable ?

Crédit pho­to : matil­danils­son via pix­abay (cc)

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