Longtemps les médias suisses ont été à l’abri des remous des différents secteurs de l’information en Europe, protégés par un système plutôt décentralisé et par le multi-linguisme. Même critiqués pour être dans certains cas le miroir de l’empire du Bien, même si la section locale de Reporters Sans Frontières militait ouvertement pour la censure, les journalistes suisses coulaient des jours (plus ou moins) heureux. Plus maintenant.
Coupes dans le secteur privé
Alors que l’Hebdo, à l’origine du Bondy Blog, a disparu corps et biens et que les équipes du très conformiste Le Temps (groupe Ringier Axel Springer) sont réduites c’est au tour de l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) – l’équivalent de notre AFP – de se retrouver en difficulté.
Largement plus que centenaire, l’ATS est – contrairement à son équivalent français – une société à statut privé. Auparavant essentiellement détenue par ses clients locaux suisses elle est désormais dans les mains d’un actionnaire majoritaire étranger, l’agence autrichienne APA. Cette dernière envisage de licencier un quart des effectifs.
Et menaces sur le secteur public
Mais une initiative plus sérieuse menace maintenant le monstre de la SSR, la radio-télévision étatique suisse. En Suisse chaque ménage doit payer 450FS (environ 400€, soit trois fois ce que paye un français pour la redevance) par an qu’il ait un téléviseur ou pas, une radio ou pas. Cette redevance obligatoire est la plus élevée du monde, environ le double de la redevance allemande ou britannique. La taxe finance essentiellement la SSR à hauteur de plus de 1200M de FS (soit environ 1100M d’euros).
L’initiative No Billag soumise à référendum populaire le 4 mars propose de supprimer purement et simplement la redevance, la SSR (qui dispose déjà d’un budget de publicité important) étant poliment invitée à s’auto-financer. Alors que certains soutiennent l’initiative, les sondages à mi février indiqueraient une majorité pour le maintien de la redevance. Quel que soit le résultat de la votation, la SSR sera soumise à plus de pressions pour se réformer. Qui sait, pour plus de pluralisme ?
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